Mort de Michel Blanc: «Putain Michel... Qu'est-ce que tu nous as fait ?»

L'acteur et réalisateur Michel Blanc, figure du Splendid, est décédé dans la nuit de jeudi à vendredi 4 octobre à 72 ans, des suites d’un malaise cardiaque. D’emblée le monde de la culture a exprimé sa peine.

Les premiers à manifester leur chagrin ont été les comparses du Splendid et des Bronzés. « Putain Michel... Qu'est-ce que tu nous as fait... », a écrit dans la nuit Gérard Jugnot sur les réseaux sociaux. «Michel mon pote mon frère mon partenaire», a réagi de son côté la comédienne Josiane Balasko, une autre figure de cette troupe phare des années 1970. Sur RTL, Gérard Jugnot parle «d’un coup de massue» et évoque une éventuelle «énorme» allergie à un médicament.

Ému, Patrice Leconte, le réalisateur des Bronzés, a pris la parole au micro de RTL : «Je n'arrive pas à imaginer qu'il ne soit plus là. Je suis en train de me demander comment est-ce possible. Ce qui va me manquer c'est lui, ce qu'il était », a-t-il déclaré.  

La ministre de la Culture, Rachida Dati leur a emboîté le pas:. « Michel Blanc nous a quittés. Ce matin la peine est immense, à la mesure de son talent. Devant la caméra de Bertrand Blier, de Robert Altman ou de Pierre Schoeller, Michel Blanc nous aura épatés par la variété de son jeu d'acteur, mais aussi par ses talents de réalisateur avec des films comme Marche à l'ombre ou Grosse fatigue. Le cinéma, le monde de la culture comme l'ensemble des Français ne l'oublieront pas», a-t-elle posté sur Twitter.

Plus tard dans la matinée, la troupe du Splendid, a transmis un communiqué commun à l’AFP pour célébrer la mémoire de leur « ami et compagnon » : « La Troupe du Splendid - Josiane Balasko, Marie-Anne Chazel, Christian Clavier, Gérard Jugnot, Thierry Lhermitte, Bruno Moynot - s'associent d'une seule et unique voix pour exprimer leur douleur immense suite au décès de leur ami et compagnon Michel Blanc », ont déclaré les comédiens.

L'humoriste Pierre-Antoine Damecour a salué toute l'étendue de son talent: «Le pouvoir comique de ce personnage était infini, comme le pouvoir de Michel Blanc à nous faire rire et pleurer. Merci pour tout l'artiste, tu étais Splendid. »

« Michel ! Je n'y crois pas ! Effondré », a posté sur Instagram Bruno Moynot, le fameux Zedko Preskovic du Père Noël est une ordure  offrant des « doubitchous roulés à la main sous les aisselles » à ses voisins.

« C'était notre Anthony Hopkins français, il avait une dimension shakespearienne. Il aurait pu jouer Le Silence des agneaux avec Jodie Foster. Il avait une dimension tragique, il pouvait être inquiétant et bouleversant », a déclaré Dominique Besnehard au Figaro.

En janvier 1995, Michel Blanc a joué dans Le Marchand de Venise de Shakespeare mise en scène par Jean-Luc Tardieu dans la traduction d'Eric-Emmanuel Schmitt. Il tenait le rôle de l'usurier juif Shylock qui prête de l'argent à Bassanio, le gentilhomme désargenté. L'acteur avait expliqué au Figaro : « Shylock est un rôle dramatique dans une comédie. Il a les défauts qu'on lui oblige à avoir. Ce contrat qu'il propose n'est pas diabolique, il prête de l'argent à Antonio et Bassanio qui le méprisent et déjà c'est une vengeance pour lui. Le Marchand alterne le salé et le sucré, ce qui n'est pas habituel en France. Il y a des moments intensément dramatiques et d'autres proches de la truculence». D'après Jean-Luc Tardieu, c'est Michel Blanc qui l'avait sollicité : « J'avais lu que c'était l'un de ses rêves de jouer cette pièce. Il venait de tourner Monsieur Hire, on voyait qu'il avait un autre talent que celui mis en valeur par la troupe du Splendid». Le metteur en scène, également directeur de la Maison de la Culture de Nantes (Loire-Atlantique) a gardé un souvenir précis de Michel Blanc. Il raconte au Figaro: « Il avait vu qu'on organisait des concerts. Il m'avait demandé de l'installer dans le foyer de la maison de la Culture et entre les représentations du Marchand de Venise, il nous berçait en jouant sur un piano Steinway, d'arpèges de musiques classiques avec un talent réel. Il avait un rôle lourd et long, mais il aimait partager son goût pour la musique». Sur scène, l'acteur était « facile à diriger » indique Jean-Luc Tardieu : « Il avait le sentiment d'escalader une montagne peut être plus haute que celles qu'il avait précédées, il avait une disponibilité absolue et un très bon contact avec la troupe même s'il était en puissance de vedettariat. Au-delà d'être populaire, il était en train de devenir un grand Monsieur. Après il a enchaîné en jouant Art de Yasmina Reza.»

« C'était un ami. Il était très identifié au Splendid, mais (...) il avait des couleurs de jeu extraordinaires, il avait un second degré, il avait une grande émotion, il avait une grande sensibilité hors des rôles de rigolo. Il avait cette espèce de qualité d'être tragiquement drôle », se souvient avec émotion le comédien et metteur en scène Jean-Michel Ribes, sur BFMTV.

« Sa gentillesse et son talent m'avaient tant impressionné lors de mon premier tournage de film, j'avais 18 ans, je jouais son fils. J'ai su que je voulais être acteur grâce à ce genre de rencontre », a écrit dans un vibrant hommage Pierre Niney à propos de Nos 18 ans.

Émouvante réaction de Gérard Lanvin sur X, dans le film Marche à l'ombre, réalisé par Michel Blanc. « Michel, quelle mauvaise nouvelle, repose en paix mon amigo », écrit-t-il. 

« Le cœur tout serré », Louane qui a partagé avec l’acteur l’affiche du film Marie-Line et son juge lui rend un hommage poignant, agrémenté d’une jolie photo en noir et blanc illustrant la complicité qu’elle évoque sur Instagram : «Merci de m'avoir tellement appris, pas juste au travail, mais sur comment voir la vie. Mon Michmich », a-t-elle posté.

« Vous avez “conclu” trop vite », écrit Franck Dubosc, faisant référence au personnage des Bronzés, Jean-Claude Dusse, que Michel Blanc a joué avec brio. 

Dany Boon, qui a dirigé l’acteur dans Raid Dingue, salue « un acteur, un auteur, un réalisateur exceptionnel dans la comédie comme dans le drame. Un homme drôle, intelligent et rare qui va nous manquer ». 

«On était à l’école ensemble. Il y avait le club de théâtre, Le Splendid, et le club de Jazz, c’était nous», se souvient Jean-Louis Aubert, lors d’une soirée-concert vendredi au théâtre du Trianon. Le chanteur du groupe Téléphone a témoigné sa tristesse, «ce sont des bons moments qui s’en vont. C’est nous maintenant qui sommes au bord du balcon».

Sur Instagram, Jean Dujardin a posté une photo de l’acteur dans la peau de de Jean-Claude Dusse accompagnée des mots « Adieu Michel », relayée sur X.