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«The Batman» : pourquoi ce nouveau film est une réussite

The Batman  pourquoi ce nouveau film est une réussite
Robert Pattinson, sixième incarnation de l’homme chauve-souris en trente ans, campe avec brio un héros raconté à ses origines, quand il n’ét

Au bout de trois minutes, cela sonne comme une évidence : « Joker » est passé par là. Première apparition de l’homme chauve-souris depuis 2016, « The Batman », sur les écrans ce mercredi 2 mars dans 900 salles, nouvelle mouture d’un superhéros qui a été incarné par six comédiens différents en trente ans, est aussi le premier film sur le personnage mythique à sortir depuis celui réalisé par Todd Phillips avec Joaquin Phoenix en 2019 et consacré à la jeunesse de son plus grand ennemi au rictus de clown. Un « Joker » qui a connu un succès phénoménal. Le long-métrage très sombre semble avoir marqué au point d’influencer — au bon sens du terme — ce nouveau film avec en vedette Robert Pattinson.

Si ce côté très noir était annoncé et faisait craindre une pâle copie de la saga prise en main par Christopher Nolan entre 2005 et 2012, on se rend vite compte qu’il n’en est rien. Car la noirceur de ce nouveau Batman est toute autre. Le scénario se présente comme un retour aux origines mêmes des BD de DC Comics dont il est issu : c’est Batman avant Batman. Le film débute alors que Bruce Wayne, richissime justicier de l’ombre hanté par l’assassinat de ses parents devant ses yeux alors qu’il était enfant, mène une guerre solitaire, presque clandestine, contre les voyous. Sans répit, il hante les rues de Gotham City, traquant chaque nuit voleurs, violeurs, méchants.

Les influences de « Joker » et de « Seven »

Un seul homme est de son côté, le commissaire Gordon, qui lui demande parfois de l’épauler dans ses enquêtes. Pour tous les autres, policiers comme citoyens ordinaires, Batman est une anomalie : un « freak » (un monstre), le mot est prononcé dans le film, qui fait plus peur qu’autre chose. Même son fameux « bat signal » projeté dans le ciel, c’est lui qui l’a bricolé, et personne n’y prête attention.

Le changement va venir avec l’arrivée en ville d’un super-méchant, le « Riddler », le « blagueur », campé par Paul Dano, drôle de personnage au costume lui aussi bricolé qui assassine froidement des notables de Gotham City, laissant des messages au justicier capé. En partant sur ses traces, notre héros va comprendre que de « vengeur », il pourrait à terme devenir « sauveur », ce qui devrait l’apaiser un peu et engendrer une autre considération de la part des habitants et des forces de l’ordre.

Voilà donc un vrai « prequel », un retour en arrière au temps où Batman ne jouissait pas encore d’une quelconque popularité. Sombre justicier solitaire, impeccablement campé par Robert Pattinson qui se moule dans sa cape avec une étonnante sobriété, du genre gueule d’ange en habits noirs miné par les tragédies. Une réussite : l’acteur fait instantanément oublier ses illustres prédécesseurs grâce à la fraîcheur de sa jeunesse.

L’autre réussite est visuelle. À l’influence de « Joker », s’en superpose une autre, celle de « Seven » : la plupart des scènes ont lieu de nuit, souvent sous la pluie, et l’angoisse sourde du thriller de David Fincher, appuyée par une bande-son angoissante, transparaît dans « The Batman » et sert formidablement le retour aux sources. Car Reeves, tant qu’à imaginer un héros balbutiant, le fait évoluer dans un univers gris, cracra, bricolé. À l‘image de la Batmobile, engin vrombissant et brinquebalant digne du « Mad Max » des débuts, impressionnant monstre d’acier aux allures de dinosaure roulant qui aurait été trafiqué dans les années 1960 par un designer automobile dérangé.

Un récit spectaculaire aux nombreuses surprises

Tout n’est pas parfait pour autant dans cette relance de la saga, le film souffrant de petits défauts, en particulier sur les personnages secondaires. Ça flotte un peu, par exemple, avec Catwoman, même si Zoë Kravitz fait le job. Mais l’héroïne en collants de chat ne sert pas beaucoup l’intrigue, à part pour lui donner un léger relief romantique. Le véritable souci pourra venir, selon la capacité des spectateurs à l’encaisser, de la longueur du film : 2h55, presque un record.

Mais les temps morts sont rares dans « The Batman » et le récit spectaculaire bousculé par de nombreuses surprises. En tout cas, les fans semblent impatients : le héros est toujours aussi populaire dans le monde entier. Zoë Kravitz nous a ainsi avoué que si elle n’avait jamais lu les BD lorsqu’elle était enfant, elle avait « toujours eu l’impression de vivre avec Batman, il était là, partout, via son logo, les produits dérivés, les dessins animés… tout le monde le connaît. »

LA NOTE DE LA RÉDACTION : 4/5

« The Batman », de Matt Reeves, avec Robert Pattinson, Zoë Kravitz, Paul Dano, Jeffrey Wright, John Turturro, Colin Farrell… 2h55.

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