Valérie Bonneton : « Hors de question que je crie encore “À taaable !” »
À 50 ans, Valérie Bonneton sait ce qu'elle veut et ne veut plus. Sa seule grande crainte ? Refaire quelque chose qu'elle a déjà fait. Son moteur ? La confiance, le besoin d'adhérer à un projet et de s'y reconnaître, quitte à dire non à la facilité ou à un cachet séduisant. Cet épisode de Noël – totalement déjanté et un poil irrévérencieux – de Fais pas ci, fais pas ça, trois ans après l'arrêt de la série, elle l'a accepté bien volontiers, ravie de retrouver une équipe qu'elle aime et avec qui elle se sent à l'aise. Mais attention, pas question pour elle de lancer une nouvelle fois son tonitruant « À taaaable ! » devenu, bien malgré elle, une des répliques cultes de la télé. Et si au cinéma, c'est aux côtés de Dany Boon qu'elle a souvent marqué les esprits, n'ayez pas la faiblesse de penser que cette amoureuse des planches ne soit capable de s'illustrer que dans les comédies grand public. Bien au contraire. Après avoir tourné dans l'adaptation d'Eugénie Grandet, dirigée par Marc Dugain, sur les écrans en début d'année, elle serait ravie de retrouver un rôle dramatique. Rencontre par téléphone avec une actrice qui garde les pieds sur terre.
Le Point Pop : Comment est arrivé ce projet spécial Noël de Fais pas ci, fais pas ça ?
Valérie Bonneton : Je ne sais plus précisément… On en a parlé tous ensemble avec l'équipe. J'ai dit pourquoi pas, mais uniquement pour un épisode exceptionnel. L'important pour moi était d'abord de savoir qui allait écrire le scénario. Quand j'ai appris que ce serait Michel Leclerc, j'étais contente.
Vous n'avez pas eu peur que cet épisode soit de trop ?
Non. Il ne fallait surtout pas que ce soit juste un coup commercial. On avait tous la même exigence.
Aviez-vous des demandes particulières ?
Je ne voulais surtout pas avoir l'impression de refaire la même chose. Il était hors de question que je crie encore « À taaable… ! ». Pour le reste, j'étais ravie de retrouver les comédiens comme une famille. Et en ces temps compliqués, c'est plutôt rassurant. Cet épisode aborde avec humour des thèmes d'actualité, comme la crise sanitaire, les revendications des Gilets jaunes ou le harcèlement.
Ce côté transgressif vous séduit-il ?
L'essentiel, c'est que ce soit drôle. Et, oui, je trouve que cela fait du bien de mettre un peu de légèreté dans ces sujets d'actu.
En regardant l'épisode, on a l'impression que vous vous êtes bien amusés. Y a-t-il de l'improvisation ?
Si on s'amuse bien, c'est d'abord parce qu'on est tous en confiance. On se sent libre… Pour autant, il n'y a pas du tout d'impro. Moi, je ne suis pas fan des impros : il faut juste que ce soit bien écrit avant. Et nous avons également la chance que Michel Leclerc nous autorise à lui soumettre des idées.
Fabienne Lepic reprend une chanson de Céline Dion dans sa cuisine…. Ça vous a amusé de jouer cette scène ?
Oui. Justement, c'est moi qui ai proposé l'idée de ce clip avec le four, la vapeur… j'étais super contente (Elle rit.) Au début de l'épisode, on apprend que les Lepic ont gagné un séjour à Las Vegas pour assister à un concert de Céline Dion. Je trouvais dommage que l'histoire s'arrête là. On ne sait pas vraiment si Fabienne est fan de Céline, mais on la voit se « Célinedioniser » pour faire une très belle déclaration d'amour à son mari.
Dans la vie, pourriez-vous être amie avec Fabienne ?
Elle hésite…) Pas trop, trop… (Elle réfléchit.) Mais par moments, elle me touche. Ce qui me plaît chez elle, c'est que malgré son côté bourge, elle reste libre. Elle ne s'interdit pas de sortir des clous… Preuve que le costume ne fait pas le moine (Elle rit.) Oui, je crois en fait qu'elle pourrait très bien être mon amie, car l'essentiel pour elle c'est l'amour et quand il y a de l'amour, on pardonne tout.
Finalement, le titre Fais pas ci, fais pas ça n'aura jamais été autant d'actualité…
En ce moment, j'ai plutôt l'impression d'entendre sans arrêt « Fais comme ci, fais comme ça » ! Ce qui est en gros la même chose… On nous demande de plus en plus d'être dans la norme.
Comment réagissez-vous à la fermeture des théâtres et des cinémas ?
Cette mesure est terriblement injuste et, comme beaucoup d'autres, je trouve cette politique totalement incohérente. Bien sûr, on doit tous se protéger et prendre des précautions. Nous sommes tous d'accord là-dessus… Mais je ne comprends pas pourquoi les théâtres et les cinémas ferment alors que les supermarchés restent ouverts. En matière de sécurité, ça n'a aucune logique. Ou alors il faudrait imaginer un système tournant pour que tout le monde puisse travailler et nourrir sa famille.
Pensez-vous qu'une actrice se doit plus que jamais d'être engagée ?
Bien sûr qu'être engagée, c'est important. Moi-même, j'ai notamment été la marraine d'associations comme Leucémie Espoir. Mais bon… un artiste peut facilement prendre la parole pour défendre des causes et derrière faire ce qu'il veut… Je ne vise personne quand je dis ça mais, pour moi, l'engagement, il est dans la vie de tous les jours, quand on élève nos enfants, qu'on leur inculque le respect, l'amour. Je crois que la période que nous traversons doit nous apprendre à retrouver ces valeurs.
Savez-vous quand vous remonterez sur les planches ?
Non, hélas. Je devais jouer la pièce de Sébastien Thiéry, Qui est monsieur Schmitt ? avec Stéphane de Groodt, à partir du 22 décembre mais, là, je ne pense même pas que l'on pourra la jouer en janvier.
Vous rêvez de rôles dramatiques ?
Oui. Je viens de tourner Eugénie Grandet, réalisé par Marc Dugain : un rôle fort et j'ai pris beaucoup de plaisir. Mais, attention, je ne me plains pas : je n'ai rien contre les comédies. Je vais d'ailleurs faire le prochain film de Laurent Tirard, une comédie très drôle dans laquelle je donne la réplique à François Morel et à Sidse Babett Knudsen [l'actrice principale de la série Borgen, césar 2016 de la meilleure actrice dans un second rôle pour son interprétation dans L'Hermine, NDLR].
Et si l'on vous propose demain un film avec Dany Boon ?
(Sur un ton ironique.) Quelle bonne question ! Je ne sais pas : Dany, je l'admire je l'adore mais je ne veux pas lui être systématiquement associée, ce ne serait pas une bonne idée. Il est unique et… et moi, c'est moi. Je crois que s'il me proposait quelque chose maintenant, je dirais non. Je ne veux pas choisir la facilité.
Fais pas ci, fais pas ça, ce soir, 21 h 05, sur France 2