Grève SNCF reconductible à partir du 11 décembre : découvrez les ...
L’intersyndicale a appelé à une grève qui menace les voyages des Français pour les fêtes de fin d’année. La SNCF a publié ses prévisions pour jeudi.
Les Français vont-ils pouvoir prendre le train à Noël ? Fin novembre, toutes les organisations syndicales de la SNCF avaient appelé à une grève reconductible à partir du mercredi 11 décembre à 19 heures. Depuis, deux des quatre structures engagées, l’Unsa et la CFDT, ont retiré leur appel après un accord avec la direction du groupe ferroviaire, quand la CGT-Cheminots et Sud Rail l’ont maintenu. Jean-Pierre Farandou, PDG du groupe, a eu beau exhorter dans La Tribune Dimanche les cheminots à renoncer à une grève «évitable» et à «rester du côté des Français», ce mouvement social laisse craindre des perturbations pour les fêtes de fin d’année, comme cela avait déjà été le cas en 2019 du temps des mobilisations contre la réforme des retraites, ou en 2022 après une grève des contrôleurs.
Le verdict est finalement tombé mardi, en début d’après-midi : malgré la volonté affichée des syndicats mobilisés de faire pression sur la direction, le mouvement social ne devrait avoir que des effets limités, ce jeudi. Le groupe ferroviaire annonce ainsi un trafic «normal» sur les lignes TGV et Ouigo, et ne s’attend qu’à quelques légères perturbations, sur les lignes régionales «avec en moyenne 8 trains sur 10 en circulation sur les lignes TER et Transilien». A l’échelle locale, le trafic sera «perturbé sur certaines lignes», dans plusieurs régions. Les difficultés seront détaillées chaque jour, à partir de 17h «sur tous les outils d’information», ajoute la SNCF.
Discontinuité de Fret SNCF
Cet appel à la mobilisation reconductible répond à deux revendications des syndicats. D’une part, un moratoire sur le démantèlement de Fret SNCF, dont les 4500 salariés doivent être transférés au 1er janvier vers deux nouvelles sociétés, Hexafret et Technis. L’accord signé entre la direction et la CFDT et l’UNSA prévoit que les cheminots pourront conserver l’ensemble de leurs droits pendant 36 mois, le temps de négocier un nouveau cadre de travail dans les nouvelles sociétés. Pour rappel, la décision de discontinuer Fret SNCF, leader du secteur et détenteur de la moitié des parts de marché en France, résulte de l’ouverture d’une enquête de la Commission européenne début 2023 pour des aides publiques illégales.
D’autre part, l’intersyndicale souhaite interrompre la filialisation de SNCF Voyageurs causée par l’ouverture à la concurrence des lignes régionales (TER, Intercités, Transiliens). Comme pour le fret, les cheminots doivent être transférés dans les prochaines semaines vers les sociétés qui remportent les appels d’offres, qu’il s’agisse des filiales de la SNCF ou des opérateurs concurrents. Les travailleurs redoutent les nouvelles conditions de travail et de rémunération, alors que la direction du groupe ferroviaire s’est engagée à maintenir les droits pendant 24 mois au lieu de 15. «Compte tenu du fait qu’on est dans un contexte où il n’y a pas de gouvernement en face (...), il vaut mieux suspendre (la mobilisation) maintenant et voir comment la mise en place concrète de tout ça va se passer, quitte à reprendre le conflit au printemps si les promesses ne sont pas tenues», a indiqué le secrétaire général de la CFDT-Cheminots, Thomas Cavel.
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Les salaires, vraie raison de la grève ?
Les syndicats mobilisés, quant à eux, regrettent le désengagement des réformistes. «On aurait pu arracher ce qu’on a réussi à obtenir à Fret, à savoir le maintien des droits pendant trois ans à SNCF Voyageurs, ce qui n’est pas le cas», regrette Fabien Villedieu, secrétaire fédéral de Sud-Rail. Une réunion organisée le 4 décembre dernier avec François Durovray, ministre démissionnaire des Transports, n’a pas apaisé leur colère. «Une de nos revendications est de renoncer à la mise en place de filiales dans le cadre des appels d’offres de transports des voyageurs. On a eu aussi une fin de non-recevoir sur ce point-là», confie à BFM TV Thierry Nier, secrétaire général de CGT-Cheminots. Le budget 2025 retoqué par l’Assemblée prévoyait par ailleurs une aide supplémentaire de 30 millions d’euros pour Fret SNCF, réclamée par Jean-Pierre Farandou pour la survie des filiales. Les 4500 salariés risquent d’être transférés «dans des boîtes dont la viabilité économique n’est pas garantie» martèle Thierry Nier.
D’aucuns estiment que les salaires sont la vraie raison de la grève. Fin novembre, la SNCF s’est montrée moins généreuse que les années précédentes en proposant pour 2025 des hausses moyennes de 2,2%. «L’inflation baisse considérablement, il est donc normal de nous ajuster, justifiait Jean-Pierre Farandou dans La Tribune Dimanche. De 2022 à 2024, la rémunération des cheminots a progressé de 17 % en moyenne, et même de 21 % pour les bas salaires, quand l’inflation cumulée a atteint 13 %.» Dans un communiqué, Sud-Rail dénonce cette proposition qui «acte une perte de pouvoir d’achat pour les cheminots» et «ne laisse que des miettes des bénéfices de la SNCF». C’était la dernière fois que les négociations salariales avaient lieu avant Noël, le ministre des Transports ayant demandé qu’elles se tiennent désormais en début d’année.