Des vagues de chaleur de plus en plus fréquentes et intenses au ...
Les vagues de chaleur ne sont pas nouvelles au Maroc. "Ces vagues ont toujours existé, sauf que les pics de température et les durées dans le temps étaient modérés. Aujourd’hui, on assiste à des records de température et à des durées qui sont passées de 3 ou 4 jours de vague de chaleur, à une semaine, si ce n’est plus", indique Abdelaziz Belhouji, expert en changement climatique. Les preuves scientifiques soutiennent que le changement climatique est la principale raison de la hausse de l’intensité et de la fréquence de ces vagues de chaleur.
Ci-dessous, ces cartes créés par Médias24, avec la température moyenne hebdomadaire au Maroc et dans le sud de l'Espagne. On y voit clairement que depuis juin, et jusqu'à fin juillet, l'été est caniculaire.
Le réchauffement climatique a engendré une augmentation des températures moyennes globales de la planète. Le groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a démontré qu’il y a eu depuis 1850, époque de la révolution industrielle, et jusqu'à la fin du 20e siècle, une augmentation moyenne de la température de la planète de 1,1°C. Une hausse qui n'st d'ailleurs pas uniforme et qui peut être bien plus élevée dans certaines régions.
"Beaucoup de climato-sceptiques sous-estiment l’effet de cette hausse. A l’image du corps humain, la Terre est une planète vivante qui dispose d’un système complexe de régulation de sa température moyenne influencée par plusieurs facteurs, tels que l’activité solaire, la concentration des gaz à effet de serre, les processus océaniques et atmosphériques ainsi que les forêts", souligne M. Belhouji.
"Dès que la température moyenne augmente de quelques degrés, aussi bien pour la planète que pour l’Homme, des dysfonctionnements apparaissent et des mécanismes de régulation naturels ou artificiels entrent en jeu pour limiter cette hausse de température afin d’éviter l’apparition de conséquences irréversibles".
Depuis la fin du XIXe siècle, le taux d’augmentation de la température moyenne a été stable, avec un rythme de 0,1°C tous les dix ans. Mais ce rythme a pratiquement doublé à partir des années 1970, avec une hausse de 0,2°C tous les dix ans à cause de la croissance de l’activité économique qui a favorisé les émissions de gaz à effet de serre. "Les experts ont constaté que le boom économique des pays émergents à partir des années 90 a fortement accentué la concentration de ces gaz sur l’atmosphère".
La formation des îlots de chaleur
Les vagues de chaleur peuvent être exacerbées par d’autres facteurs, tels que le développement urbain qui crée des îlots de chaleur en raison d’une densité de population élevée, une forte activité industrielle et une circulation automobile importante engendrant une pollution de l’air accrue. "Ces îlots de chaleur peuvent être atténués notamment par l’augmentation de la végétation et la création d’espaces verts", poursuit M. Belhouji.
Le phénomène El Niño aggrave la situation
Le phénomène El Niño est un évènement climatique périodique qui se produit en Amérique latine. Il provoque un réchauffement de l’océan pacifique, causant ainsi un changement de la dynamique de l’atmosphère. Ainsi, El Niño déroute les cyclones tropicaux de leurs routes habituelles, déplace les zones de précipitations et de sécheresse et change localement le niveau de la mer.
Cette année, le phénomène est apparu il y a quelques mois, et son effet ne peut parfois être ressenti que plusieurs mois après. Selon les experts, il est fort probable que les vagues de chaleur de l’été 2024 soient encore plus longues et plus fortes que celles de l’été 2023 dans de grandes parties du monde à cause du phénomène El Niño.
L’utilisation des climatiseurs augmentera la facture énergétique
Les conséquences des vagues de chaleur sont nombreuses, notamment sur la santé humaine; les personnes âgées et les enfants y sont les plus vulnérables. Les vagues de chaleur peuvent être la cause de maladies cardio-vasculaires pour les personnes âgées ainsi que de maladie rénales à cause de la déshydration.
Les vagues de chaleur favorisent également les feux de forêts, les tempêtes de poussière et la fonte des glaciers. Ces phénomènes affectent les écosystèmes parfois fragiles de la planète et ébranlent sa biodiversité.
"Sur le plan économique, les vagues de chaleur amèneront les gens à utiliser de plus en plus les climatiseurs ; les coûts de l’énergie vont donc augmenter à cause de la demande accrue".
Le pire est à venir
Malgré la signature de l’accord de Paris sur le climat, dont l’objectif est de maintenir la hausse moyenne des températures à 1,5°C à l’horizon 2100, les projections climatiques pour les années à venir prévoient une recrudescence des phénomènes extrêmes, notamment les tempêtes, les inondations, les sécheresses et les vagues de chaleur. "Ces phénomènes vont augmenter aussi bien en ampleur qu’en durée", fait observer M. Belhouji.
Qu’en est-il du Maroc ?
Selon notre expert, le Maroc se situe dans une zone particulièrement vulnérable aux effets du changement climatique, qui vont se manifester dans les années à venir par une hausse de la température, une diminution des précipitations et une intensification des événements météorologiques extrêmes, notamment les vagues de chaleur, la sécheresse et/ou les inondations.
Les projections climatiques au Maroc peuvent être considérées sous deux scénarios :
1- Respect de l’Accord de Paris : on constatera tout de même une augmentation des températures, notamment maximales, et une diminution des précipitations totales annuelles entre 10 et 20% sur les régions du Nord.
2- Le non-respect de l’Accord de Paris : les températures maximales vont continuer à grimper et les vagues de chaleur vont se multiplier. Les précipitations totales annuelles vont connaître une diminution drastique qui peut atteindre ou dépasser 40% dans les régions du Nord.
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