Retraites: une motion de censure n'était pas passée aussi près du ...
Élisabeth Borne était proche de la sortie ce lundi. La motion de censure transpartisane a échoué à 9 voix près. Pour retrouver un vote aussi serré, il faut remonter au gouvernement de Pierre Bérégovoy.
Le couperet est passé tout près. A 9 voix plus exactement. La motion de censure transpartisane a échoué de très peu ce lundi à renverser le gouvernement d'Élisabeth Borne, récoltant 278 voix, contre les 287 nécessaires. Cette disposition avait été déposée en réaction à l'article 49.3, déclenché par la Première ministre pour faire passer sa réforme des retraites sans vote à l'Assemblée nationale.
Rarement un vote n'a été aussi serré. Plus exactement, c'est une première depuis 1992. A l'époque, une motion de censure déposée par la droite du RPR et ses alliés, l'UDF et l'UDC, visait le gouvernement du Premier ministre socialiste Pierre Bérégovoy. Il s'agissait alors d'une motion de censure "spontanée" et non d'une dite "provoquée", utilisée après le recours au 49.3.
L'objectif était de s'opposer à la réforme de la politique agricole commune (PAC), engagée quelques mois après la signature du Traité de Maastricht, texte fondateur de l'Union européenne. Ce projet de loi visait à engager "une baisse importante du prix des produits agricoles, assortie d'une compensation intégrale de ses effets par un soutien direct aux exploitants".
En 1992, le vote se joue à 3 voixDans leur texte, les signataires de la motion de censure déploraient "la brutalité de l'annonce de l'accord gouvernemental", pris "sans concertation préalable avec les organisations professionnelles et sans débat au fond ni information de la représentation nationale", peut-on lire dans un article du Monde. Ils regrettaient également "qu'aucune mesure nationale d'accompagnement n'a été concomitamment annoncée par le gouvernement contrairement aux engagements du ministre de l'agriculture".
Sur le papier, Pierre Bérégovoy n'est pas en danger. Mais un vote surprise des communistes change la donne. La motion de censure récolte 286 voix. Le socialiste sauve sa tête à 3 voix près. Pierre de Bénouville, ami de François Mitterrand depuis leur passage au collège privé d'enseignement catholique Saint-Paul à Angoulême mais député du RPR, s'abstient. Idem pour l'ancien Premier ministre Raymond Barre, pourtant lui aussi membre de l'opposition. Le salut de Pierre Bérégovoy est de courte durée. Il quitte Matignon l'année suivante, après des élections législatives remportées par la droite.
A cette époque, jamais un vote sur une motion de censure n'avait été aussi serré depuis 1962. Cette année, la disposition avait abouti pour la première fois de l'histoire de la Vème République... Et la dernière jusqu'ici.
Baptiste Farge