Retrouvez les principales informations de la journée sur l'explosion du pont de Crimée
Le pont le plus protégé du monde?
Construit à grands frais sur ordre de Vladimir Poutine et symbole de l’annexion de 2014, le vaste pont routier et ferroviaire reliant la Crimée ukrainienne annexée par la Russie et le territoire russe a été la cible d’une attaque samedi, déclenchant un gigantesque incendie et provoquant l’arrêt du trafic pendant une partie de la journée. L’infrastructure sert notamment au transport d’équipements militaires russes pour l’armée russe combattant en Ukraine.
Le pont de Crimée, au-dessus du détroit de Kertch, relie Kertch (Crimée) à Taman (Russie)
En fin de matinée, l’incendie était terminé. Sur les vidéos postées par des responsables ukrainiens ou des journalistes occidentaux, on voyait une partie de la voie routière détruite et plongeant dans l’eau du détroit. Selon les enquêteurs russes, l’explosion a fait trois morts et ils auraient identifié le conducteur du camion.
En fin de journée, le trafic ferroviaire avait repris selon la société Grand Service Express, l’opérateur russe qui fait circuler des liaisons entre la Crimée et la Russie. Deux trains ont quitté la péninsule en début de soirée pour rejoindre Moscou et Saint-Péterbourg. «Ils passeront par le pont de Crimée», a indiqué la compagnie sur Telegram.
La circulation a été rouverte aussi aux voitures. «La circulation des véhicules sur le pont de Crimée a commencé. La circulation est désormais ouverte pour les voitures et les bus, avec des procédures d’inspection complètes», a indiqué sur Telegram le dirigeant de la Crimée, Sergueï Aksionov.
Conseiller de Volodymyr Zelensky, Mikhaïlo Podolyak s’est félicité de cette opération sans en dire plus sur les responsables. «Crimée, le pont, le début. Tout ce qui est illégal doit être détruit, tout ce qui a été volé, doit être rendu à l’Ukraine, toute l’occupation russe doit être chassée», a-t-il écrit sur Twitter.
«Il convient de noter que le camion qui a explosé, selon toutes les indications, est entré sur le pont depuis le côté russe, a-t-il ensuite déclaré dans un commentaire transmis par la présidence ukrainienne. C’est donc en Russie qu’il faut chercher les réponses […] tout cela indique clairement une piste russe».
Crimea, the bridge, the beginning. Everything illegal must be destroyed, everything stolen must be returned to Ukraine, everything occupied by Russia must be expelled. pic.twitter.com/yUiSwOLlDP
— Михайло Подоляк (@Podolyak_M) October 8, 2022
Sans accuser dans l’immédiat l’Ukraine, le Comité national antiterroriste russe, cité par les agences russes, a expliqué dans la matinée que l’incendie était dû à un camion piégé. «Aujourd’hui à 06 h 07, sur la partie routière du pont de Crimée […] a eu lieu l’explosion d’un camion piégé, qui a entraîné l’incendie de sept citernes ferroviaire qui allait vers la Crimée», a indiqué le comité. Moscou a indiqué dans la foulée ouvrir une enquête criminelle.
Devant la prolifération de commentaires moqueurs et de parodies anti-russes sur les réseaux sociaux, la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, cité par les agences de presse russes a fustigé l’Ukraine : «La réaction du régime de Kyiv sur l’endommagement d’une infrastructure civile démontre sa nature terroriste».
Le chef de l’assemblée de Crimée, le parlement régional installé par la Russie, Vladimir Konstantinov a quant à lui dénoncé un coup «des vandales ukrainiens».
Le porte-parole du Kremlin a indiqué à l’agence Ria Novosti que Vladimir Poutine avait ordonné la formation d’une commission gouvernementale pour établir les faits.
Si l’Ukraine est à l’origine de l’incendie et de l’explosion sur le pont de Crimée, il s’agirait d’un camouflet pour la Russie qu’une infrastructure aussi cruciale et aussi loin du front puisse être endommagée par les forces ukrainiennes.
La Russie enchaîne les revers militaires depuis le début du mois de septembre, ses troupes étant forcées de reculer aussi bien au nord-est que dans le Sud du pays, notamment la région de Kherson, frontalière de la Crimée, et dont Poutine revendique l’annexion.
Le pont dispose de voies de train et routières qui sont essentielles au transport des personnes et de marchandises vers la péninsule. Jusqu’alors, le Conseil de sécurité russe expliquait que l’ouvrage était le plus protégé du monde.
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Le pont de Crimée, inauguré en 2018, enjambe le détroit de Kertch pour relier le territoire russe à la Crimée. Longue de 18 kilomètres, l’infrastructure est la manifestation en dur de l’annexion de la péninsule.
La Russie a toujours affirmé que le pont ne risquait rien en dépit des combats en Ukraine, mais elle a menacé Kyiv de représailles si les forces ukrainiennes devaient s’en prendre au pont ou à la Crimée.
Plusieurs explosions ont eu lieu ces derniers mois en Crimée sur des installations militaires russes, résultat probablement d’opérations militaires ukrainiennes, comme lorsque la base militaire de Djankoï a été ravagée en août par la déflagration d’un dépôt de munitions.
Mise à jour à 18h10 avec réouverture du traffic routier et ferroviaire, commentaire de la présidence ukrainienne.