«Seize printemps» : le premier film de Suzanne Lindon manque de réalisme
Suzanne, 16 ans, goûte peu aux amitiés et amourettes pour les amis de son âge, avec qui elle s’ennuie ferme. Un matin, en passant devant un théâtre parisien, elle tombe en émerveillement devant un beau trentenaire, qu’elle va tout faire pour rencontrer. Après y être parvenue, elle va le voir régulièrement, puis entretenir avec lui une relation platonique mais passionnée malgré leur différence d’âge.
Et… Et rien ! C’est à peu près tout ce que raconte ce film, signé et interprété par Suzanne Lindon, fille de Vincent et de Sandrine Kiberlain. Du point de vue formel, le long-métrage tient la route, surtout pour un premier film réalisé par une très jeune réalisatrice (18 ans lorsqu’elle l’a réalisé), tourné en Scope, avec des images soignées.
Mais le ton et le récit de « Seize printemps » laissent pantois. D’abord parce qu’il ne s’y passe donc rien, ou presque : juste un marivaudage bon teint, très lent, agrémenté de quelques scènes de danse dans la rue trop jolies pour paraître improvisées. Le reste n’est que minauderie hypernarcissique et pseudo-poétique qui fleure bon le romantisme tel qu’on le conçoit dans les beaux quartiers.
Le film, qui a reçu le « Label Cannes 2020 », jouirait-il d’une telle aura s’il n’était l’œuvre d’une « fille de » ? On en doute, tant il tourne à la bluette de pacotille, fumisterie bobo jusque dans sa bande-son – des chansons de Christophe et une partition de Vincent Delerm, tant de branchitude laisse songeur…
Mais ce qui agace le plus ici où tout le monde est joliment habillé et où la Butte Montmartre ressemble à la Rive Gauche, c’est sa déconnexion totale avec la réalité des adolescents d’aujourd’hui. Tant dans ses préoccupations que dans son comportement, Suzanne - le personnage - donne dans le vaporeux de luxe, les rêveries d’un autre monde où les smartphones, les tensions, les fulgurances n’existent pas. C’est l’amour à 16 ans vu du VIe arrondissement. Tellement ennuyeux, et complètement à côté de la plaque…
LA NOTE DE LA RÉDACTION : 1/5
« Seize printemps », romance de et avec Suzanne Lindon, et avec Arnaud Valois, Frédéric Pierrot, Florence Viala… (1h14)