Le chanteur Sixto Rodriguez est mort
Il avait été « révélé », après une courte carrière confidentielle de la fin des années 1960 au milieu des années 1970, par le film documentaire Searching for Sugar Man, du réalisateur suédois Malik Bendjelloul (1977-2014), présenté au Sundance Film Festival en janvier 2012. Le chanteur, guitariste et auteur-compositeur Sixto Rodriguez est mort mardi 8 août, à l’âge de 81 ans, a annoncé son site Internet Sugarman.org, sans plus de précisions.
Lorsque le film commence à faire le tour des festivals de cinéma et reçoit plusieurs prix, dont l’Oscar du meilleur film documentaire, Sixto Rodriguez avait déjà été redécouvert par un noyau d’amateurs grâce à la réédition soignée, en 2008 et 2009, par la compagnie phonographique américaine Light in the Attic Records, de ses deux albums, Cold Fact (1970) et Coming From Reality (1971). Des articles lui avaient été consacrés, il avait donné quelques concerts aux Etats-Unis. En France, le festival défricheur les Transmusicales de Rennes l’avait mis à son programme en décembre 2009. Souvenir personnel un peu lointain d’une prestation qui avait laissé un peu dubitatif.
Né le 10 juillet 1942 à Detroit (Michigan), Sixto Diaz Rodriguez est élevé dans un milieu ouvrier. Son père est arrivé du Mexique dans les années 1920, pour travailler dans les usines automobiles de la ville, sa mère est amérindienne – elle meurt lorsque Sixto Rodriguez est âgé de 3 ans. Il a appris quelques accords de guitare, commence à chanter ici et là vers ses 20 ans et vit de petits boulots. Des problèmes de vue l’obligent à porter assez tôt des lunettes noires. Il enregistre en 1967 un premier 45-tours, un peu folk avec un fond d’orgue.
Il continue de jouer dans des clubs et à l’été 1969 enregistre en studio une douzaine de chansons, qui vont figurer sur son premier album, Cold Fact, sorti en mars 1970 par la compagnie phonographique Sussex. L’album, sur la pochette duquel ne figure que son nom, Rodriguez, commence par la chanson Sugar Man, probablement sa plus connue aujourd’hui. Voix douce, un peu traînante, avec un aspect nasillard qui rappelle celle de Bob Dylan, une énergie expressive aussi, par moments, qui le rapprocherait de Richie Havens (l’un des héros de Woodstock avec son interprétation de Freedom), quelques arrangements un peu psyché par endroits, des cordes, des vents, à la production Mike Theodore et Dennis Coffey, qui travaillent régulièrement pour la maison de disques soul Motown Records.
Travail sur des chantiersL’album passe inaperçu. Tout comme le suivant, Coming From Reality, enregistré à Londres fin 1970 et qui, toujours sous le nom de Rodriguez et chez Sussex, est sorti en novembre 1971. Un rien plus folk, avec quelques poussées rock, des cordes. L’on y trouve notamment une rêveuse ballade un rien pop, To Whom It May Concern, qui avait de quoi faire un tube. Mais non.
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