Quand Nicole Belloubet, pressentie pour l'Éducation, ironisait sur l ...
![Quand Nicole Belloubet pressentie pour lÉducation ironisait sur l](/thumb/phpThumb.php?src=%2Fuploads%2Fnews%2F46%2F4639%2F6%2F4639628-quand-nicole-belloubet-pressentie-pour-lducation-ironisait-sur-l.jpg&w=706&hash=1889371d95f2717e80ac1c3caa8a9de5)
En 2016, Nicole Belloubet publiait un article universitaire intitulé : « Supprimer le ministère de l'Éducation nationale ? » Alors membre du Conseil constitutionnel, il s'agissait pour elle « d'une provocation, mais une provocation source de réflexion ». On y lit ses convictions en matière d'éducation, quasiment un programme ministériel… Que proposait-elle, au juste, pour « disrupter » l'institution ? La réponse importe, le nom de Nicole Belloubet circulant pour remplacer Amélie Oudéa-Castéra, patronne en sursis du ministère de l'Éducation nationale.
A LIRE AUSSI : Quand le sage montre PISA, l’imbécile invite Najat Vallaud-Belkacem
Un choix qui paraît étonnant tant cette dernière semble en contradiction avec les propositions du gouvernement actuel inspirées par la droite : retour aux fondamentaux, restauration de l'autorité de l'enseignant, porte de l'uniforme, etc. Dans l'article de 2016, Nicole Belloubet prenait avant tout la plume pour défendre la réforme du collège engagée par la ministre socialiste Najat Vallaud-Belkacem, très contestée par les syndicats d'enseignants. Et en grande partie détricotée par le gouvernement Macron. Elle y préconisait alors « une prise en compte des besoins spécifiques des élèves ».
Décentralisation
Ironisant sur « les fariboles sur la restauration de l'autorité ou le port de la blouse », elle affirmait qu'il fallait, selon elle, « sortir du cadre rigide du cours magistral, laisser du temps et de l'autonomie aux jeunes, ménager le droit à l'erreur dans les processus d'apprentissage, moderniser les supports en considérant les possibilités offertes par le numérique au prisme de leur intérêt pédagogique ». Bref, c'est le fonds commun de « la pédagogie de projet » de cette réforme socialiste qu'elle saluait. Les projets actuels lancés par Gabriel Attal lors de son court passage rue de Grenelle – groupes de niveaux au collège ou port de l'uniforme – paraissent en totale contradiction avec ce qu'elle pensait alors. Comment s'en accommodera-t-elle ?
A LIRE AUSSI : L’effarante réforme du collège
Les propositions de celle qui allait devenir ministre de la Justice lors du premier quinquennat d'Emmanuel Macron reposent sur un diagnostic évident. « Les inégalités que le système éducatif français ne sait pas corriger sont de plus en plus criantes », écrivait-elle. Et d'ajouter que « les contempteurs de la situation actuelle sont obligés de se saisir de prétextes (par exemple la défense des sections de langues renforcées au détriment de l’extension de l’apprentissage des langues pour tous) ou de fuir le service public pour rejoindre l’entre-soi des classes homogènes dans l’enseignement privé ». Comment ne pas être d'accord ?
A LIRE AUSSI : Réforme des collèges : vive la pédagogie Nutella !
Sauf que ses solutions se distinguent par leur diversité. D'abord, sur la question des salaires, elle semble être en phase avec le gouvernement. « Des cadres considérés doivent être mieux rémunérés », lançait la Sage de la rue Montpensier. « La nation doit choisir de hisser, a minima, la France dans la moyenne européenne, poursuivait Nicole Belloubet. Mais il n’est pas indécent de viser pour nos professeurs de l’enseignement scolaire des statuts financiers comparables à ceux des pays voisins : Allemagne, Espagne, Royaume-Uni, Belgique… »
Pour le reste, en bonne sociale-démocrate, elle estime qu'il faut donner plus de pouvoir aux collectivités locales et « indiscutablement aller vers une décentralisation territoriale et fonctionnelle effective et ce, d’autant plus que des comparaisons effectuées en France ont démontré que les investissements réalisés par les collectivités territoriales, en n’étant pas systématiquement corrélés aux résultats scolaires, ne sont pas à l’origine de nouvelles ruptures d’égalité ». Discours on ne peut plus classique pour une ancienne rectrice…