Ce que l'on sait sur l'agression antisémite présumée par des ...
Une nouvelle affaire qui vient percuter l’entre-deux-tours déjà tendu des législatives anticipées. Des militants issus du mouvement antifasciste la Jeune Garde ont été mis en examen jeudi 27 juin pour «violences volontaires en raison de la race, de l’ethnie, de la nation ou de la religion», a révélé le Canard enchaîné. Une information confirmée ce mercredi 3 juillet à Libération par le parquet.Fin mai, après un meeting de la députée européenne de La France insoumise Rima Hassan, huit membres du groupe d’autodéfense auraient agressé un adolescent de 15 ans dans le métro parisien, «simplement parce que supposé juif». Mais la Jeune Garde et son avocat nient toute agression physique, ainsi que le caractère antisémite des faits. Libération fait le point sur ce que l’on sait de cette affaire.
Les faits
Un article du Canard enchaîné diffusé dès mardi soir sur les réseaux sociaux affirme que «huit jeunes gens» membres du groupe antifasciste la Jeune Garde ont été mis en examen le 27 juin pour «violences volontaires en raison de la race, de l’ethnie, de la nation ou de la religion». Ces militants sont soupçonnés d’avoir «agressé violemment» le 27 mai «un ado de 15 ans, simplement parce que supposé juif», quelques instants après la tenue d’un meeting de l’eurodéputée franco-palestinienne Rima Hassan à l’université Paris-Dauphine sur le thème du «génocide palestinien».
En marge de cette conférence, des échauffourées auraient eu lieu entre «pro-Pal» et des membres de la Ligue de défense juive – émanation française de la Jewish Defense League, qualifiée de «groupe terroriste» par le FBI et interdite aux Etats-Unis et en Israël – afin d’empêcher la tenue de cette conférence.
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Selon le Canard enchaîné, une fois le meeting terminé, huit jeunes avec des masques chirurgicaux auraient ensuite invectivé un adolescent de 15 ans à la station de métro Victor-Hugo, dans le XVIe arrondissement de Paris. «Ils l’insultent, le traitent de sionistes et le frappent à plusieurs reprises», tout en lui demandant de chanter «Vive la Palestine», affirme l’hebdomadaire satirique. Toujours selon le Canard, le jeune plaignant aurait bénéficié de douze jours d’incapacité de travail (ITT) «en raison du retentissement psychologique» de l’agression.
L’enquête judiciaire
Auprès de Libération, le parquet de Paris confirme les informations du journal concernant la mise en examen de ces huit personnes – âgés d’une vingtaine à une trentaine d’années – pour «violence avec circonstances aggravantes de s’en être pris à quelqu’un pour son appartenance vraie ou supposée à une ethnie, nation, religion», l’ouverture d’une information judicaire et enfin les mesures de contrôle judiciaire à l’encontre des suspects.
«Un enregistrement audio existe et a été intégré à une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux de la Jeune Garde», dit le parquet. Le Canard enchaîné évoquait également l’existence «d’un enregistrement de l’agression relayée sur le compte» du groupe, mais celui-ci est introuvable à l’heure actuelle.
La victime affirme avoir été reconnue dans le métro par les militants comme faisant partie de la Ligue de défense juive, a fait savoir le parquet auprès de Libé, sans préciser pour l’heure si c’était bien le cas. Il y aurait eu «des gestes», mais pas de coups visant la victime, toujours d’après le parquet. Les ITT pour la victime relèvent bien d’un motif «psychologique», assure-t-il enfin.
La réponse de la Jeune Garde
Dans un communiqué publié mardi soir, la Jeune Garde Paris déclare «rejeter en bloc ces accusations». L’organisation réfute tout acte de violence physique et confirme seulement «une brève altercation dans le métro faisant suite à l’attaque coordonnée par des membres du groupuscule d’extrême droite antipalestinien, sur la conférence autorisée que donnait Rima Hassan […]. Aucun acte antisémite, de quelque nature que ce soit, n’a été à déplorer durant ces événements».
La Jeune Garde «s’est toujours engagée contre l’antisémitisme et continuera de le faire», poursuit le communiqué.
Me Tristan Soulard, avocat des huit membres du collectif antifasciste, défend lui aussi auprès de Libération «l’absence totale de prise à partie» de la part de ses clients. Il ajoute : «Il n’y a eu aucun passage à tabac, aucun contact physique, et encore moins, aucune violence à caractère antisémite.»
L’avocat dénonce par ailleurs la «disproportion des moyens mis par la justice sur cette affaire» et le décalage d’une part «entre le placement en détention provisoire requis par le parquet à la suite d’une garde à vue de quarante-huit heures et des perquisitions réalisées avec une violence inouïe», et d’autre part la «réalité de l’infraction». Une disproportion qui révélerait selon lui «l’aspect politique» du dossier. Les éléments du Canard enchaîné sont «contestés et émanent exclusivement de la plainte» de l’adolescent, a enfin insisté Me Tristan Soulard.
Jordan Bardella, président du Rassemblement national, s’est immédiatement exprimé sur cette affaire sur X (anciennement Twitter), en qualifiant la Jeune Garde de «groupuscule antisémite». En réaction, le co-porte-parole du mouvement antifa, Cem Yoldas, a également réfuté l’existence de violence physique et d’un «acte antisémite», mais évoque lui aussi «une altercation suite à des attaques coordonnées de milices antipalestiniennes contre la conférence autorisée de Rima Hassan».
Quel lien supposé avec Rima Hassan ?
Le Canard enchaîné affirme que les huit militants de la Jeune Garde assuraient «le service d’ordre de Rima Hassan». Toutefois, le parquet ne confirme pas, précisant que «rien ne laisse penser ça». Sur le réseau social X, l’eurodéputée insoumise réfute elle aussi cette information, expliquant que «l’organisation de cette conférence s’est faite avec le service d’ordre de l’université et celui de LFI».
Nouveau Front populaire
La députée européenne précise également ne connaître aucun membre de l’organisation. Une publication de Raphaël Arnault, co-porte-parole de la Jeune Garde, montre toutefois Rima Hassan en présence de membres de ce groupe. Figure principale du mouvement de gauche radicale au niveau national, Raphaël Arnault, fiché S, est par ailleurs candidat Nouveau Front populaire désigné par La France insoumise dans la 1re circonscription du Vaucluse, où il est qualifié pour le second tour des législatives dimanche. Rima Hassan se défend auprès de Libération : «Raphaël Arnault a été invité à de nombreux meetings de LFI, ce n’est pas de mon fait.» Et l’élue LFI de rappeler : «A la fin des meetings, je prends des photos avec des dizaines de gens.»