Législatives: binationaux, "propos haineux", statut du chef des ...
À deux jours du premier tour des législatives, l'actuel Premier ministre Gabriel Attal était interrogé sur RMC-BFMTV ce vendredi. Il est revenu sur les propos du RN, tenus par Marine Le Pen et par Roger Chudeau, et a présenté la majorité comme "la seule alternative".
Le message est passé, a assuré Gabriel Attal, invité ce vendredi 28 juin 2024 dans le Face à Face sur RMC-BFMTV, en réaction au témoignage d'une auditrice se disant "de gauche" et qui a voté RN pour la première fois et à contrecœur "en ayant presque chialé". "Beaucoup de Français ont voté pour le RN aux européennes avec un message de colère, un message entendu, qui nous demande d'aller plus loin sur le pouvoir d'achat et la sécurité", a concédé le Premier ministre.
Mais "le RN n'apportera aucune solution" à ces deux problèmes, selon lui: "Dès qu'on lève le voile sur leurs propositions, on voit que c'est du vent." Pour Gabriel Attal, la gauche ou l'extrême droite au pouvoir "feraient exploser la cocotte-minute", alors que lui cherche à "apaiser, essayer de rassembler, d'unir".
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"Le RN a des propos haineux et violents" et "libère des pulsions de haine", a-t-il encore dénoncé. "Ne vous faites pas avoir par le RN". Gabriel Attal a aussi affirmé: "Que ce soit le RN ou la Nupes, c'est un projet de matraquage fiscal".
"La seule alternative au RN"
"Je veux éviter que les extrêmes et notamment l'extrême droite puissent gagner", a assuré Gabriel Attal. "La seule alternative au RN" est la majorité, selon l'actuel Premier ministre. Il a néanmoins dit "assumer de ne pas présenter des candidats dans une soixantaine de circonscriptions" où "on savait qu'on ne pouvait pas gagner", et ce pour empêcher l'extrême droite d'être élue.
"Je sais où sont mes valeurs."
"Les partis de gauche modérés, en s'alliant à Jean-Luc Mélenchon, ont ruiné leur possibilité de victoire car les Français ne veulent pas de (lui) Premier ministre", selon Gabriel Attal. "Si on veut que l'extrême droite ne remporte pas l'élection, ce n'est pas avec Jean-Luc Mélenchon qu'on va le faire", a-t-il garanti. Plusieurs chefs de partis du Nouveau Front populaire ont déjà assuré que ce n'est pas le nom du leader des insoumis qui serait proposé. Lui-même a affirmé qu'il n'était "candidat à rien".
Des mesures sur la justice des mineurs
Le 8 juillet, au lendemain des élections, il y aura "un gouvernement qui restera au travail", a assuré le Premier ministre, rappelant: "Cela fait un peu moins de 6 mois que je suis là. (...) J'ai identifié des chantiers."
"Il faut un tournant pénal sur la délinquance des mineurs", a indiqué Gabriel Attal sur RMC-BFMTV. "Dès ma déclaration de politique générale, j'ai dit que je voulais changer ces règles, cette réforme a accéléré les délais." "Je propose la mise en place d'une comparution immédiate pour les mineurs", a-t-il dit, évoquant aussi l'"atténuation de l'excuse des mineurs".
"Quand des parents sont convoqués et ne viennent pas, il n'y a pas de sanction. Je propose que les parents qui ne sont pas présents à l'audience soit sanctionnés financièrement", a-t-il ajouté. "Je propose des courtes peines d'isolement dès les premiers faits de délinquance", a-t-il poursuivi, en estimant: "On a tendance à attendre que les actes soient graves, dès le début il faut le faire, à l'école on doit apprendre les droits et devoirs du civisme."
"Les mesures sont claires, prêtes. On doit avoir une majorité."
Gabriel Attal a assuré avoir compris "le message sur la méthode" des Français, "qui disent qu'ils veulent être davantage associés". S'il reste à la tête du gouvernement, il promet du dialogue "avec les partis d'opposition" et de "travail avec les partenaires sociaux" et évoque de possibles "référendums".
Des "propos insupportables" tenus par Roger Chudeau
Le député RN sortant Roger Chudeau a estimé jeudi sur BFMTV qu'un membre du gouvernement ne pouvait pas être binational. Il a visé particulièrement l'ancienne ministre de l'Education nationale Najat Vallaud-Belkacem, Franco-Marocaine, en affirmant que le fait qu'elle ait occupé cette fonction avait été une "erreur" et "pas une bonne chose pour la République".
Des propos qui ont énormément fait réagir, le président Emmanuel Macron dénonçant "une trahison profonde de ce qu'est la France", et la patronne du RN Marine Le Pen se disant "estomaquée" et mettant en avant "un avis personnel". La veille, le vice-président RN sortant de l'Assemblée Sébastien Chenu avait pourtant tenté de rassurer sur le sujet des binationaux.
Sur RMC-BFMTV ce vendredi, Gabriel Attal a dénoncé des "propos insupportables" qui "stigmatisent" de la part du candidat présenté par le RN, qui "n'est pas seulement député mais présenté comme le futur ministre de l'Education nationale" par le parti d'extrême droite. Il a estimé que le RN devrait "évidemment" retirer son investiture à ce candidat.
Et ce n'est "pas le seul à le dire" selon le Premier ministre, qui déplore que "derrière, il y a l'idée que vous êtes demi-national" quand vous êtes binationaux. Or, "on parle de 3,5 millions de Français qui sont parfaitement français". "Il y a dans mon gouvernement des binationaux", a-t-il dit, en énumèrant plusieurs noms.
"Je m'étonne de voir que le RN présente dans le Val-d'Oise une candidate Franco-Russe, qui a qualifié les Ukrainiens de 'néo-nazis'", a pointé Gabriel Attal. "C'est toujours à géométrie variable" avec le RN, a-t-il jugé, parlant de "moyen de stigmatiser ou d'humilier".
Sur le chef des armées, "un tournant grave" de Marine Le Pen
Réagissant aux propos de Marine Le Pen, qui a assuré que le titre de chef des armées est avant tout "honorifique", Gabriel Attal a dénoncé un "tournant grave". "C'est grave ce qu'a fait Marine Le Pen."
"Le Premier ministre est responsable de la défense nationale, il doit s'assurer que tous nos outils de défense sont toujours opérationnels. Le chef des armées, c'est le chef de l'État", a rappelé Gabriel Attal, s'appuyant sur la Constitution de la Ve République.
"La chaîne de commandement est très claire."
Les membres du RN "ne sont pas élus, ils se ruent déjà sur le bouton nucléaire" et veulent "reprendre toutes les prérogatives du chef de l'État", a tancé le chef du gouvernement.
"Vous vous rendez compte du message que cela envoie au monde? (…) C'est dangereux pour la sécurité de notre pays", a mis en garde le Premier ministre. Les puissances étrangères hostiles à la France et qui cherchent à la déstabiliser "se frottent les mains", car elles "penseront que c'est le boxon au sommet de l'État" et que ce sera "une brèche dans laquelle s'engouffrer".
Maxime Ponsot