Macron marchande à Washington pour repositionner l'Europe sur le ...

En déplacement aux États-Unis quelques jours avant le Premier ministre britannique Keir Starmer, Emmanuel Macron a confirmé lundi la proposition européenne de déployer des soldats sur le terrain pour apporter à l’Ukraine des « garanties de sécurité ».
« Nous voulons la paix. Cette paix ne peut pas signifier la capitulation de l’Ukraine », a prévenu le président de la République, lors d’une conférence de presse tenue avec son homologue américain, au terme d’un voyage à Washington où il a inlassablement répété s’exprimer au nom de l’ensemble de ses partenaires européens.
« Personne n’a envie de vivre dans un monde où la loi du plus fort peut s’imposer », a-t-il lancé.
Emmanuel Macron entendait remettre le Vieux continent au centre des négociations pour la conclusion d’un éventuel cessez-le-feu en Ukraine. Donald Trump aura de son côté pris soin tout au long de la journée de souligner que sa bonne volonté serait conditionnée par la signature d’un accord avec l’Ukraine sur les minerais critiques et les terres rares.
« Nous sommes très proches d’un accord », a confirmé le président américain depuis la Maison-Blanche, lors d’une conférence de presse improvisée un peu plus tôt dans la journée, soulignant que Volodymyr Zelensky pourrait faire le déplacement à Washington « cette semaine ou la suivante » afin de conclure les négociations.
Washington réclamait initialement à l’Ukraine environ 477 milliards d’euros de richesses minières en contrepartie du soutien militaire et économique apporté depuis trois ans à Kiev, une demande rejetée par le président ukrainien qui avait exclu de signer un texte que « dix générations d’Ukrainiens » devront payer.
Cet accord est « le moyen d’obtenir une implication américaine forte », a de son côté concédé Emmanuel Macron. Le président cherchait à obtenir l’appui des États-Unis dans l’hypothèse du déploiement de soldats européens sur le terrain, après la conclusion d’un cessez-le-feu entre l’Ukraine et la Russie.
« Une force européenne de paix pourra se rendre en Ukraine lorsqu’un accord aura été trouvé, ce ne sera pas un problème », a lancé le président américain, expliquant que le président russe Vladimir Poutine pourrait accepter le déploiement de soldats européens comme une partie de l’accord visant à mettre fin à la guerre. « Oui, il acceptera », a-t-il souligné.
Précédant de trois jours le Premier ministre britannique Keir Starmer à Washington, Emmanuel Macron a expliqué que « plusieurs pays européens et non européens » étaient prêts à participer à l’effort sur le terrain. « Leur question à tous est la suivante : est-ce que c’est d’accord avec les États-Unis d’Amérique ? Et le Président a eu des mots très forts tout à l’heure pour dire oui », s’est encore félicité le président de la République.
Par la voix d’Emmanuel Macron, les Européens ont « fait la preuve de leur cohérence et de leur opiniâtreté », note Sylvain Kahn, spécialiste de l’Union européenne pour la Fondation Jean Jaurès et professeur au Centre d’histoire de Sciences Po. « Mais il ne faut pas se faire d’illusions, les négociations viennent juste de débuter et face aux Américains, tous les pays européens doivent œuvrer au plus vite à une Europe de la Défense ».
Lors d’un entretien télévisé lundi, Vladimir Poutine a de son côté expliqué que les Européens pouvaient « participer » au processus de règlement du conflit en Ukraine, et il s’est dit favorable à des investissements américains pour exploiter les minerais stratégiques se trouvant dans le sol des territoires d’Ukraine occupés par l’armée russe.
« Nous sommes prêts à attirer des partenaires étrangers dans nos nouveaux territoires historiques qui ont été restitués à la Russie. Il y a là certaines réserves. Nous sommes prêts à travailler avec nos partenaires, y compris américains, dans les nouvelles régions », a déclaré le président russe.

(sn)