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Pourquoi le gouvernement ne veut pas augmenter le taux du livret A ...

Pourquoi le gouvernement ne veut pas augmenter le taux du livret A
Sur les recommandations de la Banque de France, Bruno Le Maire a tranché pour un maintien du taux de rendement des livrets à 3% et ce malgré une inflation qui devrait avoisiner les 5% sur l'ensemble de l'année 2023.

Sur les recommandations de la Banque de France, Bruno Le Maire a tranché pour un maintien du taux de rendement des livrets à 3% et ce malgré une inflation qui devrait avoisiner les 5% sur l'ensemble de l'année 2023.

Une mauvaise nouvelle pour les épargnants mais peut-être une bonne pour l’économie. Après des semaines de spéculation, le ministre de l'Economie a finalement suivi les recommandations de la Banque de France: le taux du livret A sera maintenu à 3% au 1er août et ce jusqu'au début de l'année 2025.

L'institution monétaire a dérogé à la règle de calcul du taux des livrets réglementés comme la loi l'y autorise. Car théoriquement, le taux aurait dû grimper à 4,1% en tenant compte du niveau actuel de l'inflation.

Mais il n’en sera rien. Après quatre hausses successives qui l’ont vu passer de 0,5 à 3% en un peu plus de trois ans, le rendement du livret A et du livret de développement durable et solidaire va faire du surplace.

Le gouvernement l’assume, pendant un temps, son rendement sera même inférieur à l’inflation qui devrait tourner autour de 5% en 2023 selon les prévisions de Bercy. Si vous avez 10.000 euros sur votre livret A, vous perdrez donc 200 euros de pouvoir d’achat sur l’année.

Les encours des livrets au sommet

Une décision impopulaire que la Banque de France et Bruno Le Maire jugent meilleure pour l’économie Français.

Car les livrets réglementés sont devenus trop attractifs. Les Français y ont déposé plus de 50 milliards d’euros de plus en un an et les encours crèvent le plafond à 540 milliards d’euros. On estime même que 10% des livrets A sont déjà aux 22.950 euros et ne peuvent plus être abondés.

Or si les Français épargnent beaucoup c’est au détriment de la consommation. Depuis deux ans, les dépenses des ménages sont en berne, ce qui nuit fortement à la croissance. Rehausser le taux des livrets réglementés serait un nouvel encouragement à ne pas consommer.

Ensuite, un rendement trop haut commençait à faire de l’ombre à certains placements comme l’Assurance-vie. Depuis quelques mois les Français prennent de l’argent de ce placement qui leur rapporte moins (2% pour les fonds euros) pour garnir leur livret. Un mouvement qui s’il s’accélérait poserait de sérieux problèmes solvabilité aux banques et assurances qui proposent de l’assurance-vie.

"Il n'y a pas de réel danger pour le moment, mais s'il y avait un emballement, ça poserait de sérieux problèmes aux assureurs qui seraient obligés de vendre des obligations pour financer les placements des assurés, indique Philippe Creveln du Cercle de l'Epargne. Des obligations qui enregistreraient des moins-values ce qui finirait par poser des problèmes de solvabilité."

Un scénario catastrophe qu'ont connu certaines banques américaines en début d'année mais qui reste très exagéré dans la situation actuelle. En mai, les épargnants ont certes retiré davantage qu'ils n'ont cotisé, mais l'écart était d'à peine 1,6 milliard d'euros pour un encours total de 1883 milliards d'euros.

Mais Bruno Le Maire a surtout évoqué "l’intérêt économique national" pour justifier le maintien du taux à 3% en faisant référence aux constructions de logements.

Il faut rappeler que l’argent des livrets sert principalement à financer le logement et en particulier le logement social. La Caisse des dépôts prête aux bailleurs sociaux l’argent des livrets A moyennant rémunération. Or cette rémunération est proportionnelle au taux de rendement des livrets. Si celui-ci augmente, les bailleurs doivent payer leur argent plus cher, ce qui ne les encourage pas à construire. Une hausse de 1% du taux du livret aurait entraîné un surcoût estimé entre 1,5 et 2 milliards d'euros pour les bailleurs sociaux.

Alors que le pays traverse actuellement une grave crise du logement, il n’était sans doute pas opportun de rendre le crédit plus cher. C'est en tout cas ce qu'a estimé le ministre de l'Economie.

Frédéric BianchiFrédéric Bianchi
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