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Le Doliprane sur le point de passer sous pavillon américain

Le Doliprane sur le point de passer sous pavillon américain
Médecine / santé

Le Doliprane, médicament le plus vendu en France, est sur le point de passer sous pavillon américain: Sanofi a annoncé vendredi négocier avec le fonds d'investissement américain CD&R pour lui céder le contrôle de sa filiale de produits en vente libre Opella.

Cette annonce s'est accompagnée d'une bronca chez des politiques de tous bords, dont certains ont exhorté le gouvernement à bloquer cette opération, au nom de la souveraineté sanitaire française.

"La vente à la découpe de la France se poursuit", a tancé Jordan Bardella (RN). "Aucune leçon n'aura été tirée du Covid", a pointé Marine Tondelier (Ecologiste).

Le groupe pharmaceutique français déclare "avoir entamé des négociations avec CD&R pour la cession potentielle d'une participation de contrôle de 50% dans Opella", confirmant des informations de presse. Il ne fournit pas de détail sur cette opération de grande envergure concernant cette filiale chapeautant une centaine de marques dont le populaire Doliprane, Mucosolvan, Maalox, Novanuit...

Selon le journal Les Echos, le potentiel repreneur américain a offert plus de 15 milliards d'euros pour Opella, qui se revendique numéro trois mondial des médicaments sans ordonnance, vitamines, minéraux et compléments alimentaires.

Ce projet de séparation avait été annoncé il y a presque un an pour permettre à Sanofi d'accélérer dans l'innovation et se positionner en champion de l'immunologie et à Opella de se concentrer sur son domaine, considéré plus proche d'une logique de consommation que de la pharmacie.

"Très préoccupant"

Depuis, cette scission soulève des préoccupations en France concernant l'avenir du Doliprane, fabriqué à Lisieux (Calvados) et Compiègne (Oise) et sur des risques de délocalisation.

Sanofi répète depuis des mois que sa séparation d'Opella ne marque pas la mort du Doliprane et que les Français continueront d'en trouver en pharmacie.

Avec pour preuve, 50 millions d’euros déjà investis sur la dernière décennie sur le site de Lisieux qui produit la quasi-totalité du Doliprane, auxquels s’ajoutent actuellement 20 millions d’euros supplémentaires pour augmenter de 40% la capacité de production du Doliprane dans les prochaines années.

Pour autant, l'opération "pose un enjeu très préoccupant pour notre sécurité nationale", s'alarment une soixantaine de députés issus des groupes Ensemble pour la République, Horizons, MoDem, Droite républicaine (ex-LR), et Liot (indépendants). Le groupe LFI-NFP a exigé la nationalisation d'Opella qui emploie 1.700 salariés en France.

Inquiétude partagée par la fédération chimie-énergie de la CFDT qui a demandé dans un communiqué "l’intervention des pouvoirs publics afin que Sanofi reconsidère cette vente". La décision du groupe, "guidée par une logique strictement financière, menace non seulement l’emploi mais aussi la qualité et l’accessibilité" du Doliprane, un "médicament essentiel pour des millions de Français", estime le syndicat.

La vigilance est également de mise dans l'exécutif car l'approvisionnement en paracétamol a récemment connu des périodes de tensions.

Maintien du siège

Les ministres de l’Economie, Antoine Armand, et de l’Industrie, Marc Ferracci, ont demandé des engagements de Sanofi et du futur repreneur sur un "maintien du siège et des centres de décision" en France et de "l'empreinte industrielle française d'Opella".

Le fait qu'ils veulent "faire jouer la procédure de contrôle des investissements étrangers en France peut potentiellement bloquer l'opération", remarque Grégoire Kounowski, conseiller en investissements chez Norman K.

Opella a beau avoir des racines françaises et le Doliprane être sa deuxième marque en termes de revenus, la France ne représente qu'environ 10% des ventes de cette entité qui a réalisé 5,2 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2023.

Une autre offre était menée par le fonds français PAI Partners mais l'option américaine était financièrement plus élevée, selon des sources concordantes.

Un choix qui s'explique, selon ces sources, aussi par le fait que CD&R est un fonds de 26 milliards de dollars, beaucoup plus gros que PAI (7 milliards d'euros), qui aura l'argent disponible pour soutenir la croissance d'Opella.

Le fait que les Etats-Unis soient le premier marché d'Opella avec près de 25% de son chiffre d'affaires a également fait pencher la balance au profit du groupe américain, qui a par ailleurs déjà réalisé des investissements en France (Conforama, Rexel, Spie ou encore Socotec).

Sanofi conserverait néanmoins une part significative dans Opella sur lequel le drapeau national devrait donc continuer de flotter.

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