EN DIRECT Réforme des retraites : une mobilisation en hausse ...
Au fil de la journée
- Le texte de la réforme poursuit son parcours parlementaire. Vendredi, l’Assemblée nationale a entériné l’article 1 du projet d’Elisabeth Borne et Emmanuel Macron, rabotant les acquis sociaux de plusieurs secteurs. Les députés ont ainsi acté la suppression de certains régimes spéciaux, comme ceux de la RATP, des industries électriques et gazières (IEG), des clercs et employés de notaire, de la Banque de France et du Conseil économique, social et environnemental (Cese).
- La première journée de mobilisation contre la réforme des retraites, le 19 janvier, réunissait entre un et deux millions de personnes. La deuxième, le 31 janvier, a rassemblé encore plus de monde : environ 2,8 millions de personnes selon les syndicats. Pour la troisième journée, mardi 7 février, ce sont près de deux millions de personnes qui ont défilé en France selon la CGT, 757 000 selon le ministère de l’Intérieur.
- 500 000 personnes auraient défilé à Paris, selon la CGT. Dans le cortège toulousain ce matin, près de 100 000 personnes ont marché à Toulouse, selon la CGT, 30 000 selon la police. A Nice, ils étaient au moins 25 000 selon la CGT, 5 500 pour la police. A Rodez, 22 500 manifestants contre 15 000 le 31 janvier ont protesté, estime la CGT. La police, elle, en évoque 8 000.
16h53
L’intersyndicale RATP appelle à une grève reconductible à partir du 7 mars. L’intersyndicale à la RATP a appelé samedi à la première grève reconductible du mouvement contre la réforme des retraites à la Régie, à partir du 7 mars, pour obtenir l’abandon du projet. «Si le gouvernement n’entend toujours pas la détermination des travailleurs, de la jeunesse et de tous ceux qui soutiennent ce mouvement unitaire pour exprimer leur colère face à cette nouvelle injustice, il devra assumer le blocage de l’économie dans notre pays», a prévenu l’intersyndicale (CGT, FO, UNSA, CFE-CGC) de la Régie autonome des transports parisiens dans un communiqué.
16h29
500 000 manifestants à Paris, selon la CGT. Selon la CGT, 500 000 personnes ont défilé dans les rues parisiennes contre la réforme des retraites. Le syndicat estimait ce chiffre à 400 000 lors du mouvement du 7 février. La préfecture de police évoquait alors 57 000 manifestants.
16h27
Quelques incidents dans le cortège à Paris. Des incidents ont éclaté samedi à Paris en marge de la manifestation organisée pour la quatrième journée de mobilisation contre la réforme des retraites, avec notamment une voiture renversée sur la chaussée et incendiée, ont constaté des journalistes de l’AFP. Les échauffourées ont commencé peu avant 15h30 quand un groupe d’éléments radicaux a tenté de partir en «cortège sauvage» en direction de la rue de Charonne, déviant ainsi du parcours déclaré entre les places de la République et de la Nation, a rapporté la préfecture de police.
16h25
Vu de Rodez : «Pas de retraite sans planète». A deux pas du musée Soulages, c’est la première manifestation contre la réforme pour Mathilde, 30 ans. «On ne nous entend pas, il faut que tout le monde fasse sa part.» Reconvertie du marketing pour des entreprises «pas clean», elle s’est orientée vers le travail associatif où elle trouve plus de sens mais est témoin des difficultés actuelles : «Les gens nous disent “on prend les 100 euros de chèque mais la facture de fioul elle a triplé !”» Profitant du samedi, elle est venue de Sévérac-d’Aveyron avec une pancarte : «Pas de retraite sans planète». «On sait pas si dans trente ans la planète sera encore vivable. L’avenir est compliqué.» Le présent aussi, alors que la Lozère et le Tarn voisins sont déjà à la limite des alertes sécheresse, et que la neige fond sur l’Aubrac. Face à cette urgence, «il y a plein de choses qui pourraient être mises en place mais la première qu’ils font c’est une réforme non essentielle […] alors d’autres solutions sont possibles.» De notre journaliste Grégoire Souchay.
