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À la Saint-Valentin, nos fleurs sont bourrées de pesticides

À la SaintValentin nos fleurs sont bourrées de pesticides
Roses, gerberas, chrysanthèmes... 100 % des fleurs testées par « Que choisir » sont contaminées aux pesticides, dont certains sont interdits en France. En cause : une absence de réglementation.
14 février 2025 à 05h00

Durée de lecture : 4 minutes

Les roses de la Saint-Valentin — et les fleurs en général — ont un parfum suspect depuis quelques années. En cause : la présence avérée de pesticides dans leurs pétales et leurs tiges. L’étude que publie le magazine Que choisir en cette fête des amoureux 2025 confirme une toxicité généralisée des bouquets. Le journal consumériste a fait rechercher, en laboratoire, environ 600 résidus de pesticides différents dans 15 bouquets de fleurs achetés chez des fleuristes, en grande distribution et en ligne : des roses, mais également des gerberas et des chrysanthèmes, soit trois des variétés les plus vendues en France.

« Les résultats sont effarants, alertent les autrices de l’enquête. Nous avons identifié, dans chaque bouquet, de 7 à 46 résidus de pesticides différents, parmi lesquels près de 12, en moyenne, présentent possiblement ou certainement un danger pour la santé. » Autrement dit, 100 % des fleurs testées sont contaminées. Même dans le bouquet français, 14 résidus de pesticides ont été détectés, dont 7 présentant un danger pour la santé avéré ou suspecté (perturbateur endocrinien, cancérigène ou encore délétère pour la fertilité ou le fœtus).

Aucun contrôle sur les fleurs

Plus inquiétant encore : 33 résidus de pesticides interdits en Europe ont été retrouvés dans les deux tiers des bouquets analysés (3 de roses, 5 de chrysanthèmes et 2 de gerberas). Ces résultats corroborent ceux de plusieurs études menées dès 2016 en Belgique et 2017 en France.

Cette présence massive de polluants montre une nouvelle fois « l’absence criante de réglementation », juge l’UFC-Que choisir. En effet, contrairement aux fruits et légumes, les fleurs ne sont soumises à aucune limite maximale de résidus (LMR) de pesticides. Et donc à aucun contrôle. Or 80 % de fleurs vendues en France sont importées de pays qui autorisent encore l’usage de substances hautement toxiques.

L’association réclame la mise en place d’une réglementation stricte en la matière. Et d’interdire immédiatement l’importation de fleurs traitées avec des produits interdits en Europe et de renforcer les contrôles des autorités sanitaires et douanières.

Lire aussi : Les fleuristes exposés aux pesticides, le grand déni de la profession

Les premières victimes de ces polluants sont les fleuristes. En 2024, une histoire a été particulièrement médiatisée : celle d’Emmy Marivain, emportée par une leucémie à 11 ans. Des experts ont reconnu que la maladie de la fillette était liée à son exposition in utero aux pesticides. Sa mère, fleuriste, manipulait sans le savoir des fleurs bourrées de produits toxiques pendant sa grossesse.

Depuis, nombre de fleuristes s’interrogent et s’inquiètent, comme Reporterre a pu le constater lors d’une enquête sur le sujet. Suite à la révélation de cette affaire, l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) a été saisie et mène une expertise sur les risques pour les fleuristes, grossistes, importateurs, etc. du secteur et sur les mesures de protection à mettre en place.

Vers un affichage de l’origine des fleurs ?

Quid des consommateurs ? Aucune donnée n’existe sur ce sujet. Aussi l’UFC-Que choisir appelle-t-elle les autorités à évaluer également les risques pour les consommateurs, en particulier ceux qui manipulent régulièrement des fleurs. Elle plaide enfin pour une obligation d’étiquetage de l’origine et des traitements subis par les fleurs.

Un vœu qui pourrait bien rester lettre morte. L’Union nationale des fleuristes (UNF) s’était déjà engagée à être plus transparente à partir du 1er juillet 2023 en incitant les professionnels à afficher l’origine de leurs fleurs et le nom des producteurs. Un an et demi plus tard, dégoter une rose en sachant où elle a été cultivée reste une gageure.

Lire aussi : Comment trouver des fleurs made in France ?

Si vous souhaitez offrir des fleurs à la Saint-Valentin, le mieux est encore d’éviter les roses. En février, vous n’en trouverez pas de made in France. La plupart des floriculteurs du Sud ont renoncé à cette culture car elle nécessitait des serres chauffées, beaucoup trop coûteuses. Heureusement, l’hiver a aussi ses fleurs de saison : hellébores, mimosas, renoncules, anémones... et puis les premières tulipes et jonquilles arrivent sur le marché.

Pour être sûr d’acheter des fleurs françaises, on peut se tourner vers le label Fleurs de France ou bien vers un fleuriste du Collectif de la fleur française. N’oublions pas enfin le bouquet de fleurs à déguster ou séchées, idéal pour fêter un amour éternel.

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