Masques "grand public" : 4 questions pour tout comprendre
Vendus depuis lundi dans certaines pharmacies, ces masques en tissu réutilisables ne présentent pas tous la même efficacité et doivent être portés en respectant des gestes précis. On fait le point en quatre questions.
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Il doivent constituer une de nos principales armes contre le virus à la sortie du confinement, les masques dits "grand public" viennent à peine de faire leur apparition dans certaines pharmacies, comme l'annonçait vendredi le ministre de la Santé, Olivier Véran sur France Inter.
Ces masques en tissu "à usage non sanitaire" sont différents de ceux réservés aux professionnels de santé (les masques FFP2 et chirurgicaux). Ils visent à équiper la population malgré la pénurie.
1. Quelle est l'efficacité de ces masques ?Ces masques "filtrants" pour le grand public sont reconnaissables à leur logo obligatoire.
Mais tous n'offrent pas la même efficacité. Celle-ci varie en fonction de leurs propriétés de filtration "allant de 70% à plus de 90% de filtration des particules émises d’une taille égale ou supérieure à 3 microns", indique le ministère de l'Economie et des Finances.
Il en existe deux catégories. La première est destinée aux "professionnels en contact avec le public", comme les hôtesses de caisse et les agents des forces de l'ordre. Ces masques "filtrent plus de 90% des particules émises d’une taille supérieure ou égale à 3 microns", précise le cahier des charges.
La seconde catégorie, moins protectrice, sera à l'usage de toutes et tous, ayant des contacts occasionnels avec d'autres groupes de personnes, dans les transports publics par exemple. Il s'agit donc de masques "anti-projection" qui évitent uniquement de postillonner sur les autres. Leur efficacité de filtration se situe entre 70% et 80% des particules de 3 microns émises par la personne qui porte le masque.
2. Comment les utiliser ?Au sein même de ces catégories de masques, il en existe différents types, en fonction du nombre de fois où ils peuvent être réutilisés et leur performance de filtration. Dans tous les cas, ils doivent permettre une réutilisation après lavage en machine pendant 30 minutes à 60°C, un séchage, puis un repassage que l’Institut français du textile et de l'habillement effectue à 120°C lors des tests. En cas de variation de la méthode de lavage pour conserver les performances du masque, le fabricant devra les préciser dans une notice.
Ces masques ne doivent pas être portés plus de 4 heures. L'efficacité diminue donc avec le temps. De plus, il y a des gestes à respecter lors de leur utilisation. L'Association française de normalisation (Afnor) explique qu'il faut se laver les mains avant et après l'avoir porté, le positionner en attrapant les liens pour les placer derrière les oreilles, avant d'abaisser le masque sous le menton. Une fois ajusté, le masque ne doit plus être touché.
Enfin, leur utilisation doit s'accompagner du maintien de "gestes barrières" et de la distanciation sociale, comme le répètent les autorités de santé.
3. Quels sont les critères de mise sur la marché ?Société
Même pour la fabrication des masques "grand public", le processus d'homologation est très strict
À l'issue d'un appel à propositions lancé par la Direction générale des entreprises du ministère de l’Economie et des Finances, plusieurs centaines d’entreprises et groupements d’entreprises ont proposé des prototypes de masques "grand public" que l'on retrouve listés dans ce tableau. Régulièrement mis à jour, il permet de visualiser le volume qui peut être produit par chaque entreprise, combien de fois leurs masques peuvent être lavés, ainsi que leur performance de filtration avant et après lavage.
Bien qu'il soit rappelé que leur mise sur le marché "ne fait pas l’objet d’une autorisation, ni d’une homologation", ils doivent respecter un cahier des charges élaboré par l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM).
"Les échantillons textiles (matériaux ou prototypes de masques) doivent impérativement être envoyés à l’Institut français du textile et de l'habillement, est-il précisé sur la page officielle adressée aux entreprises. Les échantillons sont ensuite répartis entre organismes de test", concernant leurs propriétés de filtration et de respirabilité. Ces tests sont conduits par la Direction générale de l’Armement (DGA) et d’autres laboratoires publics et privés.
Concernant leur design "qui doit permettre un ajustement sur le visage, avec une couverture du nez et du menton", l’IFTH et l'Afnor ont publié des patrons qui "peuvent être à adapter légèrement en fonction des caractéristiques des textiles (plus ou moins souples et plus ou moins élastiques)".
4. Comment en fabriquer soi-même ?S'agissant du prix de vente de ces masques alternatifs, il doit raisonnablement se situer entre 3 à 5 euros, évoquait Olivier Veran sur France Inter. Le prix ne sera donc pas plafonné, contrairement à celui du gel hydroalcoolique, mais variera en fonction du nombre de lavages possibles, du tissu et encore du design. Le ministre de la Santé indique qu'ils pourraient être également vendus dans les grandes surfaces, les supérettes et même les buralistes.
Mais il y a aussi la possibilité de confectionner son propre masque. Pour cela, il existe un modèle préconisé par l'Afnor, déjà téléchargé un million de fois, ainsi que des tutos, répertoriés sur son site, comme celui de l'atelier de la création ou celui de l'Atelier des Gourdes.
Il s'agit d'un "modèle à pli" de plusieurs couches de tissus, et non celui avec une couture verticale au milieu du visage.