Didier Deschamps et les Bleus en sept grandes dates

Novembre 2013 : le barrage contre l'Ukraine

Après avoir fini deuxième de son groupe de qualifications pour la Coupe du monde 2014 derrière l'Espagne, la France doit jouer un barrage contre l'Ukraine. Lors du match aller, les Bleus sont battus 2-0 à Kiev et sont au bord de l'élimination. Dix-sept mois après sa nomination comme sélectionneur, le successeur de Laurent Blanc est déjà au pied du mur.

Quatre jours plus tard, le 19 novembre 2013, dans un Stade de France en furie, ses joueurs vont tout renverser et créer un exploit fondateur en l'emportant 3-0. Grâce à un but de Karim Benzema et un doublé de Mamadou Sakho, les Bleus de Raphaël Varane et de Paul Pogba - deux joueurs lancés par Deschamps sur lesquels il s'appuiera longtemps - se qualifient pour la Coupe du monde au Brésil. Et, du coup, DD gagne une prolongation de contrat de deux ans, jusqu'à l'Euro 2016.

Juin 2014 : un but d'Hummels élimine la France en quarts, à Rio

La première liste de 23 joueurs retenus par Deschamps pour diriger sa première phase finale est plutôt classique, avec Antoine Griezmann et Mathieu Valbuena. Samir Nasri et Éric Abidal en sont les seuls absents de marque, Morgan Schneiderlin la seule surprise. Les Français entrent parfaitement dans leur tournoi : victoires 3-0 contre le Honduras et 5-2 contre la Suisse avant un troisième match géré par les coiffeurs contre l'Équateur (0-0).

Délivrés par un but tardif de Pogba (79e) contre le Nigeria (2-0), en 8es de finale, les Bleus tombent face au futur vainqueur, l'Allemagne, dans un quart de finale fermé où les Bleus ont donné l'impression de ne jamais vouloir forcer leur destin après l'ouverture du score précoce de Mats Hummels (1-0, 12e). Sur ce coup, le défenseur central allemand avait profité d'un moment d'égarement de Varane. Un but qui restera longtemps en travers des gorges françaises.

Juin 2016 : le poteau de Gignac avant la frappe d'Eder

L'avant-Championnat d'Europe est marqué par les attentats du 13 novembre 2015, dont celui perpétré ce soir-là au Stade de France, pendant le match France-Allemagne (2-0). L'automne 2015, c'est aussi le début de l'affaire de la sextape, qui conduira Deschamps à se priver de Karim Benzema et de Mathieu Valbuena en équipe de France, un dossier qu'il traînera longtemps comme un boulet. Malgré un premier tour très poussif, marqué par des succès laborieux contre la Roumanie (2-1) et l'Albanie (2-0) et un nul géré contre la Suisse (0-0), les Bleus terminent premiers de leur groupe. Puis profitent d'un tableau favorable en huitièmes de finale - 2-1 contre l'Irlande - et en quarts de finale - 5-2 contre l'Islande - pour s'offrir la demi-finale tant attendue contre l'Allemagne, à Marseille.

Dans un Vélodrome en fusion, les Bleus l'emportent grâce à un doublé d'Antoine Griezmann (2-0), passé dans une autre dimension durant cet Euro en France. Le 10 juillet 2016, au Stade de France, les Français sont favoris face à des Portugais toujours en quête de leur premier titre. Ils dominent, ils ont la « chance » de voir Cristiano Ronaldo se blesser dès la 25e minute, mais ils tombent sur un grand Rui Patricio dans le but portugais. Moussa Sissoko fait une grande finale dont André-Pierre Gignac est proche d'être le héros... mais son tir touche le poteau dans le temps additionnel. Vingt minutes plus tard, dans la prolongation, Eder, l'attaquant du LOSC, élimine Laurent Koscielny et trompe Hugo Lloris d'une frappe de 25 mètres pourtant « prenable ». Le Portugal est sacré (1-0, a.p.). La France est abattue.

Juillet 2018 : le sacre à Moscou

La Coupe du monde 2018 commence en mars 2017, lorsque Didier Deschamps offre sa première sélection à Kylian Mbappé, un OVNI qui lui tombe du ciel et sur lequel il dessinera les grandes lignes du plus grand succès de sa carrière. Comme en 2016, le premier tour des Bleus est tendu et laborieux : succès étriqués contre l'Australie (2-1) et le Pérou (1-0), nul pénible contre le Danemark (0-0). Mais la recette de la montée en puissance à déjà fait ses preuves, et notamment vingt ans plus tôt, quand Deschamps était le capitaine d'Aimé Jacquet.

