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Louis Mermaz, le grognard de la Mitterrandie

Louis Mermaz le grognard de la Mitterrandie
Ancien président de l’Assemblée nationale et ancien ministre, Louis Mermaz, mort jeudi à l’âge de 92 ans, était un des plus fidèles compagnons de François Mitterrand, dont il défendit l’héritage jusqu’à la fin de sa vie.

Ancien président de l’Assemblée nationale et ancien ministre, Louis Mermaz, mort jeudi à l’âge de 92 ans, était un des plus fidèles compagnons de François Mitterrand, dont il défendit l’héritage jusqu’à la fin de sa vie.

Né à Paris le 20 août 1931, cet agrégé d’histoire a attendu la sortie de son livre testament, à 82 ans, pour révéler qu’il était le fils illégitime d’un ministre de la IIIe République, Louis de Chappedelaine, pour lequel travaillait sa mère.

« Bon petit chrétien », Louis Mermaz ne porta jamais le nom de son père, déjà marié, mais garda ce secret toute sa carrière comme un « lourd handicap », « une souffrance ancienne que j’avais enfouie », raconta-t-il dans « Il faut que je vous dise » (Odile Jacob, 2013).

Rêvant « d’un destin », il songe très tôt à la politique et écrit pour l’hebdomadaire Le Réveil Normand dès l’âge de 14 ans pour se « faire connaître ».

Louis Mermaz, le grognard de la Mitterrandie

L'ancien homme politique socialiste Louis Mermaz, le 29 mai 2018 à Paris / JOEL SAGET / AFP/Archives

En mai 1955, jeune étudiant, alors spécialiste de Madame de Maintenon et des Hohenzollern, il vient frapper à la porte d’une petite formation centriste, l’UDSR (Union démocratique et socialiste de la résistance), dirigée par François Mitterrand.

Ce dernier le promeut secrétaire général adjoint du parti à seulement 28 ans. Mais Mermaz échoue à trois reprises aux élections législatives dans l’Orne en 1956, 1958 et 1962 ; la victoire n’arrive qu’en 1967 après son parachutage à Vienne, en Isère. « L’Orne reste de droite, j’ai préféré changer de département plutôt que de convictions », expliqua-t-il à ses électeurs.

L’Isère devient alors son fief électoral: maire de Vienne de 1971 à 2001, député de 1973 à 1990 et de 1997 à 2001, président du conseil général de 1976 à 1985 et sénateur de 2001 à 2011.

Le perchoir à défaut de Matignon

Louis Mermaz, le grognard de la Mitterrandie

Le nouveau président de l'Assemblée nationale, Louis Mermaz, lors d'une session parlementaire, le 2 juillet 1981 à Paris / GEORGES BENDRIHEM / AFP/Archives

Discret au point de paraître parfois effacé mais toujours ferme quand il le fallait, Louis Mermaz accompagna François Mitterrand dans la défaite et le succès. En 1964, les deux hommes fondent la Convention des institutions républicaines, qui permet à ce dernier de prendre la tête du Parti socialiste en 1971.

Quand la gauche arrive au pouvoir en mai 1981, Louis Mermaz est nommé ministre de l’Equipement et des Transports. Il ne reste à ce poste que le temps de négocier la construction de l’Airbus A320. Après les législatives, en juin, Mitterrand lui demande d’occuper le « perchoir » de l’Assemblée nationale que Gaston Defferre a refusé. Mermaz, le fidèle, accepte.

Arrivé avec la triste réputation de sectaire, il quitte sa fonction en 1986 avec l’estime de tous ses collègues. Jean-Claude Gaudin, alors patron du groupe UDF, lui rend un hommage appuyé: « Vous êtes entré partisan, vous êtes sorti président ».

En mai 1988, il est nommé ministre des Transports. Mais alors qu’il rêvait de Matignon, il doit quitter son poste au bout d’une quarantaine de jours pour présider le groupe socialiste de l’Assemblée nationale malgré son peu d’enthousiasme pour la fonction. Il fait son retour au gouvernement en 1990 comme ministre de l’Agriculture. Puis devient en 1992 ministre des Relations avec le Parlement et porte-parole du gouvernement Bérégovoy.

Louis Mermaz, le grognard de la Mitterrandie

Louis Mermaz, ministre de l'Agriculture, lors du congrès de la Fédération nationale des producteurs de lait, le 12 mars 1992 à Angers / FRANK PERRY / AFP/Archives

Revenu à l’Assemblée puis au Sénat, il est un parlementaire très actif sur les questions de l’immigration, du droit d’asile et des conditions de détention. Il préside en 2000 la commission d’enquête sur les prisons. Figure de la Mitterrandie, il défend inlassablement l’héritage du premier président socialiste de la Ve République contre les attaques venues de toutes parts.

En 2006 puis en 2011, il soutient la candidature de Ségolène Royal à l’élection présidentielle tout en regrettant le caractère « imprévisible » de la présidente de la région Poitou-Charentes.

Marié, père de trois enfants, il perdit ses deux fils prématurément, Frédéric, noyé à 20 ans à Cabourg, et Pierre qui se suicida en 2003. « Deux drames qui bouleversèrent tout », écrivait-il en 2013.

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