La Plateforme 2 : on vous explique la fin du film Netflix

Attention, spoilers. Les paragraphes suivants révèlent des éléments d'intrigue du film "La Plateforme 2".

Disponible depuis le 4 octobre sur Netflix, La Plateforme 2 est un thriller dystopique présenté comme la suite de La Plateforme, l'un des films non anglophones les plus vus de tous les temps sur Netflix.

Sorti en 2020, en plein confinement durant la période de pandémie mondiale, La Plateforme avait provoqué de nombreux réactions parmi les abonnés qui ont été happés par ce thriller. Rappelez-vous, le film de Galder Gaztelu-Urrutia racontait l'histoire de Goreng (Iván Massagué), un homme qui a volontairement intégré une prison-tour pour grimper dans l'échelle sociale.

Il va tout faire pour s'en sortir sachant qu'une dalle transportant de la nourriture descend d'étage en étage, un système qui favorise les premiers servis et affame les derniers. Mais les autres prisonniers sont également un obstacle à prendre en compte.

Déconseillé aux moins de 18 ans, ce long-métrage dans la veine de Cube et Snowpiercer avait créé de nombreux débats et théories en raison de son final énigmatique. Et La Plateforme 2 apporte autant de réponses que de questions.

Que raconte "La Plateforme 2" ?

Dans La Plateforme 2, nous retrouvons la prison-tour et "la Fosse" par laquelle passe la plateforme remplie de victuailles pour les détenus. Nous comprenons vite qu'une loi régit la vie des prisonniers, à savoir qu'ils ne doivent manger que le plat qu'ils avaient demandé durant leur entretien avant d'entrer dans la prison, sous peine de représailles.

Cette règle, plus ou moins respectée, a été établie pour le bien commun, afin que chaque détenu puisse manger. Certains décident de suivre la mouvance que l'on sent régit par des chefs ou des guides et d'autres choisissent au contraire de survivre égoïstement.

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C'est dans ce contexte que nous suivons de nouveaux prisonniers, que sont Perempuán (Milena Smit) et Zamiatín (Hovik Keuchkerian). D'abord en froid, les deux vont finalement se rapprocher et établir une relation de confiance et d'amitié, qui a malheureusement une fin tragique avec la mort de Zamiatín, qui ne supporte plus la pression de la Loi.

Perempuán décide alors de mener une rébellion contre les Consacrés et leurs disciples, avec l'aide d'une deuxième codétenue campée par Natalia Tena, qui a subi une amputation forcée et qui a vu son amie se faire martyriser et tuer. Mais Perempuán va également perdre cette nouvelle alliée au cours de sa descente de la plateforme à la recherche d'un objet précieux.

De nouvelles allégories, des réponses et des questions...

Au fil des rencontres, des attaques et des tueries, Perempuán cherche et finit par trouver une œuvre, "Le Chien" de Francisco de Goya, issue de la série de "Peintures noires" directement peintes par l'artiste sur ses murs entre 1819 et 1823.

Cet art ultime de Goya, alors rongé par la maladie, muré dans sa surdité, et cloîtré loin du monde extérieur représenterait son état d'enfermement mais aussi sa tristesse face à la situation sociale et politique de son pays à l'époque.

Le long-métrage fait ainsi référence à l'art espagnol pour son allégorie sociale sur la déliquescence d'une humanité qui meurt de faim avec ce tableau, comme dans le premier film avec l'objet de Goreng, qui était Don Quichotte, célèbre roman de Miguel de Cervantes.

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En plus d'être liée à l'imagerie de la satire sociale sur le comportement humain, le renversement de l’ordre établi et la lutte des classes, la peinture de Goya serait un moyen pour Perempuán de s'enfuir. D'après son ex codétenue, les dirigeants de "La Fosse" diffuse un gaz, une variante du sévoflurane, pour endormir les détenus et les placer dans des cellules différentes.

Ingérer un bout de la toile de Goya lui permettrait de se faire passer pour morte lorsque le gaz est déclenché et donc d'être entassée avec les cadavres de la prison-tour ramassés par les employés de "La Fosse". Et c'est exactement ce qu'il se passe !

