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Maroc : après le séisme, la course contre la montre pour trouver des ...

Maroc  après le séisme la course contre la montre pour trouver des
Après le séisme dont l’épicentre se trouvait à environ 70 km au sud de Marrakech, les secours tentent d’accéder au plus vite aux villages des montagnes de l’Atlas où les dégâts sont les plus importants.

Des pans entiers des remparts construits au XIIe siècle de la célèbre médina couleur rouge sable de Marrakech écroulés. Des nuées d’oiseaux s’envolant subitement des minarets. Des foules de personnes courant en criant dans les rues étroites des souks et qui, plus tard, ont passé la nuit à l’extérieur, à même le sol, dans la crainte de répliques. Des centaines de touristes assis sur le parking de l’aéroport de Marrakech. Les images du cœur touristique du Maroc diffusées ce samedi 9 septembre ne sont qu’une ébauche de la violence du séisme de magnitude 6,8 sur l’échelle de Richter qui a touché cette région vendredi soir. Parce que si Marrakech déplore 13 morts selon un bilan provisoire, ce sont dans les villages situés vers l’épicentre du tremblement de terre, à environ 70 kilomètres au sud-ouest de la ville, dans les montagnes du Haut-Atlas que le bilan s’annonce terrible. Les secours mettront sans doute du temps avant d’atteindre ces villages, difficiles d’accès et dispersés dans les montagnes et où les maisons sont souvent construites en argile friable.

Samedi à la mi-journée, les autorités marocaines déploraient plus de mille morts, un bilan encore provisoire. Plus d’un tiers des victimes ont été dénombrées dans la région de Al-Haouz, épicentre du séisme et à Taroudant, un peu plus au sud. Les autres régions ou villes particulièrement touchées sont Ouarzazate, Azilal et Chichaoua, ont indiqué les autorités. Il s’agit du pire séisme jamais vécu par le Maroc. Selon la Croix-Rouge, «des dizaines de milliers de personnes sont à la rue, sans alimentation, ni accès à l’eau».

«Tout tremblait, tout tombait»

Il est 23h11 lorsque le séisme se déclenche. «On avait passé une soirée très sympa à siroter des cocktails et on s’apprêtait à payer, quand, vers 23h10, on a senti cette secousse, une sensation unique, comme un va-et-vient régulier et crescendo. J’ai tout de suite pensé que c’était un séisme, j’en avais vécu un petit auparavant. Ça a duré vingt secondes, mais on a eu l’impression que c’était bien plus long. Les verres ont commencé à glisser et à s’écraser au sol, les loupiottes à se balancer et on a vu de la fumée et des nuées d’oiseaux s’envoler du minaret de la Koutoubia [la plus grande mosquée de la ville, ndlr]», raconte Julie Tomeï, une Française de 35 ans venue passer un week-end à Marrakech avec une dizaine d’amis.

Une autre Française, Lucie, 29 ans, se trouvait sur un autre rooftop, sur la célèbre place Jemaa el-Fna. Avec son conjoint, ils étaient en plein voyage de noces. «D’un coup, on a senti que tout tremblait. De plus en plus fort. On n’a pas compris ce qui se passait. On ne savait pas s’il s’agissait d’un tremblement de terre, d’une explosion ou d’un immeuble qui s’écroulait. Il y a eu un grand moment de panique. Tout tremblait, tout tombait. C’était le chaos. Dans la rue, il y avait de la poussière partout, on ne voyait pas à 10 mètres. Un bout de la mosquée s’était effondré. L’atmosphère était hyper oppressante. Sur la place, il y avait énormément de personnes qui attendaient, sans savoir quoi faire. On a décidé d’aller dans le riad dans lequel nous étions hébergés pour récupérer nos bagages. On a couru, on avait peur. Des centaines de Marocains étaient allongés sur le sol avec des couvertures sur eux. On a eu l’impression de les abandonner.»

