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« Mon Master » : pourquoi certains chiffres avancés sur la ...

 Mon Master   pourquoi certains chiffres avancés sur la
Depuis ce lundi, les étudiants titulaires du Bac + 3 peuvent formuler des vœux pour intégrer un Master via une plateforme encore loin d’être parfaite.

Depuis ce 26 février, les étudiants titulaires d'un Bac + 3 peuvent formuler leurs vœux de poursuite d'études en Master. Ils sont plusieurs dizaines de milliers à espérer obtenir une affectation dans la formation de leur choix. Le début d'un processus qui peut être stressant, sur la plateforme Mon Master. Ce « Parcoursup des Masters », mis en place l'an dernier, regroupe près de 8 000 formations.

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En 2023, 63 % des 210 000 candidats avaient accepté une proposition. Aucune comparaison avec les années précédentes n'est possible, car pour la première fois les candidatures en master sont réunies sur une seule et unique plateforme nationale. Il était donc impossible d'obtenir cette statistique auparavant. « Avant, chaque formation avait sa propre procédure avec ses propres attentes. Il n'y a pas longtemps, certaines sélections se faisaient encore sur papier. Mon Master encourage les étudiants à davantage candidater, car c'est moins pénible », note Julien Gossa, maître de conférences à l'université de Strasbourg sur les politiques publiques de l'enseignement supérieur et membre du CPESR (Conférence des praticiens de l'enseignement supérieur et de la recherche). Selon ce dernier, cela augmente automatiquement le nombre de refus.

Des statistiques sur l'insertion à manier avec prudence

L'an dernier, pour son lancement, Mon Master avait suscité de nombreuses critiques de la part des acteurs du monde enseignant. Des progrès semblent avoir été faits, notamment sur l'ergonomie de la plateforme. « C'est normal qu'au lancement d'une plateforme, tout ne soit pas parfait », nuance Julien Gossa. « Mais, à ma connaissance, il n'y a eu aucune consultation avec les acteurs de l'enseignement supérieur ni d'enquête sur leurs besoins. »

Certaines problématiques restent de mise. « Lorsque Mon Master a été lancé, le but était de remplir toutes les places », rappelle le chercheur. Mais l'an dernier, aucune formation n'a été remplie à 100 %. Un objectif qui relève de l'utopie, selon lui. « Si l'étudiant se voit refuser un Master à Rennes car il n'est pas assez bon, cela n'a pas de sens de l'envoyer à Strasbourg. Le prix du loyer, des transports et le déménagement avec ce que cela peut entraîner sur les relations sociales, ça pèse beaucoup aussi », note-t-il.

Parmi les chiffres renseignés sur chaque formation de Mon Master, le taux de remplissage : celui-ci indique le nombre de places disponibles. « Les formations ont intérêt à annoncer un chiffre supérieur à leur capacité maximum. Il faut être très prudent sur cette donnée », prévient-il. « Des formations recrutant 250 étudiants déclarent 3 000 places disponibles, car elles veulent être certaines de faire le plein. Avec les chiffres, on pense alors qu'il y a des centaines de places vides », constate l'enseignant. Au-delà de la plateforme en elle-même, il reste un problème naturel. « Pour la première fois, le nombre de places en Master est inférieur à celui du nombre de diplômés en licence. »

Un mois pour déposer ses vœux

Ce n'est pas le seul chiffre dont il faut se méfier, d'après ce dernier. Exemple avec celui de l'insertion professionnelle. « Avant, les formations avançaient le taux d'insertion professionnelle locale. Maintenant, c'est le taux d'emploi salarié. » Problème, ce dernier chiffre n'inclut pas plusieurs publics comme les intermittents, les autoentrepreneurs ou les Français travaillant à l'étranger. »

Conséquence avancée par Julien Gossa, certaines universités, proches de pays étrangers comme celle de Lorraine, affichent « des taux d'insertion lamentables » dans certains secteurs.

Mon Master est conçu différemment de Parcoursup. Leur conception, qui intervient presque la même année, témoigne d'une politique publique contradictoire. « Parcoursup, c'est la réussite pour tous dans l'enseignement supérieur. Mon Master est dimensionné sur le marché de l'emploi. La question à laquelle le gouvernement ne répond pas, c'est : que fait-on des diplômés en licence qui n'ont pas de master ? »

Les étudiants ont jusqu'au 24 mars pour déposer 15 vœux maximum pour des masters hors alternance et 15 vœux supplémentaires pour des masters en alternance. Les premiers résultats d'admission sont attendus pour le 4 juin, avant une phase complémentaire.

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