16h12
16h06
Des cortèges plus fréquentés que le 7 février ? Selon les premières estimations des syndicats pour les cortèges ayant défilé ce matin, la participation au mouvement du 11 février 2023 serait nettement plus forte que celle du 7 février. A Toulouse, les syndicats estiment à 100 000 le nombre de manifestants, contre 80 000 la fois précédente. Ils seraient 25 000 à Nice selon la CGT qui en avançait 20 000 le 7 février. A Rodez, qui avait connu 15 000 manifestants le 31 janvier, la CGT relève 22 500 protestants, contre 8 000 selon la police. Enfin, 50 000 personnes auraient marché à Clermont-Ferrand ce samedi, contre 20 000 au dernier épisode, selon les syndicats.
15h49
Vu de Paris : «Je me bats pour mes parents, pour mes amis et pour tous ceux que je ne connais pas.» Graphiste free-lance, Amandine suivait jusqu’à présent la manifestation à travers Auposte, le live Twitch animé par David Dufresne. «J’aurais bien voulu faire les manifs précédentes, mais je me suis lancée il y a un an seulement. Je n’ai pas beaucoup de clients, donc je ne pouvais pas me permettre de faire grève et prendre le risque d’en perdre», justifie la jeune femme âgée de 25 ans. Pour autant, ce n’est pas seulement pour sa propre retraite qu’Amandine a décidé de rejoindre le cortège : «J’ai fait six ans d’études, donc je sais déjà que je vais devoir travailler longtemps. Mais même si j’ai un métier confortable, je me bats pour mes parents, pour mes amis et pour tous ceux que je ne connais pas et qui, en plus d’avoir un métier pénible, vont devoir travailler au moins jusqu’à 64 ans», précise-t-elle. Avant de conclure : «Cette réforme est injuste». De notre journaliste Eloïse Duval.
15h32
Vu de Rodez : «Vous faites pitié.» Le slogan lancé par François Ruffin à l’Assemblée nationale revient en boucle sur plusieurs pancartes, comme celle de Véronique, 38 ans, salariée de bureau d’études en acoustique à Rodez, déterminée à faire entendre sa voix. «Il fait beau, pas besoin de poser des RTT. Si les gens ne sortent pas, je vois pas ce qu’il faut.» A la vue de la foule dense et joyeuse qui franchit le pont en direction du cœur historique de la préfecture de l’Aveyron, son vœu semble avoir été entendu. Mais au-delà de la retraite, c’est d’un choix de société dont il est question. «Je ne pense pas que les gens doivent se tuer au boulot.» Passée à 80% dans son entreprise, elle a conscience de sa chance d’avoir pu «choisir de travailler moins pour mieux vivre» et ajoute : «Je peux le faire mais d’autres ne le peuvent pas et c’est pour elles et eux qu’on se bat.» De notre journaliste Grégoire Souchay.
15h30
15h09
Vu de Paris : «On peut aussi contribuer à l’arrêt économique du pays.» Basile, 27 ans, est professeur de sciences économiques et sociales au lycée. Il est encore de manif ce samedi, après s’être mis en grève le 19 et 31 janvier, puis le 6 février. Se sent-il concerné par le projet d’un blocage du pays, esquissé pour le mois de mars ? «C’est vrai qu’on n’y pense pas forcément, mais si l’école ne peut pas avoir lieu, que les parents doivent garder leurs enfants, on peut aussi contribuer à l’arrêt économique du pays», réfléchit-il à haute voix. En pratique pourtant, le jeune enseignant doute que la mobilisation dans les rangs de l’éducation nationale soit assez forte pour réellement peser. «Dans mon bahut, on n’est que vingt profs super déterminés sur une centaine de collègues. Si on veut que notre établissement fonctionne en sous-régime, il va falloir très largement grossir ce nombre.» De notre journaliste Anaïs Moran.
15h06
Vu de Rodez : «Manu tu pousses le bouchon un peu trop loin». Deuxième tour pour Marc, 65 ans, et Sylvie, 63 ans, venu de Bozouls avec leur petit-fils Isaac «pour soutenir celles et ceux en activité» et «parce que c’est Macron, on le supporte pas». Sylvie est à la retraite depuis 3 ans, ancienne maître-nageuse, «quand j’ai arrêté je n’en pouvais plus». Sa sœur, aide ménagère, a été «obligée d’aller jusqu’à 67 ans» pour avoir la carrière complète. «Six mois après, elle est en morceaux.» Alors, aujourd’hui, «il n’y a qu’une solution, c’est qu’on aille dans la rue et qu’on fasse tout péter». De notre journaliste Grégoire Souchay.
