« Shoah » sur France 2 à 21h10 : pourquoi faut-il regarder ce film ...
1 - Un événement télévisuel
« Shoah » dans son intégralité et débutant sur une chaîne du service public à une heure de grande écoute – 21 h 10 –, c’est un événement. La durée même du film de Claude Lanzmann, sans parler de son intensité, fait qu’il est rarement diffusé d’un seul tenant, comme a choisi de le faire France 2 ce mardi soir. Et ce que ce soit dans une salle de cinéma ou à la télévision. « Shoah », c’est neuf heures et demie de programme. Comptez : ceux qui resteront devant leur écran y passeront la nuit, jusqu’au-delà de 6 h 30 mercredi matin.
Le film, sorti en 1985, avait été programmé sur quatre soirées consécutives lors de sa première diffusion télévisée, en 1987.
Dès le lendemain, le film sera disponible sur la plateforme france.tv, et cela pour une durée de trente jours. La plateforme éducative Lumni a choisi de l’accompagner d’un dossier qui mettra en avant le contexte historique de 1940, le statut des Juifs en France décidé par le régime de Vichy, la rafle du vel d’hiv à l’été 1942, la vie dans le camp d’Auschwitz et la libération des camps. La date de diffusion de « Shoah » a été choisie en lien avec la journée de la mémoire des génocides et de la prévention des crimes contre l’humanité, célébrée chaque 27 janvier en France et en Allemagne, à la date anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz-Birkenau.
2 - Un titre devenu le nom de l’événement
Avant « Shoah », la Shoah n’avait pas de nom qui s’imposait à tous. Les Nazis qui avaient programmé l’extermination systématique des Juifs d’Europe l’avaient baptisée « solution finale ». Les juristes parlaient de « génocide », le terme d’ « holocauste » revenait régulièrement, popularisé par une série américaine du même nom de 1978, l’une des premières fictions grand public sur cet événement.
Claude Lanzmann, l’auteur de « Shoah », récusait le côté « sacrificiel » du mot « holocauste ». Il a choisi le terme hébraïque de « Shoah », qui évoque « la tempête, le désastre, la catastrophe, l’anéantissement ». Avec beaucoup de prescience, il déclarait à la sortie de son film, en 1985, en expliquant sur Antenne 2 ce terme encore mal connu, qu’il était appelé à devenir célèbre à partir de cette œuvre.
3 - Souvenir sans filtre et sans archives
La particularité de « Shoah », c’est de refuser le filtre des archives et de la voix off. Claude Lanzmann a interrogé sobrement des rescapés, des bourreaux, des témoins, une trentaine de personnes qui ont vécu les événements de près ou de plus loin pour les villageois polonais, les filmant souvent en plan serré, parfois en caméra cachée pour les récits des nazis interrogés. Avec la conscience de faire revivre, et pas seulement raconter, les souvenirs tragiques à ceux qui les partagent. Il est revenu sur les lieux des crimes, tels qu’ils étaient entre 1976 et 1981.