Coût de la reconstruction de Notre-Dame de Paris : qui a payé pour ...

NOTRE-DAME - La cathédrale de Paris renaît enfin de ses cendres et c’est grâce à une gigantesque mobilisation. Cinq ans après l’incendie dévastateur d’avril 2019, l’édifice va enfin rouvrir ses portes au public le week-end des 7 et 8 décembre. Mais avant cela, Emmanuel Macron a visité les lieux vendredi 29 novembre pour donner un discours de remerciements sur cette « réussite collective ».

Quelques jours après l’ouverture officielle, une messe sera d’ailleurs donnée le 11 décembre dédié à tous les donateurs et mécènes. Et ils sont nombreux à avoir participé au financement des travaux.

846 millions d’euros, 340 000 donateurs, 150 pays

Le coût du chantier de restauration titanesque de la cathédrale est estimé à 700 millions d’euros… Financés par des dons. Et il en reste même encore en rab. En effet, les collectes ont permis de réunir 846 millions d’euros au total auprès de 340 000 donateurs de 150 pays, selon l’établissement public chargé du chantier de restauration de la cathédrale parisienne.

Sur cette somme, « l’immense majorité » représente des « dons de particuliers allant jusqu’à 1 000 euros », précise-t-il. « Il y a eu 300 000 petits donateurs » précise Stéphane Bern, à qui le chef de l’État Emmanuel Macron a confié une mission pour la sauvegarde du patrimoine en 2017.

Aussi, en plus de ces 846 millions, s’ajoutent des dons en nature et en mécénat de compétence pour une valeur d’au moins 5 millions d’euros, expliquait la Cour des comptes dans son rapport en 2022. « Ces derniers contribuent à alléger le coût financier des travaux et à prendre en charge une partie des missions d’information du public ou de promotion des métiers du patrimoine », est-il précisé.

Le poids des « grands donateurs »… et du contribuable ?

Mais il y a eu également certains « grands donateurs » qui ont marqué par leur investissement. C’est le cas de Bernard Arnault, le PDG du groupe LVMH a fait un don à hauteur de 200 millions d’euros, tout comme la famille Bettencourt Meyers et son groupe L’Oréal. À eux deux, ils ont atteint presque la moitié de la totalité des fonds.

Viennent ensuite la famille Pinault, puis le groupe Total, à hauteur de 100 millions d’euros chacun. On compte également une dizaine d’autres grands donateurs, ces personnes ou entités qui ont fait des dons à plus de dix millions d’euros. C’est le cas par exemple de Bouygues et JC Decaux. Ceux-ci ont permis d’atteindre les 700 millions d’euros.

Mais comme le soulignait Le Monde, les critiques se sont élevés face à ces dons faramineux, certains dénonçant une opportunité pour ces grandes fortunes et entreprises de redorer leur images et surtout de bénéficier des conséquentes déductions fiscales.

Et qui dit déduction fiscale dit implication des collectivités publiques. En absorbant une partie des dons, l’État a mis à contribution ses caisses et donc le contribuable. C’est également pour cela que certains grands donateurs comme François-Henri Pinault ont annoncé qu’ils ne feraient « pas valoir l’avantage fiscal » car « il n’est pas question d’en faire porter la charge aux contribuables français ».

Répartition des dons

Les dons ont été faits auprès de plusieurs organismes, répartis comme suit :

• La Fondation Notre-Dame, le premier financeur de la restauration du monument, avec 62 000 donateurs pour 358 millions d’euros. Elle est l’un des quatre organismes à qui l’État a confié la collecte nécessaire dans le cadre d’une souscription nationale.
• La Fondation du Patrimoine a également été désignée pour la collecte et comptabilise 232 millions d’euros récoltés.
• L’établissement public chargé de rebâtir Notre-Dame a récolté 208 millions d’euros.
• La Fondation de France, désignée par l’État, a reçu 31 millions d’euros.
• Enfin, le Centre des Monuments historiques, le quatrième organisme, a collecté 17 millions d’euros.

Sur le montant total, 150 millions ont servi à la phase 1, d’avril 2019 à l’été 2021, pour la sécurisation du monument. Puis 552 millions d’euros ont été injectés dans la phase 2, de l’été 2021 à décembre 2024, pour la restauration.

Les Américains, premiers donateurs après les Français

Mais il n’y a pas qu’en France que les dons ont afflué. Des donateurs de 150 pays se sont mobilisés. Et comme le souligne Le Parisien, les Américains remportent la première place des bienfaiteurs étrangers.

« En cinq ans, nous avons récolté plus de 57 millions de dollars de la part de 45 000 donateurs », a déclaré au quotidien Michel Picaud, président de Friends of Notre-Dame, une fondation américaine créée en 2017.

Dans son premier rapport sur le chantier, publié en 2020, la Cour des comptes notait que les dons représentaient « un montant sans précédent », y compris au niveau mondial.

Des collectes encore prévues

Et dans tout ça, quid des 140 millions d’euros d’excédents ? Ils serviront à la restauration du chevet et des arcs-boutants, après la réouverture.

Et même si la cathédrale rouvre au public, la collecte n’est pas finie. Du côté de l’association Friends of Notre-Dame aussi, une nouvelle campagne de dons va être lancée pour la période 2025-2028. La Fondation Notre-Dame va également en lancer une en 2025 pour financer les travaux à l’extérieur de la sacristie et du presbytère.

« On peut parler de record mondial en termes de mécénat culturel », a déclaré sur franceinfo ce vendredi Bertrand de Feydeau, vice-président de la Fondation du patrimoine pour Notre-Dame de Paris. Et d’ajouter : « Lever 850 millions d’euros sur un seul édifice, en quelques mois, c’est du jamais vu. Cette collecte fait partie de l’extraordinaire de cet événement. »

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