15h00
Vu de Toulouse : faim de manif à l’heure des tapas. Alors que la foule se dilue doucement depuis la fin de la manif toulousaine, Geneviève, 62 ans, s’offre une pause déjeuner avec des amis en terrasse. «Au moins avec Macron, j’ai de quoi m’occuper», plaisante la sexagénaire, retraitée depuis seulement deux mois. Elle ressort sa pancarte avec de nouveaux slogans à chaque manifestation depuis janvier. Le petit groupe a commandé la dernière assiette de tapas au bar basque, une institution de la place Saint-Pierre qui se prépare à diffuser le match de rugby de cet après-midi. «On n’allait pas commander un repas à 70 euros», dit son amie lorsque la serveuse amène l’assiette de patatas bravas. De notre journaliste Stéphane Thépot.
14h41
Mélenchon : «Monsieur Macron, s’il compte sur l’usure, se trompe de pays». «Monsieur Macron, s’il compte sur l’usure se trompe de pays», déclare à Marseille le leader des insoumis Jean-Luc Mélenchon lors de la manifestation contre la réforme des retraites, prévoyant «la journée sociale la plus dense depuis cinquante ans» en France. Le président de la République «sait que l’état d’exaspération du pays à son égard est complet», a ajouté Jean-Luc Mélenchon, déplorant que le gouvernement refuse de discuter face à un mouvement de rejet «profond» de l’allongement de la durée du travail.
14h39
14h36
Grève surprise à Orly : un vol sur deux annulé. Un vol sur deux au départ ou à l’arrivée de l’aéroport de Paris-Orly a été annulé samedi après-midi en raison d’une grève de contrôleurs aériens qui n’était pas prévue, dans le cadre du mouvement contre la réforme des retraites. «Compte tenu de la constatation d’un certain nombre de grévistes à l’organisme de navigation aérienne d’Orly», la Direction générale de l’aviation civile (DGAC) «a demandé aux compagnies aériennes de réduire leur programme de vols de 50% à partir de 13 heures pour la journée», a annoncé l’administration dans un communiqué.
14h34
Vu de Paris : «La contestation est plus globale que le sujet des retraites». Serge, 36 ans, rejoint sa mère. Cet inspecteur des finances publiques a un avis que ne partagent pas forcément ses amis. «Je pense que s’il y a tant de monde encore aujourd’hui, notamment des jeunes, c’est aussi parce que la contestation est plus globale que le sujet des retraites, notamment sur la question du pouvoir d’achat.» Lui non plus n’a pas fait grève lors des autres journées de mobilisation, «pour des raisons financières». «Si nous [les jeunes] avions quelques garanties au sujet du pouvoir d’achat, nous serions probablement moins mobilisés», estime-t-il. De notre journaliste Ludovic Séré.
14h31
Vu de Rodez : un grand soleil et du rock à la sono. Devant les locaux de l’Assurance retraite dans le quartier neuf de Bourran. Comme le 19 janvier, huit bus ont été dépêchés de tout le département par la CGT. «On aurait pu faire plus mais tous les chauffeurs n’étaient pas disponibles», explique David Gistau, secrétaire de l’Union départementale. Mais c’est surtout à pied qu’une foule nombreuse afflue. L’arrivée des tracteurs des syndicalistes paysans de la Confédération paysanne donne le top départ pour un parcours en ligne droite vers le centre ville. De notre journaliste Grégoire Souchay.
14h26
Vu de Paris : «Je fais 3h30 de transports par jour». Emmitouflée dans son écharpe de laine grise, Corinne s’avance dans le cortège, qu’elle rejoint pour la première fois : «Habitant Evry, dans l’Essonne, c’était impossible sans transports de rejoindre les précédentes mobilisations», livre-t-elle en croquant dans une pomme. Salariée dans une entreprise privée, la réforme l’affecte directement : «J’ai 58 ans, donc si la réforme passe je vais devoir faire quinze moins de plus. Je fais 3h30 de transports par jour, et ça va faire quarante ans que je travaille. On a besoin de préparer notre retraite et de partir», détaille-t-elle. Avant de résumer : «Là c’est un samedi, il y a des transports, donc on peut venir sans souci. D’autant plus que, perdre une journée pour faire grève ça va, mais deux ou trois ça peut vite devenir compliqué financièrement. Là, la question ne se pose pas.» De notre journaliste Eloïse Duval.
