Bayern Munich PSG (Ligue des champions) I Se révéler ...

L'Allianz-Arena, cet endroit si symbolique. Il y a un peu plus de 20 mois, le PSG était venu y perdre ses illusions. Sa défaite contre le Bayern Munich (2-0) n'avait pas seulement signifié son élimination en 8e de finale de la Ligue des champions. Elle avait également acté la fin d'un projet. La politique de stars du club parisien venait d'échouer pour de bon. Sa direction était définitivement convaincue de la nécessité de changer de cap. L'enjeu n'est pas le même au moment où Paris revient en Bavière, ce mardi (21h00). Mais ce rendez-vous n'en est pas moins crucial pour ce nouveau PSG.

Vitinha symbolisait assez bien le virage radical pris par son club lundi, en conférence de presse de veille de match. Il était demandé au milieu portugais de 24 ans s'il pouvait faire profiter de son expérience à son jeune coéquipier Bradley Barcola, en quête de son premier but en Ligue des champions cette saison. Cela lui a inspiré cette réflexion, glissée dans un sourire : "Ça va vite, non ? Je suis considéré comme un joueur avec de l'expérience. Alors que j'étais encore un jeune il n'y a pas si longtemps."

C'est tout le risque pris par le PSG. Lors du dernier rendez-vous à Munich, Vitinha était en effet ce jeune en phase d'apprentissage aux côtés de Neymar, Leo Messi, Kylian Mbappé, Marco Verratti, Sergio Ramos ou Marquinhos. L'ancien joueur de Porto a en effet signé une campagne européenne remarquable la saison passée, au point d'être nommé dans l'équipe-type de la Ligue des champions et dans la liste des 30 pour le Ballon d'Or. De là à être devenu, en l'espace de 20 mois, une individualité qui doit tirer Paris vers le haut, il y a un pas certainement trop vite franchi.

La réalité du PSG est là. Son effectif actuel est certainement très talentueux, mais il n'a pas le vécu d'un prétendant ou même d'un outsider en Ligue des champions. C'est tout ce que dit son début de parcours dans cette compétition. Paris est la deuxième équipe qui tire le plus en C1 (21/match) et celle qui concède le moins de tirs adverses (5,25/match). Pourtant, elle n'a inscrit que trois buts et en a déjà encaissé cinq. Tout ce qui lui manque, c'est de savoir tuer dans les deux surfaces. Et c'est exactement la première qualité exigée en Ligue des champions.

Quelle que soit l'analyse du contenu des matches du PSG dans cette compétition cette saison, sa 25e place au classement traduit le chemin qu'il lui reste à parcourir dans cette phase d'apprentissage. En se passant de stars confirmées, il s'est certainement donné des perspectives d'avenir, mais le club de la capitale s'est également privé de garanties. Il s'est mis dans une situation paradoxale. Son nouveau projet appelle forcément des erreurs et Paris les paie au prix fort. Mais il peut difficilement avancer si la formation de Luis Enrique ne se qualifie pas, a minima, pour les play-offs de la compétition.

En l'état, il n'y est pas et Paris s'expose à jouer la fin de cette phase de ligue la peur au ventre. Le rendez-vous de Munich n'en est que plus crucial. Et le Bayern ne le prendra certainement pas à la légère. Déjà parce que c'est dans sa culture qui en a fin l'un des cadors du Vieux Continent. Aussi parce qu'il a lui aussi signé un début de campagne mitigé, illustré par sa 17e place au classement après un lourd revers subi à Barcelone (4-1). Enfin parce qu'il a des individualités et un vécu collectif déjà confirmé à ce niveau. C'est ce que le PSG cherche à reconstruire.

Alors, Paris doit déjà se révéler. Son projet réclame du temps, mais le PSG doit déjà hausser son niveau d'exigence pour suivre son tableau de marche. "Il va falloir aller plus loin que ce à quoi nous sommes habitués, a concédé son entraîneur Luis Enrique lundi devant la presse. Maintenant, on est obligés d’avoir de bons résultats pour se qualifier. On ne sait pas encore combien de points il faudra pour y parvenir, mais on s’est compliqué la tâche tout seuls."

Au fond, c'était prévisible. Et quelque part, la situation délicate dans laquelle s'est mis le PSG ferait presque partie du plan tant elle est nécessaire pour la jeunesse de son projet. "Il faut retirer le positif de ce type de pression, avance Vitinha. On sait qu'on doit gagner, même si on ne sera pas éliminés si on perd. On veut gagner tous les matches au PSG. On ne vient pas ici pour attendre, on vient pour gagner. Si on suit le plan du coach et qu'on donne tout ce qu'on a, on va décrocher un résultat très positif." Ce serait un petit exploit. Mais il serait bienvenu pour s'épargner de gros tracas.