Les Bleus gagnent un match de légende contre l'Argentine de Lionel Messi (4-3), en huitièmes de finale, puis font preuve d'une solidité et d'une efficacité incroyable lors des deux matches suivants : 2-0 contre l'Uruguay, puis 1-0 contre les voisins belges, définitivement maudits contre la France. Le 15 juillet 2018, la France peut gagner sa deuxième Coupe du monde face à la Croatie tandis que Deschamps peut devenir le troisième homme de l'histoire à gagner la Coupe du monde comme sélectionneur après l'avoir remportée comme joueur. Les Croates ratent leur finale, les Français la réussissent et mènent 4-1 après 65 minutes de jeu, grâce à des buts de Mandzukic contre son camp, Griezmann, Pogba et Mbappé, symboles des joueurs hors norme que DD aura eu la chance de diriger. Vainqueurs 4-2, les Bleus apportent à la France leur deuxième Coupe du monde.

Euro 2021 : malgré Benzema, le fiasco contre la Suisse

L'Euro 2020 a été reporté en 2021 en raison du Covid 19. Et le 18 mai 2021, à l'immense surprise générale, Deschamps décide de retenir Benzema parmi les 26 joueurs appelés à jouer la compétition sur tout le continent. Cinq ans après, Benzema fait son retour en équipe de France et il le réussit. Les Bleus terminent à la première place d'un groupe très difficile avec l'Allemagne (1-0), la Hongrie (1-1) et le Portugal (2-2). Ironie du sort, sept ans après, c'est Hummels qui marque contre son camp pour la France. Griezmann égalise contre la Hongrie et Benzema met un doublé contre le Portugal.

Favoris contre la Suisse en 8es de finale, les Français font le match parfait pendant 80 minutes. Assis sur leurs hommes forts (doublé de Benzema, but de Pogba), ils mènent 3-1 avant de s'écrouler et d'encaisser deux buts à la 81e minute et à la 90e. Score final : 3-3, après prolongation. La France s'incline sur un dernier tir au but raté par Mbappé. Réputé pour son réalisme, Deschamps n'a pas pu cadrer ses joueurs vers l'essentiel : tenir le score.

Doha 2022 : aux portes de la gloire

William Saliba, Aurélien Tchouaméni, Eduardo Camavinga ou Mattéo Guendouzi font partie de la nouvelle vague appelée à disputer la Coupe du monde au Qatar. Mais il y a des forfaits d'importance, Paul Pogba, N'Golo Kanté, Karim Benzema, au bout d'un feuilleton nauséabond dans la dernière ligne droite, et Lucas Hernandez, gravement blessé à un genou dès le match d'ouverture contre l'Australie (4-1). Le tableau est encore favorable et la France se qualifie dès le deuxième match, en battant le Danemark (2-1). La défaite contre la Tunisie (0-1) dans un match sans enjeu ne rassure pas sur la qualité des réservistes et la qualité de jeu minimaliste des Bleus fait débat. La question est la suivante : comment les Bleus n'en font-ils pas plus dans le jeu avec une telle équipe ?

La France écarte la Pologne (3-1, Giroud et doublé de Mbappé) en 8es de finale. Elle s'impose face à l'un des favoris du tournoi, l'Angleterre (2-1), grâce à son impact physique et des buts de Tchouaméni et Olivier Giroud. Puis gagne sa place en finale en dominant les surprenants Marocains (2-0, buts de Theo Hernandez et Randal Kolo, Muani). La France va disputer sa quatrième finale de Coupe du monde en vingt-quatre ans, contre l'Argentine de Lionel Messi, revancharde après le quart de finale de 2018. Pendant plus de 70 minutes, les Bleus ne voient pas le jour et ne cadrent rien. Mais un doublé inespéré de Mbappé (80e sur penalty et 81e) va les emmener dans une improbable prolongation. Messi marque son deuxième but de la finale (3-2, 108e) mais Mbappé répond encore (3-3, 118e sur penalty). Kolo Muani a la balle du 4-3 et du titre au bout du pied mais Emiliano Martinez gagne leur duel du bout du pied. C'est aux tirs au but que cela se décide. Messi et Mbappé marquent encore mais Kingsley Coman et Tchouaméni ratent. L'Argentine remporte sa troisième Coupe du monde, Deschamps a tutoyé un exploit gigantesque à la tête des Bleus.

Euro 2024 : la leçon espagnole

La dernière phase finale en date des Bleus sous Didier Deschamps n'est pas la plus glorieuse. L'Autriche, les Pays-Bas (comme dans le groupe de qualifications largement dominé par les Français) et la Pologne sont au programme du premier tour et cela s'avère plus que laborieux. 1-0 contre l'Autriche sur un but de Wöber contre son camp. 0-0 contre les Pays-Bas. 1-1 contre la Pologne sur un penalty de Mbappé. Le débat sur l'inefficacité offensive des Bleus et la pauvreté de leur jeu est permanent, même en interne.

C'est la même chose en 8es de finale : 1-0 contre la Belgique, Vertonghen contre son camp. Et en quarts contre le Portugal : 0-0, 5-3 aux t.a.b.. La demi-finale est là et l'objectif est atteint, mais de quelle manière... Les Bleus ont même la chance de marquer les premiers contre l'Espagne grâce à Kolo Muani, dès la 9e minute. Mais ils sont ensuite largement dominés par une équipe dont le fond de jeu, l'identité et la culture collective sont une pierre dans le jardin du sélectionneur français.