Elias, 14 ans, tué à Paris pour son portable: deux mineurs de 16 et ...
L’enquête avance sur la mort d’Elias, un adolescent de 14 ans, poignardé vendredi soir à Paris après avoir refusé de donner son téléphone. Deux mineurs de 16 et 17 ans ont été mis en examen ce lundi 27 janvier, pour «extorsion avec violences ayant entraîné la mort» et violences volontaires sur mineur de quinze ans sans incapacité sur son ami» a fait savoir le parquet. Ils ont été placés en détention provisoire dans la foulée.
Les deux jeunes hommes, résidant dans le XIVe arrondissement, ont été interpellés peu de temps après les faits et placés en garde à vue. Ils étaient connus de la justice selon le parquet. L’un avait fait l’objet d’une mesure éducative judiciaire en décembre 2023 pour des faits de vols et extorsion. Puis, le 30 octobre dernier, tous deux avaient été présentés à la justice pour des faits de vol avec violence. Ils avaient interdiction de contact entre eux.
L’enquête, ouverte initialement pour «tentative d’homicide sur mineur de moins de 15 ans et extorsion avec arme», a été requalifiée samedi en «extorsion suivie de mort, crime faisant encourir la perpétuité», d’après le parquet.
L’un des deux reconnaît les faits
Il n’était pas encore 20 heures vendredi quand Elias B a fait face à ces deux ados, alors qu’il sortait d’un entraînement de foot au stade Jules-Noël, dans le XIVe arrondissement de Paris. Ils lui ont réclamé son portable. Refus. Un violent coup de couteau lui est porté à l’épaule, selon une source policière et le parquet. Un ami, qui était avec lui, «a effectué les gestes de premiers secours et permis d’identifier les agresseurs», a précisé le ministère public. Elias est mort à l’hôpital le lendemain midi. Son club de foot, le PO, a exprimé sur son site et ses réseaux sociaux son «immense douleur» après le décès de ce joueur U15 (moins de quinze ans), victime d'«une épouvantable agression».
Selon le préfet de police, interrogé sur RTL lundi matin, l’un des deux jeunes mis en examen a reconnu «la tentative d’extorsion et le coup de couteau mortel». Le vol de portable «était le seul mobile et il ne connaissait «probablement pas» la victime, a précisé Laurent Nuñez.
«Signaux d’alerte»
Depuis samedi, les réactions se multiplient. La maire écologiste de l’arrondissement, Carine Petit, a reconnu sur BFMTV avoir reçu «des signaux d’alerte, il y a un peu plus d’un an» concernant «un petit groupe de jeunes [qui] rentrait dans le centre sportif, agressait, violentait ou menaçait de manière plus ou moins grave» les habitués du stade. Elle a affirmé avoir «apporté des réponses» à cette situation, mais ces mesures «n’ont pas suffi» pour les deux mineurs.
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Dans un communiqué, la sénatrice LR et ancienne ministre Marie-Claire Carrère-Gée, élue de l’arrondissement, a dénoncé «la ghettoïsation de tant de quartiers du 14e». Pour elle, Carine Petit et la maire PS de Paris Anne Hidalgo se voilent «la face sur la grave insécurité qui y règne». Le préfet de Paris a déploré, de son côté, une «montée en puissance de la violence chez les mineurs».
Gérald Darmanin, ministre de la Justice, a réuni ce lundi l’ensemble des procureurs «afin de leur donner les instructions de politique pénale» en réponse aux récents «faits de violences inacceptables». Une proposition de loi sur la justice des «mineurs délinquants et de leurs parents» devait justement être débattue en ce début de semaine, un de ses premiers textes en tant que Garde des Sceaux - elle a finalement été repoussée à la semaine du 10 février. Un texte qui suscite de vives inquiétudes, axé sur un panel de mesures répressives, certaines pour «responsabiliser davantage les parents de jeunes délinquants», d’autres pour créer une procédure de comparution immédiate à partir de 16 ans et restreindre l’atténuation de peine pour les mineurs.