14h21
Vu de Nice : la poupée de Macron ressortira le 16 février. La manifestation se disperse vite. La poupée de chiffon de Macron, grandeur nature, finit pliée en quatre dans un sac. Ce «paillassou» a virevolté dans les airs pendant trois heures dans les rues niçoises. Tradition du carnaval, il sort pour les manifs de Gilets jaunes, pour le climat, pour les retraités. «Les gens mettent tous leurs problèmes dedans. Et on lance le plus loin possible, explique Thomas, professeur des écoles et papa du paillassou. C’est une catharsis.» Le faux Macron ressortira le jeudi 16 février pour la cinquième journée de mobilisation. Ce sera encore le temps du Carnaval à Nice. De notre journaliste Mathilde Frénois.
14h18
Vu de Paris : «Je préfère perdre quelques mois de salaire plutôt que de devoir cotiser jusqu’à la mort». Le cortège parisien grouille de bandes de copains et de discussions autour de la grève générale évoquée par l’intersyndicale. C’est la petite musique du moment, cet appel au durcissement imminent du mouvement et Frédéric, plombier de 53 ans, s’en réjouit. Cet habitant de l’Essonne estime cette «stratégie du foutoir» nécessaire. «A titre personnel, je serai touché si la RATP se lance dans une grève reconductible, parce que j’ai pas mal de chantiers à Paris donc je suis souvent sur la ligne du RER D. Si je n’honore pas mes contrats, mon manque à gagner pourrait être très important en l’espace d’une ou deux semaines, développe-t-il. Mais je préfère perdre quelques mois de salaire plutôt que de devoir cotiser jusqu’à la mort.» De notre journaliste Anaïs Moran.
14h15
Vu de Paris : «Qu’est-ce qu’on perdra dans le futur ?». Pablo, 24 ans, se marre. «Je suis stagiaire dans la finance donc autant dire que, non, la grève n’est pas envisageable pour moi !» Son pote Julien, 32 ans et qui bosse dans une ONG écolo, se moque. «Ou alors tu poses tous tes jours de congés !» Manifester ce samedi est important pour eux. Ils sont en colère contre les arguments avancés pour justifier la réforme des retraites. «Oui, l’espérance de vie augmente mais pas l’espérance en bonne santé, qui soit stagne soit diminue en fonction des métiers.» «Surtout, s’inquiète Julien, si on perd ces acquis sans se battre, qu’est-ce que perdrons dans le futur ?» De notre journaliste Ludovic Séré.
14h11
Vu de Nice: «Je n’ai jamais vu autant de monde». Gérard habite sur la place Garibaldi de Nice. Derrière sa fenêtre, il est le baromètre des manifs niçoises. «Elles passent toutes ici. Et je n’ai jamais vu autant de monde, affirme-t-il, dans sa marinière et ses chaussons charentaises. A Nice, c’est significatif. D’habitude, ce ne sont que de petites manifestations drôles et sympathiques.» Urgentiste de métier, ce Niçois de 80 ans est «contre» ces rassemblements qui s’opposent à la réforme des retraites. Il est obligé de se l’avouer : «Il y a du monde.» Au moins 25 000 selon la CGT, 5 500 pour la police. De notre correspondante Mathilde Frénois.
14h07
Vu de Paris : «Les cortèges entre braves gens gentils, le gouvernement les ignore». Villedieu, cheminot avec béret et gilet de sécurité fluo, est venu manifester en famille. Evénement rare. Accompagné de sa femme et de ses deux filles, il est ravi de pouvoir vivre une «mobilisations bon enfant» même si ses objectifs de syndicaliste sont ailleurs. «La question qui se pose maintenant, c’est de cranter la mobilisation, c’est-à-dire passer à un niveau supérieur, parce que les cortèges entre braves gens gentils, le gouvernement les ignore», explique-t-il. Avec ses collègues, ils seront là le 7 mars pour la grève reconductible si le gouvernement ne bouge pas d’un iota. «On a trois semaines pour se préparer, se coordonner avec le secteur de l’énergie, de l’éducation… Je crois beaucoup à l’émulation collective. Tous ensemble on doit se dire “mais qui sont ces dingues qui n’écoutent pas leur peuple”?» De notre journaliste Anaïs Moran.
