Attaque de Magdebourg : ce que l'on sait du suspect "islamophobe"
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L'auteur présumé de l'attaque sur le marché de Noël de Magdebourg, un médecin saoudien, est "islamophobe", a déclaré, samedi 21 décembre, la ministre allemande de l'Intérieur, Nancy Faeser, alors que le bilan du drame s'est alourdi à cinq morts et plus de 200 blessés. La piste d'un attentat islamiste semble ainsi s'éloigner, même si les raisons de l'acte restent mystérieuses.
Venu se recueillir sur les lieux avec plusieurs ministres y compris la ministre de l'Intérieur, le chancelier Olaf Scholz a lancé un appel à la cohésion nationale après l'attaque "folle" dont l'auteur présumé de 50 ans, installé en Allemagne depuis 2006, a été arrêté vendredi peu après le carnage.
Le chancelier allemand a promis dans ce contexte "d'agir contre ceux qui veulent semer la haine". Il a appelé les Allemands à se "serrer les coudes" après un "acte terrible", "fou" et une "catastrophe" pour le pays tout entier, alors que l'extrême droite de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) s'est déjà saisie de l'attaque pour dénoncer l'accueil des étrangers et réfugiés dans le pays.
"Quand cette folie prendra-t-elle fin ?", a ainsi écrit sur le réseau X la coprésidente de l'AfD Alice Weidel, dont le parti est crédité de la deuxième place dans les sondages, à près de 20 %, en vue d'élections législatives fin février.
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Accepter Gérer mes choixL'attaque est survenue huit ans presque jour pour jour après un acte similaire commis sur un marché de Noël de Berlin. Mais en l'état, les autorités semblent exclure un acte islamiste tel que celui commis à Berlin en 2016.
Car le profil de l'auteur présumé, Taleb Jawad H. Al Abdulmohsen, arrêté à côté de la voiture bélier, suscite beaucoup d'interrogations. "Nous devons précisément comprendre l'auteur, ses agissements et ses motivations et ensuite en tirer les conséquences sur le plan judiciaire", a dit Olaf Scholz.
Un médecin aux prises de position anti-islam
L'auteur présumé de l'attentat meurtrier sur un marché de Noël de la ville de Magdebourg en Allemagne, est un réfugié saoudien de 50 ans issu d'une famille musulmane chiite, mais se déclarant ouvertement "athée" et "anti-islam".
Installé en Allemagne depuis 2006, ce médecin exerçait comme psychiatre dans la petite ville de Bernburg, non loin de Magdebourg, où il disposait du statut de réfugié. Loin de sympathiser avec la mouvance jihadiste, il s'était au contraire fait connaître depuis des années par ses prises de position fréquentes sur les réseaux sociaux contre l'islam. Il disait se sentir persécuté en dénonçant les "dangers" d'une islamisation de l'Allemagne dont Berlin serait co-responsable.
L'homme est issu d'une famille chiite de la ville de Hofouf, dans la province majoritairement chiite d'al-Ahsa, dans l'est du royaume saoudien. Il est arrivé en Allemagne en 2006 et a obtenu le statut de réfugié en 2016, selon les médias allemands et un militant saoudien. Il a vécu et travaillé pendant des années dans la région de Saxe-Anhalt, dont la capitale est Magdebourg, à 160 kilomètres de Berlin.
L'homme s'est d'abord fait connaître dans la communauté des émigrés saoudiens en Allemagne en aidant des demandeurs d'asile, des femmes notamment, avant de sympathiser plus récemment avec des positions de l'AfD ou d'Elon Musk.
"Il s'agit d'une personne psychologiquement perturbée"
Dans un entretien au média allemand Frankfurter Rundschau il y a quelques années, il affirmait avoir été "menacé de mort pour apostasie de l'islam", un argument souvent invoqué par plusieurs demandeurs d'asile en Europe.
En 2022, dans un entretien avec l'AFP, il s'était présenté comme "un Saoudien athée", affirmant que les "jeunes saoudiens, en particulier les femmes, ne fuient pas seulement le régime saoudien, ils fuient aussi l'islam". "L'éducation islamique rigoureuse est la cause de tous les problèmes des musulmans, en particulier des femmes", selon lui.
Certains médias lui prêtent même des accointances avec l'extrême droite allemande. Il était en tout cas connu dans la communauté des émigrés saoudiens en Allemagne. "Il s'agit d'une personne psychologiquement perturbée et excessivement prétentieuse", a déclaré à l'AFP Taha al-Hajji, de l'Organisation euro-saoudienne pour les droits de l'Homme (ESOHR), basée à Berlin. "Il ne s'agit certainement pas d'un attentat motivé" par la religion, a-t-il ajouté.
Selon Hajji, le suspect était "banni" de la diaspora saoudienne en Allemagne où il était pourtant connu pour son aide aux demandeurs d'asile, les femmes notamment.
En août dernier, il écrivait sur son compte X : "Existe-t-il une voie vers la justice en Allemagne sans faire exploser une ambassade allemande ou égorger au hasard des citoyens allemands ? Je cherche cette voie pacifique depuis janvier 2019 et je ne l'ai pas trouvée. Si quelqu'un la connaît, merci de me le faire savoir".
Sous sa publication, il dénonçait "les crimes commis par l'Allemagne contre les réfugiés saoudiens et l'obstruction de la justice, peu importe la quantité de preuves que nous leur présentons".
Un bilan qui s'alourdit
"En l'état actuel de l'enquête il n'est pas encore possible de catégoriser ce qui s'est passé sur le marché de Noël", a indiqué la police locale.
Parmi les personnes, parfois en larmes, se recueillant sur le porche de l'église Johanneskirche, Michael Raarig, ingénieur à la retraite de 67 ans, s'est dit "triste et choqué". "Je n'aurais jamais cru que cela était possible ici", souligne-t-il.
Plusieurs passants ont exprimé leur colère à l'égard du gouvernement allemand et de l'accueil des étrangers dans le pays. "Parle avec l'AfD !", a lancé au chancelier un badaud lors d'un recueillement près de l'église. "Quand tant de gens viennent chez nous, il faut aussi y regarder d'un peu plus près. On paye maintenant la facture", a aussi jugé Michael Raarig.
Le bilan est monté samedi de 2 à 5 morts et à plus de 200 blessés, a indiqué le chef du gouvernement régional, Reiner Haseloff. Mais il n'est que très provisoire car, selon Olaf Scholz, 40 personnes ont subi des blessures d'une gravité telle "qu'on peut être inquiet" à leur sujet.
Vers 19h00 (18h00 GMT) vendredi, une voiture BMW puissante s'est subitement engouffrée dans les allées du marché de Noël en fauchant un à un les visiteurs sur son passage sur quelque 400 mètres.
Avec l'AFP