Disparition. L’acteur Gérald Thomassin avait pris le train direction Nantes, on ne l’a jamais revu
L’acteur Gérald Thomassin, primé d’un César en 1991, avait mis en examen en 2013, dans l’affaire du sombre meurtre d’une postière dans l’Ain, assassinée de 28 coups de couteau. Il a disparu dans la nature, sa dernière trace remontant à un contrôle SNCF dans un train reliant Rochefort à Nantes.
Le parquet de La Rochelle a ouvert une enquête pour « enlèvement » après la disparition fin août de l’ex-espoir du cinéma français Gérald Thomassin la veille d’une convocation judiciaire à Lyon dans l’affaire du meurtre d’une postière en 2008 où il est mis en examen, a indiqué le procureur.
« Suite à la disparition de Gérald Thomassin, le parquet de La Rochelle a saisi la police judiciaire le 17 septembre d’une enquête du chef d’enlèvement », a précisé le procureur de la République Laurent Zuchowicz. L’ancien acteur de 45 ans, récompensé par un César dans la catégorie « espoirs » en 1991 pour son rôle dans Le Petit Criminel de Jacques Doillon, était tombé dans la marginalité.
Il avait été mis en examen en 2013 pour le « meurtre aggravé » de cette postière de 41 ans dans l’Ain, Catherine Burgod, et pour « vol avec arme ». Il avait effectué quelques mois de prison avant d’aller vivre à Rochefort (Charente-Maritime). Deux autres suspects avaient par la suite été mis en examen, l’un pour les mêmes qualifications et un autre pour « complicité ».
Le procureur de La Rochelle a expliqué qu’une enquête pour enlèvement offrait « un cadre procédural plus adapté, dans le prolongement d’une enquête pour disparition inquiétante, en tenant compte d’un contexte particulier ». En effet, le 29 août, il ne s’était pas rendu à une convocation pour une confrontation à Lyon dans le bureau du juge d’instruction en charge du dossier criminel. Sa trace s’était perdue la veille, « après un contrôle SNCF dans un train » reliant Rochefort à Nantes, a détaillé à l’AFP le procureur de La Rochelle.
« Je vais aller dire que c’est moi qui l’ai tuée »Sa disparition repousse un peu plus l’issue de ce dossier vieux de 11 ans. Le 19 décembre 2008, dans l’agence postale de Montréal-la-Cluse (Ain), cette femme avait été retrouvée dans une mare de sang, dans une pièce attenante au guichet. Mère de deux enfants, enceinte de cinq mois et demi, elle avait été frappée de 28 coups de couteau, arme qui n’a jamais été retrouvée. Son agresseur avait pris la fuite, avec un butin.
Interpellé une première fois en 2009, l’ancien comédien avait été relâché, faute de preuves. Mais des aveux téléphoniques à son frère – dans lesquels il confessait « Je vais aller dire que c’est moi qui l’ai tuée » – avaient ensuite précipité une nouvelle interpellation. Il a toujours clamé son innocence et sa défense avait alors attribué ces propos à l’alcool. Le magistrat instructeur lyonnais a récemment fait savoir qu’il avait terminé ses investigations et transmis le dossier au parquet pour qu’il prenne ses réquisitions sur la tenue éventuelle d’un procès.
Une confrontation indispensableMais le parquet de Lyon a défendu sa « position » selon laquelle « cette confrontation est indispensable à la manifestation de la vérité », a-t-il expliqué à l’AFP. Il a donc requis « un mandat d’amener » afin de faire entendre Gérald Thomassin, mais le juge lui a refusé cette « mesure complémentaire ».
Le ministère public a fait appel et il revient désormais à la chambre de l’instruction de Lyon de trancher. « Cela a donc nécessairement entraîné un retard dans la clôture de ce dossier », a indiqué le parquet de Lyon.