Un ambassadeur LGBT+ au gouvernement, l’écran de fumée arc-en-ciel
Au menu du jour à Orléans, un soupçon de poudre arc-en-ciel dans une assiette de déni. En déplacement dans le Loiret pour commémorer les 40 ans de la dépénalisation de l’homosexualité en France, la Première ministre a annoncé la nomination d’ici la fin de l’année d’un «ambassadeur aux droits LGBT +» auprès du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères. Une façon, promet-elle, de réagir aux menaces européennes et mondiales toujours plus fortes pesant sur ces droits. «Il défendra la dépénalisation universelle de l’homosexualité et de la transidentité», a-t-elle précisé. En d’autres termes, comment réinventer l’eau chaude en mettant au placard sur ces dossiers la ministre déléguée à l’Egalité entre les femmes et les hommes, à la Diversité et à l’Egalité des chances, Isabelle Rome (dont c’est justement le job n’oublions pas), pour servir une communication de crise. Une ministre, postée à son côté, chargée de «coordonner les actions menées contre les actes et agissements de haine et de discrimination envers les personnes lesbiennes, gays, bi et trans» et d’apporter «son concours» dans les négociations internationales du ministère chargé de l’Europe et des Affaires étrangères.
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La manœuvre apparaît d’autant plus grossière au surlendemain de la mobilisation d’associations LGBT + réclamant la démission de quatre ministres du gouvernement aux CV constellés de sorties homophobes. Internet n’oublie rien. Christophe Béchu à la Transition écologique, connu pour avoir fait retirer de la ville d’Angers, dont il était maire, une campagne d’information sur le VIH où deux hommes s’embrassaient. Sébastien Lecornu, aux Armées, qui s’était notamment prononcé contre le mariage pour tous dans une interview, à l’instar de son collègue de l’Intérieur, Gérald Darmanin. Sans oublier Caroline Cayeux, à la Cohésion des territoires, dont les propos choquants sur le mariage pour tous, exhumés récemment, font une nouvelle fois tache pour l’exécutif. Une réforme qu’elle qualifiait de «caprice» pour un dessein «contre nature». Des propos qu’elle a maintenus sur Public Sénat avant de s’excuser dans un rétropédalage presque risible.
Plutôt que de nettoyer la tache d’huile devenant de plus en plus envahissante et de nommer des ministres enfin en accord avec les valeurs que la majorité prétend défendre, Elisabeth Borne concentre son énergie à créer des postes gadgets que l’annonce d’un fonds de 3 millions d’euros dédié à la cause LGBT + ne saurait faire oublier. On attend désormais avec impatience de connaître l’heureux élu chargé de porter ce totem d’immunité.