Le président de la Corée du Sud déclare la loi martiale, toutes les ...
Grave crise politique en Corée du Sud. La loi martiale y a été décrétée ce mardi 3 décembre 2024 par le président Yoon Suk Yeol, contre « les forces communistes nord-coréennes », rapporte Reuters. « Je déclare la loi martiale pour protéger la République de Corée libre de la menace des forces communistes nord-coréennes, pour éradiquer les abjectes forces antiétatiques pro-nord-coréennes qui mettent à sac la liberté et le bonheur de notre peuple, et pour protéger l’ordre constitutionnel libre », a-t-il déclaré, lors d’un discours non annoncé et diffusé en direct dans la nuit sur la chaîne de télévision YTN.
« Sans se soucier des moyens de subsistance du peuple, le parti d’opposition a paralysé le gouvernement, à des fins de destitutions, d’enquêtes spéciales et pour protéger son leader de poursuites judiciaires », a poursuivi le président sud-coréen.
« Notre Assemblée nationale est devenue un refuge de criminels »
Cette intervention surprise intervient alors que le Parti du Pouvoir au Peuple de Yoon Suk Yeol continue de batailler avec le principal parti d’opposition, le Parti Démocrate, sur le projet de budget de l’année prochaine. Les députés de l’opposition ont approuvé la semaine dernière, à travers une commission, un programme budgétaire considérablement réduit.
« Notre Assemblée nationale est devenue un refuge de criminels, un repaire de dictature législative qui cherche à paralyser les systèmes administratif et judiciaire et à renverser notre ordre démocratique libéral », a affirmé le président, accusant les élus de l’opposition de couper « tous les budgets essentiels aux fonctions premières de la nation qui sont la lutte contre les crimes liés à la drogue et le maintien de la sécurité publique […] transformant le pays en un paradis de la drogue et en un lieu de chaos pour la sécurité publique. »
Une première depuis 44 ans
Yoon Suk Yeol a assuré que sa décision était « inévitable ». « Je rétablirai la normalité dans le pays en me débarrassant de ces forces hostiles à l’État dès que possible », a-t-il ajouté, sans préciser dans son discours quelles mesures spécifiques seraient mises en place.
Selon l’agence de presse sud-coréenne Yonhap , relayée par Reuters, toutes les activités politiques sont désormais interdites et le Parlement est placé sous scellés, alors que le Parti démocrate a appelé ses députés à s’y rendre. En direct à la télévision, des hélicoptères sont vus sur le toit de l’Assemblée.
C’est la première fois en 44 ans que la loi martiale est déclarée en Corée du Sud. L’article 77 de la Constitution coréenne stipule que le président peut déclarer la loi martiale en réponse à la guerre, à des incidents ou à d’autres urgences nationales. La loi martiale est divisée en deux types : la loi martiale d’urgence et la loi martiale de sécurité. Lorsque la loi martiale d’urgence est déclarée, comme ici, des mesures telles que la restriction de la liberté d’expression, de publication, de réunion et d’association, des modifications spéciales de l’autorité des gouvernements ou des tribunaux et un système de mandat conformément aux dispositions des lois connexes sont rendues possibles. S’il déclare la loi martiale, le président doit en informer l’Assemblée nationale sans délai, et lorsque l’Assemblée nationale demande la levée de la loi martiale avec le consentement d’une majorité de ses membres, le président doit la lever.