«Ma famille est sortie de la maison dès que nous avons senti les premières secousses, nous avons passé la nuit dehors par peur des répliques. Nous ne sommes revenus dans la maison qu’en début de matinée», témoigne Hamza, un vidéaste marocain de 38 ans, qui vit à Marrakech. Devant les hôpitaux marrakchis, qui accueillent les blessés de la ville mais aussi des villages voisins, de longues files de personnes prêtes à donner leur sang, se sont constituées. Parmi elles, beaucoup de touristes étrangers. «Nous sommes heureux de voir ces touristes étrangers donner leur sang, nous avons besoin de chaque goutte disponible», a réagi auprès de la chaîne Sky News Mahmoud Abghach, qui dirige un centre de don du sang.

«Nos voisins sont sous les décombres»

Outre Marrakech, la secousse a été ressentie à Rabat, Casablanca, Agadir et Essaouira, semant la panique dans le pays. Un appel national à ne pas rester à l’intérieur a été lancé et des milliers de Marocains ont passé la nuit dans la rue, par crainte de répliques et de voir s’effondrer les habitations.

A la mi-journée, les premières images des villages touchés vers le Haut-Atlas ont été diffusées, comme à Amizmiz, à environ 45 kilomètres au sud de Marrakech. Les images montrent des ruines encore fumantes et des amas de débris et des sauveteurs qui tentent de trouver des survivants. La ville, située juste au pied des montagnes, compte environ 11 000 habitants. «Nos voisins sont sous les décombres et tout le monde essaye de les sauver en utilisant les moyens du bord», a raconté à Sky News Montasir Itri, un habitant d’Asni, village de montagne situé 40 kilomètres à l’ouest d’Amizmiz et proche de l’épicentre.

L’armée marocaine a déployé «des moyens humains et logistiques importants, aériens et terrestres», ainsi que des équipes de recherche, de sauvetage, et un hôpital de campagne dans la région d’Al-Haouz, a rapporté l’agence officielle MAP.

Condoléances et envoi d’aide humanitaire

Les réactions de la communauté internationale ont été immédiates et nombreuses, de l’Allemagne à la Russie, en passant par l’Arabie Saoudite, l’Ukraine, l’Espagne ou les Emirats arabes unis. Ces condoléances ont été associées à de nombreuses propositions d’aide pour les secours, notamment la Turquie, qui a connu en février un terrible séisme, d’une magnitude de 7,8 sur l’échelle de Richter et qui a tué plus de 50 000 personnes. Le Premier ministre israélien, Benjamin Nétanyahou, a annoncé l’envoi d’une équipe d’aide dans le secteur.

Malgré des relations diplomatiques tendues, l’Algérie et la Tunisie ont également transmis leurs condoléances et proposé l’envoi d’aide humanitaire. «L‘Algérie suit avec consternation et tristesse les répercussions du violent séisme qui a frappé plusieurs régions du royaume marocain», a déclaré le ministère algérien des Affaires étrangères.

Dans un message publié sur Twitter (rebaptisé X), le président français, Emmanuel Macron, s’est dit «bouleversé» par les événements et a proposé l’aide de la France, qui compte une importante communauté d’origine marocaine. Il venait d’atterrir à Delhi où se tient ce week-end la réunion du G20. Des cellules de crise ont été ouvertes au Quai d’Orsay et à l’ambassade de France au Maroc, mais, pour le moment, aucune victime française n’aurait été identifiée, selon le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères. En revanche, samedi en début d’après-midi, le roi Mohammed VI ne s’était toujours pas exprimé. Selon les informations de Libération, il se trouvait en vacances en France au moment du séisme.

Le Maroc a déjà connu des séismes meurtriers. Le 24 février 2004, un séisme de 6,4 degrés sur l’échelle de Richter avait secoué la province d’Al-Hoceima, à 400 kilomètres au nord-est de Rabat, faisant 628 morts. Et le 29 février 1960, un tremblement de terre de magnitude 5,7 avait détruit Agadir, sur la côte ouest du pays, et fait près de 15 000 morts, soit un tiers de la population de la ville.

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