Les derniers secrets du château de Michel Fourniret
Une chaussure gauche à chaque pied. Des cheveux hirsutes. Pas lavé. C’est ainsi que Michel Fourniret s’est présenté aux enquêteurs et à la juge d’instruction Sabine Kheris, lors de la dernière reconstitution nocturne menée à Guermantes (Seine-et-Marne) le 15 octobre. « Il avait l’air d’un vieillard extrêmement diminué », selon un observateur présent ce jour-là. L’homme de 78 ans a été retrouvé inanimé dans sa cellule de Fresnes (Val-de-Marne) vendredi matin 20 novembre, et hospitalisé à l’hôpital Henri-Mondor de Créteil, selon une information révélée par France Info.
L’enquête sur l’un des plus grands tueurs en série français risque de se heurter à son état de santé, qui s’est beaucoup dégradé cette année. Il y a bien huit victimes reconnues pour lesquelles il a été condamné à la perpétuité, quatre autres pour lesquelles il est mis en examen, et potentiellement toutes celles que tente de documenter la section de recherches de la gendarmerie de Dijon. Michel Fourniret a des absences de plus en plus fréquentes, et longues. « Il n’est plus là, il ne répond plus, puis il revient », décrit ce proche de l’affaire.
A Ville-sur-Lumes (Ardennes), le 26 octobre, Monique Olivier, son ex-femme elle-même s’est agacée face à lui : « Mais si, souviens-toi, tu m’avais dit que tu l’avais mise là. »
Cinq journées de reconstitution et des trésors de patience ont été nécessaires à la juge d’instruction Sabine Kheris pour réactiver ses souvenirs sur la disparition d’Estelle Mouzin, pour laquelle Fourniret a été mis en examen en novembre 2019 et dont il a avoué le meurtre en mars. Le tueur a fini par lâcher une information : le lieu où il aurait enterré le corps de la fillette, enlevée à Guermantes le 9 janvier 2003. Selon une information du Monde, aux alentours du château du Sautou, lui aussi dans les Ardennes.
Lieu fondateurTout au bout d’un chemin boisé, à la frontière entre la France et la Belgique, se tient une grande maison de maître aux deux tourelles pointues. Le château du Sautou, et ses quinze hectares de parc, est un lieu fondateur dans la trajectoire criminelle des époux Fourniret. Deux victimes y ont été retrouvées : Elisabeth Brichet et Marie-Jeanne Desramault. Une troisième, Céline Saison, non loin, au bout d’un sentier forestier qui mène au Sautou.
Cet édifice du XIXe siècle est aussi le fruit d’un des épisodes les plus invraisemblables du parcours du tueur en série. Car le Sautou est indissociable de l’histoire du trésor du gang des postiches.
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