Remaniement : si une femme est nommée à Matignon, Édith Cresson lui souhaite «beaucoup de courage»
Unique femme à avoir occupé ce poste, Édith Cresson dénonce le «machisme» de la «classe politique».
Elle est la seule et unique femme à avoir occupé ce poste. En 1991, Édith Cresson, nommée par François Mitterrand, devient durant dix mois le premier chef de gouvernement au féminin. Plus de trente ans plus tard, et alors qu'Emmanuel Macron semble pencher vers la nomination d'une femme, elle prévient, dans une interview accordée au JDD : «Ce n'est pas le pays qui est machiste : c'est sa classe politique.»
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Son expérience ne l'a visiblement pas convaincue. Devant l'insistance du président socialiste d'alors qui en est à son second mandat, Édith Cresson accepte de s'installer à Matignon. Celle qui a été ministre à quatre reprises et essuyait déjà «des remarques anecdotiques» découvre alors que «tout a changé». «Ce sont les mêmes attaques qu'aujourd'hui, explique-t-elle. On me prêtait des propos que je n'avais jamais tenus, on me lançait des critiques permanentes, on faisait des commentaires sur ma tenue vestimentaire...» Ajoutant : «On ne se permettrait jamais la même chose, les mêmes commentaires sur la tenue des hommes politiques.»
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«Nommer une femme, c'est prendre un risque»Aujourd'hui, c'est donc avec circonspection que l'ancienne locataire de Matignon observe le remaniement qui approche. Selon elle, le fait qu'une femme accède à ces responsabilités soit une interrogation est «scandaleux», «car la France est le seul pays comparable où (la question) se pose». Surtout, elle rappelle que déjà à son époque, les sondages montraient que les Français y étaient «prêts». «Je n'ai jamais eu le moindre problème avec les électeurs», affirme-t-elle, avant de reconnaître que «pour un président, nommer une femme, c'est prendre un risque.» Pourquoi ? Parce que le poste de premier ministre est «très difficile» et que «les difficultés sont accrues par le fait que le chef du gouvernement est une femme». «Car les attaques compliquent encore plus la situation politique.»
À la prochaine qui posera ses valises à Matignon, Édith Cresson ne donne donc «aucun conseil» mais se contente d'une mise en garde : «Il lui faudra beaucoup de courage.»