14h01
Vu de Paris : «Je ne suis pas prête de lâcher». Emmanuelle accompagne son collègue, Luc. «Il ne veut pas être sur la photo !» Elle dit assumer ses convictions. «Je suis directement touchée par la réforme, je devais partir dans cinq ans, je vais finalement partir dans six ans et demi.» Dans l’administration au CNRS, Emmanuelle s’est déjà mobilisée le 31 janvier, mais elle n’a pas pu faire toutes les manifestations pour des raisons financières. «Un samedi ça va, de toute façon je ne suis pas prête de lâcher !» Elle ne cache pas son exaspération face à un «Macron qui n’écoute rien». «C’est idéologie contre idéologie maintenant, on verra bien qui gagnera.» De notre journaliste Ludovic Séré.
13h56
Vu de Paris : «Là on va à reculons». «Moi j’ai 75 ans, je suis parti à la retraite à 60 ans. Et je n’en pouvais plus, je me voyais mal faire deux, trois, quatre, voire cinq ans de plus», souffle Jean-Paul, un ancien professeur d’histoire. Avec cinq enfants et 17 petits-enfants, Jean-Paul a bravé des ennuis de santé qui jusque-là l’avaient empêché de se joindre aux cortèges pour se mobiliser contre une réforme qui, selon lui, relève de «la folie douce». «Deux de mes filles sont infirmières de nuit. Une autre est aide-soignante de nuit aussi. Comment vont-elles faire pour s’occuper des malades à cet âge-là ?» fulmine-t-il. «Et puis, on dit 64 ans, mais pour quelle pension ? Pour beaucoup, ce sera 67. Nos parents se sont battus pour ça et là on va à reculons. Et c’est de la folie», scande le retraité tandis que son fils le rejoint en courant. De notre journaliste Eloïse Duval.
13h43
Roussel voit grand. A quelques heures du début de la manifestation parisienne, le communiste Fabien Roussel s’enflamme sur Twitter. «La France des villes et des champs se lève, unie, pleine de vie et de justice contre la réforme Macron», écrit-il tout en anticipant «la plus grande manif des quarante dernières années». «Dans la rue, venez avec vos enfants, amis, voisins !» appelle-t-il.
Ça s’annonce énorme !La France des villes et des champs se lève, unie, pleine de vie et de justice contre la réforme Macron.
Aujourd’hui sera la plus grande manif des 40 dernières années !
Dans la rue, venez avec vos enfants, amis, voisins !On va gagner !#manif11fevrier pic.twitter.com/y8pduEBc2N
— Fabien Roussel (@Fabien_Roussel) February 11, 2023
13h34
Vu de Paris : «C’est important d’être là aujourd’hui». Michelle attend son ami place de la République à Paris, elle prend en photo un slogan pour le retour de l’ISF. A 60 ans, elle se mobilise aujourd’hui car c’est le week-end. «Je travaille à Action Logement, je ne sais pas comment l’expliquer mais je ne me vois pas faire grève.» Michelle estime que, comme elle, des millions de Français sont contre la réforme mais ne se mobilisent pas forcément par manque d’habitude, par peur du regard des autres ou pour des raisons financières. «C’est important d’être là aujourd’hui, j’aimerais les voir nos décideurs avec une retraite de 1000 euros par mois…» De notre journaliste Ludovic Séré.
13h24
Vu de Nice, la créativité sur les pancartes de manif. Il faut s’approcher de très près pour lire la pancarte d’Isabelle. La petite affiche ne dépasse pas le format A4. «On fait avec les moyens qu’on a, rigole la Niçoise de 52 ans. Elle est petite mais elle est précieuse.» Surtout, il faut se remémorer ses cours de latin. Cette prof de lettres classiques a écrit dans la langue de César : «Avé, ceux qui vont mourir te saluent.» Traduction en langue de manifestante : «Le système français s’effondre.» Sa copine et collègue de l’éducation nationale Célia, 45 ans, collectionne justement les photos des meilleures pancartes. Les «working dead» sont dans son Top 3. De notre journaliste Mathilde Frénois.
12h59
Les syndicats confiants sur l’ampleur de la mobilisation. Il est trop tôt pour dire si ce premier samedi de mobilisation, après trois journées en semaine, sera à la hauteur des attentes syndicales, mais les premières remontées des uns et des autres les incitent à la confiance. La CFDT enregistre des cortèges plus fournis que le 31, qui avait marqué un record de mobilisation, «dans une vingtaine de villes» qui ont déjà défilé. «A Toulouse, c’est plus fort aujourd’hui que depuis le début du mouvement», croit savoir Philippe Martinez (CGT). Quant à Frederic Souillot (FO), il affirme qu’il y a plus de monde à Amiens que le 31 janvier.