On en découvre alors un peu plus sur les coulisses de "La Fosse" et son fonctionnement grâce au geste de Perempuán, qui va alors profiter de la situation pour s'enfuir, non sans emmener avec elle un enfant qu'elle découvre dans une cellule. Et c'est là qu'elle arrive au bout de "La Fosse" et découvre d'autres prisonniers lui expliquant que seul l'enfant peut être sauvé. Ça ne vous rappelle rien ?

La suite est en fait un préquel !

Le même dénouement était arrivé à Goreng, le protagoniste du premier film La Plateforme, qui avait sauvé la petite fille de Miharu. Et c'est d'ailleurs lui que l'on revoit à la fin de La Plateforme 2 après un montage de plusieurs prisonniers descendant au fond de la prison-tour avec des enfants qu'ils vont sauver.

On revoit ainsi la dernière scène du premier film avec Goreng et la suite de ce qui lui arrive dans ces bas-fonds de "La Fosse". Il retrouve... Perempuán, qui est donc son ex-compagne, entrée de son plein gré dans cette prison-tour pour surmonter sa culpabilité de la mort du fils de Goreng.

Et si Perempuán est déjà présente dans ces bas-fonds, cela veut dire que La Plateforme 2 est en réalité un préquel de La Plateforme ! Et Milena Smit, l'interprète de l'héroïne était complètement choquée par ce dénouement, comme elle nous l'a expliqué en interview :

"J'ai été vraiment impressionnée que Goreng et elle se retrouvent à la fin. Au début, je n'étais pas très sûre du scénario. Je devais m'assurer d'être au courant de tous ces détails. Et comme c'est un préquel, il faut voir le film plusieurs fois pour être vraiment très conscient de tous ces détails et avoir une vision claire des choses."

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Alors comment est venue l'idée de ce préquel ? De Pedro Rivero, l'un des coscénaristes du film, que les autres auteurs Galder Gaztelu-Urrutia, Egoitz Moreno et David Desola ont suivi.

"Lorsque nous avons fait le premier film, évidemment, c'était un film qui se suffisait à lui-même", nous a expliqué le scénariste et réalisateur Galder Gaztelu-Urrutia, "Nous ne pensions pas qu'il y aurait une suite. Mais en travaillant sur le second, nous avons pensé que le premier n’était pas entièrement compris sans le second. Alors maintenant, les deux s'associent parfaitement et amplifient l'univers de La Plateforme pour former une expérience complète".

Les deux films se complètent grâce aux deux points de vue de Goreng et Perempuán. Dans La Plateforme 2, on comprend qu'avant les évènements de La Plateforme, il y avait des règles. "Perempuán est celle qui déclenche une révolution contre ces normes et laisse l'univers absolument anarchique que l'on retrouve dans le premier film", confirme le réalisateur.

Alors que comprendre de l'univers de "La Plateforme" ?

Si le premier film La Plateforme avait soulevé de nombreuses interrogations et théories, la sortie du deuxième film - le préquel donc - va répondre à certaines questions mais en posait de nouvelles. Quel est réellement le message des films ? Qu'implique la présence des enfants dans "La Fosse" ? Les sauver est-il un pas vers une rédemption, une future génération qui ira mieux, un accueil au Purgatoire ?

Tout comme pour le premier long-métrage, le réalisateur Galder Gaztelu-Urrutia ne donne pas de réponse équivoque. "Le film en lui-même n'est pas à prendre trop au sérieux", nous confie-t-il, "Ce qui est important, ce sont les conclusions que chaque spectateur tire à la fin du film et les messages qu'il crée, non pas que le film ait un message".

Pour lui, La Plateforme est un moyen de mettre sur la table de manière extravagante et satirique le monde qui nous entoure et de faire réfléchir le public à ce genre de questions : "Que feriez-vous si vous étiez au niveau 5 ? Que feriez-vous si vous étiez au niveau 205 ? Comment traiteriez-vous les gens d'autres niveaux ?"

Propos recueillis par Mégane Choquet le 28 septembre 2024.

Le film "La Plateforme 2" est disponible sur Netflix.