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Soir de Première avec Dominique Blanc

Soir de Première avec Dominique Blanc
Dominique Blanc, sociétaire de la Comédie-Française, sera cette semaine sur la scène du TNP à Villeurbanne, pour la reprise de la mise en scène de La Douleur de Marguerite Duras, montée par Patrice Chéreau en 2008, en collaboration étroite avec T

Dominique Blanc photo Stéphane Lavoué

Dominique Blanc, sociétaire de la Comédie-Française, sera cette semaine sur la scène du TNP à Villeurbanne, pour la reprise de la mise en scène de La Douleur de Marguerite Duras, montée par Patrice Chéreau en 2008, en collaboration étroite avec Thierry Thieû Niang. Le chorégraphe et artiste associé au TNP, reprend seul la mise en scène avec Dominique Blanc, voici son interview Soir de Première.

Avez-vous le trac lors des soirs de première ?Oui, intensément. J’ai encore plus le trac la veille c’est a dire le soir de la générale, ce que nous appelons à la Comédie Française la couturière, quand le metteur en scène n’est plus dans la salle, où pour moi c’est vraiment le premier saut en parachute, ça, c’est la soirée où j’ai le plus peur. Après à la première, j’ai très peur avant que ça ne commence. Quand c’est commencé, le trac a disparu.

Comment passez-vous votre journée avant un soir de première ?Pour éloigner le trac je fais des petites courses, et en général je passe mon après-midi à faire des petits cadeaux à tout le monde, ça me distrait, et comme ça ça m’évite de trop penser, trop réfléchir.

Avez-vous des habitudes avant d’entrer en scène ? Des superstitions ?La seule superstition que j’ai, c’est que je ne veux pas porter de costumes qui sont verts. C’est ma seule superstition. Au cinéma ça ne me gène pas, mais au théâtre, pour moi, c’est impossible.

Première fois où je me suis dit « je veux faire ce métier ? »Probablement quand j’étais enfant, à Lyon, aux Célestins, il avait ce qu’on appelait les matinées classiques, et les gens sur scène avaient l’air tellement heureux, que je me suis dit «oh, j’aimerais bien y aller ».

Premier bide ?Le vrai bide ça a été la mise en scène de Jean-Pierre Vincent, le spectacle Woyzeck, où le soir de la première, un comédien à fait un bras d’honneur au public, et on a été hués, vraiment, et on a eu beaucoup de mal à jouer pendant deux mois sur Paris, parce que les gens criaient pendant le spectacle et nous disait « vous êtes à chier, vous êtes nuls », et moi je me disais sûrement qu’à la sortie ils nous expliqueraient pourquoi ils nous insultent, et en fait à la sortie il n’y avait jamais personne !

Première ovation ?Oh je pense que c’était la mise en scène de Chéreau sur Peer Gynt ici au TNP, c’était en mai 81, c’était huit heures de spectacles et les gens étaient fou de joie, c’était vraiment un très grand triomphe pour Chéreau, pour le TNP pour toute la distribution.

Premier fou rire ?Je suis très fou rire. J’ai joué à Nanterre avec un comédien qui n’est plus de ce monde mais qui était un immense comédien, très gentil, qui est Bernard Ballet, et alors lui son « kiff » c’était avec Michel Piccoli dans Terre étrangère, et ce qu’il voulait c’était faire craquer Michel Piccoli de rire. Et chaque soir il essayait, et un soir il y est arrivé et ça a été une catastrophe. Tout le plateau a ri, on ne pouvait plus s’arrêter, c’était grave.

Premières larmes en tant que spectateur, spectatrice ?Je pense que c’était à Bobigny dans le cadre du festival d’Automne, Peter Stein avait monté L’Orestie, quand j’ai vu Édith Clever et Jutta Lampe jouer la tragédie grecque avec une puissance exceptionnelle, c’était tout à fait extraordinaire, j’ai pleuré d’admiration, vraiment.

Première mise à nue ?C’était peut-être La Douleur, parce que finalement c’était la première fois que je me retrouvais toute seule sur scène, qui était une chose dont j’avais jamais rêvé particulièrement, auquel je ne pensais pas non plus spécialement, et là, oui, je me suis sentie vraiment toute nue surtout le soir de la première, à Girone, en Espagne. Là j’ai eu le trac toute la soirée, la peur ne me quittait pas, et j’étais inquiète parce que j’avais l’impression que je n’irais jamais au bout du texte, et pourtant c’était une heure vingt, mais le fait d’être toute seule, c’était terriblement impressionnant.

Première fois sur scène avec une idole ?Oh c’est Michel Piccoli ça c’est sûr, sur Terre Étrangère, qu’avait monté Luc Bondy à Nanterre Amandiers quand Chéreau le dirigeait. J’étais tellement impressionnée à la répétition. Nous étions amants dans la pièce, et j’étais profondément intimidée, et lui était comme toujours d’une très grande courtoisie, très grande politesse. Il m’a vouvoyer et j’étais partie pour le tutoyer donc j’ai fait attention après.

Première interview ?Ma première interview dans un journal, c’était le Quotidien de Paris, avec la journaliste Armelle Heliot. C’était le Mariage de figaro et en même temps j’avais un premier film qui sortait au cinéma, La femme de ma vie, dans lequel je joue une alcoolique, et elle a voulu me rencontrer dans un café pour les deux choses. J’ai dû avoir le trac pendant tout l’interview, j’étais très impressionnée et puis je pensais pas du tout que ça allait venir comme ça en fait. Et c’était joyeux en même temps parce qu’elle avait vraiment aimé les deux. Je m’en rappellerai toujours.

Premier coup de cœur ?On avait créé une petite troupe avec des amis, des copains, ça s’appelait les Turlupins, et je suis tombée amoureuse d’un des partenaires, et ça a été un énorme chagrin d’amour parce qu’en fait il en aimait une autre, et je ne m’en suis jamais consolée, et après il y a eu d’autres coups de cœur.

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