Rennes - Marseille (0-2) : Comment les dynamiques des deux équipes se sont inversées au Roazhon Park
C'était une soirée au parfum européen, et pour l'OM, sa visite dans un Roazhon Park survolté a pu lui rappeler sa noyade dans la bassine du Kuip Stadion de Feyenoord, en demi-finale aller de l'Europa Conference League (2-3). L'OM a fait le match qu'il ne devait pas faire face à un Rennes qui a fait le match qu'il voulait.
Avant le coup d'envoi et après sa déconvenue à Nantes (1-2) encore fraîche dans les têtes, l'optimisme était pourtant plutôt du côté olympien, deuxième avec trois longueurs d'avance sur le troisième (Monaco), alors que les Bretons pointaient à six points après leur chute dans le derby. De quoi être pris par le doute, d'autant que Rennes s'est montré particulièrement médiocre face à ses cinq concurrents pour l'Europe (de Marseille à Lens), avec seulement quatre points de pris en neuf matches.
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Mais là où Rennes a inversé la tendance, samedi soir au Roazhon Park, l'OM a été victime des mêmes maux que lors de certaines de ses récentes déconvenues. Les hommes de Sampaoli ont ainsi eu plus souvent le ballon (57% de possession) que des locaux pourtant pas habitués de le laisser aux visiteurs, mais malgré quelques rares situations, les Phocéens n'ont pas cadré le moindre tir.
Déception pour Gerson et Caleta-Car : l'OM a concédé l'ouverture du score à Rennes - 14/05/2022, 37e journée de Ligue 1
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En deuxième période, à part un déboulé de l'entrant Bamba Dieng, ils ont même paru absents, affichant le visage usé qu'on leur avait connu lors du match retour face à Feyenoord (0-0) et face à Lyon (0-3). Un soir comme celui-là, on parle forcément de l'absence de Payet ou d'un Milik cloué sur le banc, mais ce serait oublié que cette même équipe est déjà parvenue à s'en sortir sans ses deux hommes de pointe. L'OM a en revanche trop souvent failli face aux équipes taillées pour le haut de tableau. Ses trois dernières défaites, avant sa déconvenue bretonne ? Lyon (35e j.), PSG (32e j.) et Monaco (27e j.).
Rennes partageait cette carence, mais cet OM lui convenait. Leurs derniers revers à domicile (Monaco, Nice, Lille), Martin Terrier et consorts les avaient concédés face à des adversaires attentistes qui avaient procédé en contre. Cette fois, les Bretons ont profité de ce que Jorge Sampaoli a qualifié de "mal récurrent". "Quand on n'arrive pas à imposer notre jeu cela crée une sorte de désordre dont l'adversaire arrive à profiter, a-t-il analysé. Quand les attaquants sont nombreux à se projeter, un peu comme Feyenoord, on subit d'autant plus d'occasions, et on n'est pas parvenu à corriger cela au cours de la saison".
Rennes s'est adapté au style des visiteurs, acceptant que l'OM tienne davantage le ballon, et s'est montré beaucoup plus rassurant défensivement que de coutume, bien aidé par le retour de Nayef Aguerd, le pilier de sa défense centrale, suspendu lors des deux dernières rencontres. "On a mis un bloc un peu plus bas, expliquait Genesio. On a bien défendu, on a été agressif dans toutes les surfaces de terrain et gagné la plupart des duels". "On a quasiment concédé aucune occasion, ce qui est rare cette saison, reprenait le goleador Martin Terrier, double passeur décisif samedi soir. Ca montre que des déconvenues cette saison nous ont fait réfléchir".
La joie des Rennais face à l'OM
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Pour cette saison historique (record de points et de buts inscrits), Rennes, s'il a des failles, a surtout beaucoup de vertues. "Je suis très fier du visage qu'on a montré, fidèle à ce qu'on a fait 95% du temps, surtout à domicile, avec une ambiance qui nous a encore aidée", s'est félicité Genesio. Ce soir, le Roazhon Park a, en effet, encore vibré, "comme une ambiance de Coupe d'Europe", a noté Benjamin Bourigeaud, auteur de l'ouverture du score dès la 14e minute. Dans le dos de la défense marseillaise, l'ex-Lensois a surgi pour reprendre avec une grande sérénité un service de Martin Terrier, l'autre homme fort de la saison faste des Rouge et Noir. C'était peut-être son dernier match au Roazhon Park, et le milieu offensif s'est d'ailleurs offert un tour d'honneur au terme de la rencontre.
Malgré ce succès probant, qui le relance dans la course à la Ligue des champions, Rennes n'est toutefois assuré de rien, puisqu'il peut aussi bien terminer à la sixième qu'à la deuxième place. Mais quoiqu'il arrive à Lille, samedi prochain, les hommes de Genesio resteront dans la mémoire des supporters Rouge et Noir pour le spectacle offert. Aujourd'hui quatrième avec un goal-average de champion (+42), mais douze défaites au compteur, son cas peut rappeler celui du Nice de Lucien Favre, autre machine à bien jouer, troisième en 2016-2017 (12 défaites également et +27), ou même celui de l'OM de Bielsa, quatrième en 2014-2015 (+34 et 11 défaites). Par l'orgie de jeu proposé et la capacité à produire des mouvements vertigineux, Rennes a d'ailleurs davantage ressemblé au Marseille d'El Loco, que celui de Sampaoli, plus en contrôle.
Cet OM de celui qui était un disciple fidèle d'El Loco à ses débuts pourrait lui terminer, dans le pire des cas, à la même place que celle obtenue par Bielsa. Il tient toutefois toujours son destin entre ses mains pour se qualifier pour la Ligue des champions, après un match "loupé", dixit Guendouzi. Victime de ses carences récurrentes, Marseille sait aussi qu'il a de la ressource mentale, qu'il sait rebondir, comme il l'a prouvé à plusieurs moments critiques de la saison. Et après tout, si la dynamique s'est inversée, l'OM reste devant Rennes.
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