Affaire Rachid M'Barki : pourquoi le journaliste de BFMTV a été mis ...

Que s’est-il passé ?

Mercredi 11 janvier, ses collègues apprennent avec stupeur que Rachid M’Barki, journaliste historique de la chaîne d’informations en continu BFMTV, présentateur du journal de la nuit, a été mis à pied, avec ordre de ne plus passer à l’antenne. La raison ? Il aurait lu en direct d’étranges informations en 2022, sans en référer à sa hiérarchie : sanctions contre la Russie qui impactent les marchands de yachts français ; Sahara « marocain » pour parler du Sahara occidental, région à la souveraineté contestée ; ou encore mise en garde du Qatar contre l’ingérence des Émirats avant la Coupe du monde…

Des brèves isolées en séquences vidéo ensuite partagées à grande échelle par des faux comptes aux connexions suspectes. Mise au courant par un consortium de journalistes enquêtant sur l’affaire, la direction de la chaîne convoque le journaliste de 54 ans, qui argue de son libre arbitre éditorial. Il déclarait en janvier avoir « utilisé des infos qui (lui) venaient d’informateurs ». Mais « étaient toutes réelles et vérifiées […] Je n’avais pas l’impression que je participais à une opération de je ne sais quoi sinon je ne l’aurais pas fait ».

L’homme qui lui a fourni ces infos clé en main serait Jean-Pierre Duthion, intermédiaire français spécialisé dans les campagnes d’influence. Mais selon cette enquête du collectif de journalistes Forbidden Stories baptisée « Story Killers, enquête sur les mercenaires de la désinformation », à laquelle a contribué pour la France la cellule investigation de Radio France et Le Monde, cette affaire est liée à une vaste entreprise de désinformation pilotée par une officine israélienne, qui vendrait ses services dans le monde entier auprès de gouvernements, partis politiques, multinationales ou groupes d’influence, voire de criminels : Team Jorge.

À l’aide de placements de contenus dans les médias ensuite relayés par une myriade de faux comptes sur les réseaux sociaux, elle manipule l’opinion publique. Une technique appelée astroturfing.

Une enquête interne suit son cours au sein de la première chaîne d’infos de France pour connaître le degré exact de collusion de Rachid M’Barki et s’il a été rémunéré, ce qu’il nie. Pourtant, selon les informations du projet « Story Killers », un autre journaliste de BFM-TV dit avoir été contacté par Jean-Pierre Duthion ces dernières années et il lui proposait de le payer pour faire passer des sujets.