Le Batman de Matt Reeves a-t-il vraiment quelque chose de Kurt Cobain ?
Le superhéros de DC est-il une rock star dépressive ? Le réalisateur avoue s’être inspiré de l’album “Nevermind” de Nirvana pour son “The Batman”. Et ça se voit. La preuve en quatre correspondances, alors que le film est diffusé sur Canal+.
A priori ça ne saute pas aux yeux, mais pour Matt Reeves il n’y a aucun doute : Bruce Wayne et le chanteur de Nirvana ont beaucoup en commun. Le réalisateur de The Batman, diffusé ce vendredi sur Canal+ (21h10), a écrit son film en écoutant l’album Nevermind, et plus particulièrement la chanson Something in the Way, parvenant à établir des correspondances entre son superhéros et le rockeur.
Deux orphelinsLe film débute avec le meurtre d’un politicien, qui laisse son enfant orphelin. Comme l’assassin lui-même. Comme Catwoman. Comme Batman. Comme Kurt Cobain, en quelque sorte, qui ne s’est jamais remis du divorce de ses parents ni de leurs violentes engueulades à répétition. Le film pose cette question : que faire de nos souffrances ? Le méchant s’est mis à trucider des politicards ; Batman s’est tourné vers l’option vengeur masqué ; Kurt Cobain a opté pour la drogue et la musique ; Catwoman a des projets perso.
Deux dépressifsC’est bien d’avoir une passion, mais ça n’aide pas toujours à aller mieux. Avec ou sans masque, Batman ne sourit pas, jamais, il a même la mâchoire très musclée à force de la serrer (une bonne façon de se démarquer du Joker). Une telle joie de vivre rappelle celle du personnage de Last Days, le film de Gus Van Sant sur un rockeur pas au top de sa forme qui va bientôt mourir, un sosie de Kurt Cobain nommé Blake (interprété par Michael Pitt).
Matt Reeves a cité cette référence, il voulait que son Bruce Wayne (Robert Pattinson) erre dans son manoir comme le personnage de Gus Van Sant dans son immense maison décrépite. Ces deux films ont une manière très plastique de travailler la dépression : par des plans longs et fixes sur le corps en souffrance de Kurt Cobain, par les lents travellings et l’humide obscurité qui collent au Batman.
Quel est le point commun entre Victor Hugo et Batman ? moins d'une minute à lire Deux solitairesThe Batman commence et se termine avec une reprise de Something in the Way, la chanson dépressive de Nirvana sur un jeune homme vivant sous un pont avec des animaux, alors qu’il pleut. Non, ce n’est pas très gai, et ça renvoie très bien à ce superhéros en pleine crise existentielle, qui aime les chauves-souris, les chats, et qui doit en permanence faire attention sur la route, car il ne cesse jamais de pleuvoir à Gotham City. Mais Matt Reeves aurait aussi pu placer la chanson que le rockeur de Last Days interprète tout seul à la guitare, et qui tourne autour du constat que la vie, finalement, est « une longue traversée en solitaire ».
Deux hommes lucidesOn ne voit jamais Kurt Cobain – enfin Blake – se droguer dans Last Days, bien qu’à la fin il meure d’une overdose. Batman ne se drogue pas non plus, mais une large part de ses concitoyens se défoncent avec des gouttes pour les yeux. Lui renverse carrément le truc : il porte des lentilles qui enregistrent tout ce qu’il voit, et ainsi accroît sa lucidité quand les autres la perdent. La dépression rend-elle lucide ? Ce qui est sûr, c’est que le Batman de Matt Reeves résout incroyablement bien les énigmes, et que l’on doit à Kurt Cobain les trucs les plus beaux et les plus vrais que le grunge ait donnés.
À voirq The Batman, de Matt Reeves, vendredi 14 octobre à 21h10 sur Canal+.
“The Batman”, de Matt Reeves : le face-à-face critique 4 minutes watch