12h52
Vu de Nice, le cortège prend des airs de Carnaval. A Nice, le quatrième jour de mobilisation coïncide avec le premier jour du Carnaval. Lieu d’expression et de satire. Il n’en fallait pas plus pour que Laurent, 52 ans, sorte son chapeau de bouffon. «Une manifestation, c’est le médicament de l’âme, expose cet habitué des cortèges. Un carnaval, c’est le médicament de l’esprit.» Laurent fait résonner son sifflet et son djembé. La retraite, il n’ose y penser. Aujourd’hui c’est jour de fête. Carnaval et manif, même combat. «C’est une échappatoire, dit-il. Le seul moment où l’on peut dire des choses sans être critiqué ou jugé. C’est un moyen d’expression, en s’amusant.» Il rejoint le cortège en faisant tinter les grelots du bout de son chapeau. De notre journaliste Mathilde Frénois.
12h48
Vu de Toulouse, l’affluence au rendez-vous. Les boulevards de la ville rose noirs de monde. Alors que la tête de la manifestation vient d’arriver dans le quartier Saint-Cyprien, sur la rive gauche de la Garonne, la queue de cortège passe à peine devant le marché quotidien du Cristal, place Jeanne d’Arc. Soit un beau «bouchon» piéton de 3,4 kilomètres, sous le soleil. Les chiffres de participation de la première manif toulousaine, que l’on pouvait estimer autour de 50 000 personnes, devraient être franchement débordés dans une ambiance familiale. De notre journaliste Stéphane Thépot.
12h45
«Mettre la France à l’arrêt» le 7 ? Les syndicats insistent sur leur «avertissement». Avant de rejoindre le cortège parisien, qui va s’élancer depuis la place de la République, les numéros 1 des syndicats font le SAV de leur communiqué devant la presse. «Mettre la France à l’arrêt» ? Le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, ne se souvient pas que l’expression ait déjà été utilisée dans un communiqué d’intersyndicale, même en 2010 contre le précédent report de l’âge légal. «C’est un avertissement», explique François Hommeril, le président de la CFE-CGC, face à «un gouvernement qui fait comme si le mouvement social n’existait pas». «Hormis pour nous dire qu’on sait organiser des manifestations et qu’on est joyeux, on n’est pas entendus», complète son homologue de la CFTC, Cyril Chabanier.
Aucun responsable n’exclut une nouvelle journée nationale entre le 16 février et le 7 mars, mais l’idée avec cette annonce très en avance est clairement de donner le temps aux structures de s’organiser pour «faire du 7 mars un moment immense, massif», assumé Benoit Teste, secrétaire général de la FSU. Et un prélude à une éventuelle grève reconductible ? Tous le disent : «ça ne se décrète pas» – même si, selon nos informations, Solidaires s’y prépare. «Le 7 au soir, il y aura des AG partout», promet en tout cas Frédéric Souillot, le numéro 1 de FO. De notre journaliste Frantz Durupt.
12h40
Vu de Nice, on s’amuse avec les slogans. Il faut s’approcher très près pour lire la pancarte d’Isabelle. La petite affiche ne dépasse pas le format A4. «On fait avec les moyens qu’on a, rigole la Nicoise de 52 ans. Elle est petite mais elle est précieuse.» Surtout, il faut se remémorer ses cours de latin. Cette prof de lettres classiques a écrit dans la langue de César : «Avé, ceux qui vont mourir te saluent.» Traduction en langue de manifestante : «Le système français s’effondre.» Sa copine et collègue de l’éducation nationale Celia, 45 ans, collectionne justement les photos des meilleures pancartes. Les «working dead» sont dans son top 3. De notre journaliste Mathilde Frénois.
12h02
Le 7 mars : «Mettre la France à l’arrêt dans tous les secteurs professionnels». Huit responsables syndicaux alignés pour une affirmation : «L’intersyndicale est prête à durcir le mouvement.» A une heure du début officiel de la quatrième manifestation parisienne contre la réforme des retraites, les numéros 1 des syndicats mobilisés se réunissent devant la presse à la Bourse du travail, à deux pas de la place de la République.
