Assemblée nationale: la première motion de censure contre le ...
Cosignée par toutes les composantes du Nouveau front populaire, c'est Olivier Faure, le numéro un du Parti socialiste qui l'a défendue à la tribune avec pour objectif de faire tomber le nouveau locataire de Matignon.
Michel Barnier a affronté ce mardi 8 octobre après-midi sa toute première motion de censure déposée par la gauche, une semaine tout pile après son discours de politique générale. Une motion de censure finalement largement rejetée à l'Assemblée nationale, avec seulement 197 voix.
Déposée par la gauche, elle entendait dénoncer l'arrivée du Premier ministe à Matignon, considérée par le NFP comme "la négation du résultat des législatives". Sans soutien du RN, cette issue ne faisait guère de doute. Il faut en effet récolter 289 voix pour parvenir à faire adopter une motion de censure.
Le "détournement démocratique"
Co-signée par toutes les composantes du Nouveau front populaire, c'est Olivier Faure, le numéro un du Parti socialiste qui l'a défendue à la tribune avec pour objectif de faire tomber le nouveau locataire de Matignon.
Le patron du parti socialiste Olivier Faure a dénoncé, lors de sa prise de parole, le "détournement démocratique" du gouvernement de Michel Barnier, fruit selon lui d'un "hold-up électoral" dont il a demandé la censure devant l'Assemblée nationale.
"Vous avez appelé au compromis, alors chiche !", a ensuite lancé le député de Seine-et-Marne, appelant le Premier ministre à "honorer" sa "dette démocratique" en "acceptant d'avancer sur la base (des) amendements" que les socialistes déposeront sur le projet de budget pour 2025.
"Du front républicain à l'affront républicain"
"Vous êtes désormais aux commandes du pays, à l'issue de cette séance vous le resterez comme l'extrême droite a décidé d'assumer avec vous la continuité du macronisme. L'extrême droite se range toujours du côté du capital contre le travail, tout comme la droite française préfère le soutien du RN plutôt que la moindre concession au progrès social", a encore poursuivi Olivier Faure.
Selon le député, "en l'absence de vrai compromis avec la gauche", Michel Barnier ne demeurera à Matignon "que par le consentement de l'extrême droite à laquelle [il] devr[a] donner des gages. "Votre ministre de l'Intérieur a déjà fait ce choix et multiplie les déclarations pour complaire au RN, passant du front républicain à l'affront républicain", a-t-il ajouté.
"En légitimant chaque jour l'extrême droite votre gouvernement finira par n'être qu'un simple ascenseur pour l'échafaud", a-t-il estimé.
"Une motion de censure a priori"
Michel Barnier a ensuite pris la parole pour lui répondre, notant avec ironie qu'il n'a pas été "facile" d'écouter "jusqu'au bout" le discours d'Olivier Faure, qui a été coupé, en raison d'une prise de parole trop longue.
"Très franchement, cette motion de censure n'était pas une surprise. Au lendemain même de ma nomination comme Premier ministre, vous m'aviez informé qu'avant même que j'ouvre la bouche, constitue le gouvernement et présente une déclaration de politique générale, que vous alliez me censurer. Donc, c'est en quelque sorte une motion de censure a priori", a-t-il poursuivi. Avant d'accuser le socialiste de faire "une sorte de procès en illégitimité au gouvernement" et de pointer qu'il n'y avait "de majorité absolue pour personne".
À l'avenir, ce dernier pourrait à nouveau faire face à des motions de censure. Gabriel Attal a été confronté à une motion de censure, Élisabeth Borne y a été confrontée pas moins de 31 fois. Sans jamais que celles-ci n'aboutissent, même si l'une d'entre elles s'est jouée à 9 voix près, après que le gouvernement a déclenché l'article 49.3 sur la réforme des retraites en mars 2023.
Clément Boutin Journaliste BFMTV