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« Roubaix, une lumière », le réel à la Desplechin

 Roubaix une lumière  le réel à la Desplechin
Inspiré d’un documentaire de Mosco Boucault, ce polar-social offre à Roschdy Zem son plus beau rôle au cinéma.

Ou le paradoxe Desplechin : plus le réalisateur s’aventure sur de nouvelles terres, plus ses films sont bancals et plus son cinéma devient passionnant. Bancal, ce polar social, inspiré d’un documentaire de Mosco Boucault (« Roubaix, commissariat central »), l’est déjà dans sa structure. La première moitié calque sa narration fragmentée sur le quotidien du commissariat de Roubaix lors des fêtes de fin d’année : on passe d’un délit mineur à un crime, du tragique au dérisoire, on survole une misère humaine protéiforme que vise à retranscrire le mélange très inégal de comédiens professionnels et de vrais Roubaisiens. Au milieu, un duo pascalien de flics. Le commissaire Daoud (Roschdy Zem), modèle d’écoute et d’empathie, confesse les suspects et fonctionne à l’instinct. Louis (Antoine Reinartz), un lieutenant fraîchement débarqué, catholique sceptique, féru de mathématiques, est en quête de rationalité. Tous deux mènent une vie monacale.

Desplechin a voulu coller au réel et s’y est un peu perdu

La seconde moitié du film se focalise sur un fait divers, le meurtre d’une octogénaire, et sur les gardes à vue des deux suspectes, incarnées par Léa Seydoux et Sara Forestier, sans maquillage. On peine à croire à leur couple de chômeuses alcooliques, on voit les performances. Renvoient-elles à celles de leurs personnages, qui jouent, mentent, craquent sous le poids des interrogatoires et des reconstitutions, aux faux airs de répétitions théâtrales ? La vérité, judiciaire ou dramatique, est une fiction qu’on écrit à plusieurs.

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Et la lumière du titre, où est-elle ? En Roschdy Zem, plus Lino Ventura que jamais, qui trouve là son plus beau rôle. L’autre lumière, c’est celle d’Irina Lubtchansky filmant Roubaix - où a grandi Desplechin, où 45 % des gens vivent sous le seuil de pauvreté, où les seules lueurs proviennent des décorations de Noël et de la fumée des usines - comme le New York ouvrier de James Gray. L’ombre du « Faux Coupable » de Hitchcock plane, la musique de Grégoire Hetzel teinte de romanesque la mise en scène. Desplechin, une fois n’est pas coutume, a voulu coller au réel et s’y est un peu perdu. Il n’a pas trouvé son film, mais il le cherche si brillamment que ça vaut le détour.

"Roubaix, une lumière"

Lundi 17 octobre à 20h55 sur Arte. Thriller français d’Arnaud Desplechin (2019). Avec Roschdy Zem, Léa Seydoux, Sara Forestier. 1h59. (Disponible en replay jusqu’au 15 novembre 2022 sur Arte.tv).
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