L’objet de l’événement est double : d’abord, après trois journées réussies, afficher un visage uni pour en lancer une quatrième ce samedi, qui promet de l’être au moins autant. Ensuite, évoquer la suite. Dès la semaine prochaine d’abord, le jeudi 16 février, Laurent Berger, Philippe Martinez et leurs homologues prendront la tête du cortège non pas à Paris, mais à Albi, une de ces fameuses villes moyennes où l’ampleur de la mobilisation a pris des proportions inimaginables : le 31 janvier, près de 15 000 personnes avaient défilé dans les rues de la préfecture du Tarn, qui compte 50 000 habitants.
Ils annoncent aussi, dès maintenant, deux nouvelles journées de mobilisation – consécutives, cette fois – pour le cas où le gouvernement ne retirerait pas son projet : le 7 mars, avec une expression lourde de sens, «Mettre la France à l’arrêt dans tous les secteurs professionnels» ; et des actions le 8 mars, à l’occasion de la journée internationale des droits des femmes.
11h54
Vu de Toulouse, la réforme des retraites ravive d’autres mécontentements. Steeve, 53 ans, fait partie d’un petit groupe d’amis qui manifestent en chasubles oranges contre la Zone à faible émission, rebaptisée «Zone de forte exclusion». Intérimaire, il n’a pas de voiture mais a profité d’un covoiturage pour se rendre au centre de Toulouse. «J’ai vécu à Londres, Macron veut passer en force comme en Angleterre», analyse ce Martiniquais qui s’est installé à Toulouse depuis trois ans. Ancien adhérent de la CGT, Steeve raconte qu’il manifestait aussi à Fort-de-France avant le confinement. De notre journaliste Stéphane Thépot.
11h48
Vu d’Argentan, on manifeste en famille. Devant la mairie d’Argentan (Orne), une majorité de personnes n’affiche aucune couleur syndicale. Il y a d’ailleurs plus de familles que lors des précédentes manifestations en semaine, assure un représentant CGT de l’Orne. Comme Christophe, 35 ans, venu avec ses trois fils et son père, Said, 62 ans. Christophe travaille au crématorium d’Argentan. «Je ne peux pas me mettre en grève en semaine, cela voudrait dire laisser des familles déjà dans la peine.» Il raconte les cercueils à porter, le travail dans les cimetières. «Arrivé à un certain âge, c’est trop dur physiquement et moralement pour que l’on puisse continuer», soupire-t-il. Le cortège arrive à la gare un peu plus d’une heure après. Ils étaient 1 300 personnes selon la police, 1 600 selon la CGT.
11h26
Vu de Toulouse, les enfants sont de la fête ! «On veut des bonbons !» Julia, 6 ans, manifeste pour la première fois avec sa maman. Véronika, 41 ans, explique qu’elle ne pouvait pas défiler avec sa fille en semaine. «Je suis là surtout pour dire à Macron qu’il a été élu par défaut et n’a pas reçu mandat pour réformer les retraites», dit cette juriste dans une entreprise privée. Elle confie qu’elle a voté Mélenchon à l’élection présidentielle et s’est abstenue au 2ème tour. De notre journaliste Stéphane Thépot.
11h19
Vu de Toulouse, le cortège s’élance avec des gilets jaunes à sa tête. La manif toulousaine a démarré vers 11 heures sur les boulevards, avec une petite demi-heure de retard. Quelques centaines de gilets jaunes devancent la tête de cortège de l’intersyndicale qui avait donné rendez-vous au monument aux Morts. Une habitude dans la ville rose. «Ils sont partis directement de Jean-Jaurès et ont profité des gens qui arrivaient en métro et n’arrivaient pas à remonter la foule», confie un vieil habitué des cortèges toulousains qui suit la manif avec la chasuble bleue de l’observatoire des violences policières. De notre journaliste Stéphane Thépot.
