Première ministre : qui est Lucie Castets, candidate de la gauche ...

Plus de deux semaines après le second tour des élections législatives, le Nouveau Front populaire, arrivé en tête mais sans majorité absolue, a trouvé in extremis un accord pour Matignon mardi soir. La gauche a en effet proposé au président de la République le nom de Lucie Castets, haute fonctionnaire issue de la société civile, pour le poste de Première ministre. Une candidature surprise, la trentenaire étant inconnue du grand public.

Une militante engagée à gauche

Âgée de 37 ans, Lucies Castets est née et a grandi à Caen où sa famille habite toujours. C'est d'ailleurs dans le Calvados qu'elle a commencé à militer au sein du parti socialiste, d'abord en tant que membre de la section de Caen rive droite du PS. Elle faisait partie dans les années 2010 d'un think tank "Point d'ancrage", revendiqué "social-réformiste". En 2015, à 28 ans, elle était inscrite sur la liste socialiste aux élections régionales, en position non éligible.

Proche du courant "Besoin de gauche" porté par l'ex-ministre socialiste des Finances Pierre Moscovici, Lucie Castets s'est notamment impliquée dans le combat pour le mariage pour tous, l'égalité hommes-femmes, mais aussi pour une meilleure redistribution des finances mondiales. Elle fait aussi partie du bureau de l'Observatoire national de l'extrême droite, aux côtés notamment des Insoumis Thomas Portes et Caroline Fiat et de Marine Tondelier.

Gilles Derville, conseiller régional socialiste de Normandie, la connaît très bien. Il a vécu son entrée en politique à Caen : "Elle a un profil tout à fait intéressant, c'est une femme engagée à gauche, une militante. Elle coche beaucoup de cases, c'est une femme et promouvoir les femmes au plus haut niveau de responsabilités, c'est un devoir, je dirais. Et c'est une femme encore jeune donc pleine d'énergie qu'il faut à un poste de responsabilité comme celui-là".

Pour Gilles Dervile, elle a également "cette double casquette d'être ou d'avoir été militante d'un parti et d'avoir été très impliquée dans la société civile pour défendre les causes auxquelles elle croit beaucoup : celle de la justice fiscale et celle de la défense des services publics en particulier."

"Un parcours professionnel au service de l'État remarquable"

Aujourd'hui directrice des finances et des achats de la ville de Paris, cette haute fonctionnaire, diplômée de l'ENA, a notamment été à la tête de Tracfin, la cellule française de renseignements financiers. En 2021, Lucie Castets a co-fondé le collectif "Nos Services Publics", dont elle est aujourd'hui la porte-parole. Ce collectif est résolument opposé à la politique du gouvernement sortant pour la fonction publique.

Elle se défend aujourd'hui de n'appartenir à aucun parti, d'être "hors du monde politique". Lucie Castets se présente comme "une femme de gauche engagée", une "citoyenne engagée". Qualifiant son profil de "technique", elle insiste également sur son "engagement sincère et actif dans le milieu associatif, en particulier dans le domaine de la défense des services publics".

"Elle a un parcours professionnel au service de l'État et des collectivités territoriales remarquable, avec des engagements forts sur la justice fiscale, la lutte contre l'évasion fiscale", a souligné auprès de l'AFP le cofondateur de "Nos Services publics" Arnaud Bontemps. "C'est une personne très engagée sur l'école, l'hôpital, la justice sociale."

Abrogation de la réforme des retraites et revalorisation des salaires comme priorités

Contactée lundi par le NFP, et après avoir parlé avec les chefs des quatre partis qui composent l'alliance de gauche, Lucie Castets a souligné sur X avoir accepté "avec détermination et responsabilité" la proposition du Nouveau Front populaire.

Elle a déclaré avoir parmi ses "grandes priorités" l'"abrogation de la réforme des retraites" d'Emmanuel Macron, une "grande réforme fiscale pour que chacun, individus et multinationales, paie sa juste part", une "amélioration du pouvoir d'achat" par la revalorisation des salaires et le relèvement des minima sociaux, ainsi que la "fin de la régression des services publics".

Sur France inter ce mercredi matin, pour sa première prise de parole dans un média audiovisiuel, elle a appelé le chef de l'État à "prendre ses responsabilités" en la nommant à Matignon. Lucie Castets a assuré "être prête" à endosser ce rôle. La veille, Emmanuel Macron a lui fermé la porte à sa nomination.