Monique Olivier : la complice de Michel Fourniret face aux familles ...
Confrontée à des familles qui attendent des réponses depuis plusieurs décennies, elle sera seule dans le box des accusés. Monique Olivier, l'ex-épouse de Michel Fourniret, comparaîtra devant la cour d'assises des Hauts-de-Seine à compter du mardi 28 novembre pour répondre de complicité dans les enlèvements et meurtres de Joanna Parrish, Marie-Angèle Domèce et Estelle Mouzin. Ce procès, le premier du pôle cold cases de Nanterre, doit durer près de trois semaines. Il sera marqué par une absence notable : celle de Michel Fourniret, décédé en mai 2021. L'ogre des Ardennes était mis en examen depuis 2020 dans ces crimes vieux de 35, 33 et 20 ans.
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Des décennies de « souffrance pour les familles », décrit Maître Corinne Herrmann qui défend la famille de Marie-Angèle Domèce. Cette jeune fille de 18 ans a disparu en juillet 1988 à Auxerre, entre son foyer et la gare. Faute d'indices, un non-lieu est prononcé en février 1989, avant que l'information judiciaire ne soit rouverte des années plus tard, en 2003. En 2018, Michel Fourniret avoue son meurtre, ainsi que celui de Joanna Parrish, une Britannique de 20 ans dont le corps avait été retrouvé dénudé dans la rivière de l'Yonne en 1990. Elle a été battue, droguée et violée.
Des premiers aveux en 2005Monique Olivier livre de premiers aveux à la justice belge en 2005 sur ces deux crimes pour lesquels Michel Fourniret est mis en examen en 2008. Il bénéficie d'un non-lieu en 2011 dans l'affaire Parrish, avant que les investigations ne soient rouvertes en 2012. L'énigme de la disparition d'Estelle Mouzin, neuf ans, par une froide journée de janvier 2003 à Guermantes (Seine-et-Marne), durera elle aussi des années. Monique Olivier finit par contredire en 2019 l'alibi fourni par le tueur en série. À LIRE AUSSI Monique Olivier, les secrets de la complice de Michel Fourniret
Quelques mois plus tard, Fourniret avoue sa responsabilité à la juge Sabine Kheris, aujourd'hui coordinatrice du pôle « cold cases » de Nanterre. La magistrate sera entendue pendant le procès. En 2020, Monique Olivier déclare que son ex-mari a séquestré, violé et tué Estelle Mouzin à Ville-sur-Lume (Ardennes). L'ADN partiel de la fillette a été retrouvé sur un matelas saisi en 2003 dans cette maison. Puis, en 2021, elle reconnaît pour la première fois un rôle dans la séquestration d'Estelle. Malgré de nombreuses fouilles, les corps de Marie-Angèle Domèce et d'Estelle Mouzin n'ont jamais été retrouvés.
Un procès pour mettre en lumière les manquements dans les investigationsCe ne sera certes « pas le procès de la justice », souligne Maître Didier Seban, qui défend Eric Mouzin, le père d'Estelle, mais côté parties civiles, on veut toutefois faire la lumière sur certains « ratés » dans les investigations. Notamment l'alibi longtemps « pas vérifié » dans l'affaire Mouzin, ou la lettre que « l'ogre » envoie à la chambre de l'instruction de Reims quelques mois avant son procès de 2008, dans laquelle il dit vouloir être jugé pour ces trois affaires. « Mais on ne fait rien », déplore Corinne Herrmann qui défend la famille de Marie-Angèle Domèce. À LIRE AUSSI Corinne Herrmann, l'avocate qui a traqué sans relâche Michel Fourniret
Eric Mouzin lui n'attend qu'une chose: que Monique Olivier, 75 ans, « soit condamnée à la hauteur du crime commis ». L'enjeu du procès n'est pas la peine qui sera prononcée, souligne cependant Richard Delgenes, qui défend l'accusée, mais que sa cliente ne soit pas jugée en lieu et place de son ex-mari. Ce n'est pas elle qui « cherche les jeunes filles », qui « kidnappe, viole et tue », insiste-t-il.
« Elle fait des aveux : sans elle, pas de procès », souligne Maître Delgenes, rappelant la participation de sa cliente aux investigations menées par Sabine Kheris pour montrer « qu'elle n'est pas comme lui ». « Sans elle, rien n'aurait été possible dans ce parcours meurtrier », argue cependant Maître Seban, parlant de « meurtres commis à quatre mains ».À LIRE AUSSI Sabine Khéris, la juge qui a fait craquer le couple Fourniret-Olivier
Monique Olivier a été condamnée à la perpétuité en 2008 à Charleville-Mézières pour complicité dans quatre des meurtres et un viol commis par Fourniret. La cour d'assises des Yvelines l'a ensuite condamnée à 20 ans de prison en 2018 pour complicité dans le meurtre de Farida Hammiche, épouse d'un ancien co-détenu de Fourniret, à qui le couple avait volé des lingots d'or. Son corps n'a jamais été retrouvé non plus.