11h06
Exclusion temporaire de Thomas Portes, Raquel Garrido dénonce un «abus de pouvoir». La députée LFI Raquel Garrido a dénoncé samedi un «abus de pouvoir» après l’exclusion temporaire de l’Assemblée de son collègue insoumis Thomas Portes. «Ce n’est pas concevable qu’en pleine bataille sur les retraites, les macronistes aient l’audace de tordre le règlement intérieur au point d’exclure un opposant», a affirmé l’élue de Seine-Saint-Denis sur RMC. Cette décision a été «organisée par la majorité, télécommandée par l’Elysée, avec le soutien de Marine Le Pen, pour ôter une voix à l’opposition», a-t-elle assuré. Thomas Portes a été exclu vendredi pour quinze jours de séances de l’Assemblée en raison d’une photo postée sur Twitter où il posait, ceint de son écharpe tricolore, le pied posé sur un ballon à l’effigie du ministre du Travail, qui porte la réforme à l’Assemblée. «Si les macronistes considèrent que ça outrepasse les règles de notre pays sur la liberté d’expression, ils peuvent aller devant les tribunaux. Mais la présidente de l’Assemblée nationale n’a pas la compétence pour faire la police de la parole des députés sur Twitter», a ajouté Raquel Garrido.
Bataille parlementaire
10h59
L’exécutif sous pression des oppositions. Si le gouvernement ne tient pas compte des demandes des Français sur les retraites, «on aura à l’issue de cette réforme un divorce encore plus prononcé, encore plus inquiétant, entre les Français et ceux qui nous gouvernent», a averti samedi sur France Inter le président LR de la région Hauts-de-France, Xavier Bertrand. A gauche, la maire de Paris, Anne Hidalgo, a assuré dans un tweet que la ville serait toujours «solidaire du mouvement social». La députée LFI Raquel Garrido, espérant sur RMC une «mobilisation historique», a «salué la décision de l’intersyndicale de faire une mobilisation un samedi».
10h40
Coup d’envoi pour la manifestation du jour dans plusieurs villes. A Argentan, dans l’Orne, la manifestation contre la réforme des retraites se met en place. Près de 2 000 personnes dans cette ville de 13 000 habitants lors des deux premières journées de manifestation. La très grande majorité des manifestants n’affiche aucune couleur syndicale. Au micro, un délégué CGT demande à «toutes les organisations syndicales des entreprises d’Argentan» de venir chercher des pétitions à faire signer autour d’eux et à destination des trois députés de l’Orne. Les délégués des entreprises sont déjà appelés à se réunir sur le parvis de la gare d’Argentan à la fin de la manif. «Préparez vos gamelles, vos louches, on veut faire du bruit et on va aller à la sous-préfecture le 16 février», explique un délégué CGT. Beaucoup de monde afflue. De notre envoyé spécial à Argentan, Damien Dole.
A Argentan, dans l'Orne, la manifestation contre la réforme des retraites se met en place. Près de 2000 personnes dans cette ville de 13 000 habitants lors des deux premières journées de manifestation. La très grande majorité des manifestants n'affiche aucune couleur syndicale. pic.twitter.com/bcZkX0TfEP
— Damien Dole (@DamienDole) February 11, 2023
10h30
Retraites : Laurent Berger et Philippe Martinez font la paire des choses. Laurent Berger et Philippe Martinez rient. Epaule contre épaule, ce 7 février à Paris, pour la troisième journée nationale de mobilisation contre le projet de réforme des retraites, ils tiennent la banderole blanche sur laquelle s’étale en lettres rouges ce mot d’ordre : «Travailler plus longtemps, c’est non !» Si les secrétaires généraux de la CFDT et la CGT badinent devant les objectifs, c’est parce qu’ils viennent de recevoir chacun un SMS d’un journaliste qui leur demande de se recoiffer pour la photo. Cette dernière est symbolique. Depuis treize ans, on n’avait pas vu les représentants des deux syndicats les plus puissants de France unis dans la rue contre un projet gouvernemental. Lire notre analyse.
10h15
Transports : des trains qui circulent pour plus de manifestants ? Sans appel à la grève, les réseaux RATP et SNCF devraient fonctionner normalement, permettant à tous de venir manifester, ont souligné les syndicats. «Dépasser le million de manifestants ça serait un beau succès», estime Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT. De source policière, on s’attend à une participation comprise entre 600 000 et 800 000 personnes, dont 90 000 à 120 000 à Paris, où le défilé ira de République à Nation. 10 000 forces de l’ordre seront mobilisées partout en France, dont 4 500 à Paris. Les trois premières journées d’action – du 19 janvier, 31 janvier et 7 février – ont réuni entre 757 000 et 1,27 million de personnes selon les autorités (entre «près de deux millions» et «plus de 2,5 millions» selon l’intersyndicale), sans infléchir l’exécutif, qui tient bon sur la mesure phare de la réforme, le recul de l’âge légal de départ à 64 ans.