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La mort de l'économiste Daniel Cohen, une pensée en marche et un ...

La mort de léconomiste Daniel Cohen une pensée en marche et un
Le plus respecté – et le plus pédagogue – des économistes français s’est éteint dimanche à l’âge de 70 ans. Professeur d’économie à l’Ecole normale, il n’a eu de cesse de recoller la discipline à la vie concrète.
Daniel Cohen, à Paris, en juin 2015.Daniel Cohen, à Paris, en juin 2015.
Daniel Cohen, à Paris, en juin 2015. BRUNO CHAROY / PASCO

Il pouvait disserter avec la même gourmandise et le même brio du destin tennistique de Roger Federer, de la crise de la dette en Afrique et du devenir de notre civilisation à la fois prospère et malheureuse. C’est un grand esprit du monde, l’économiste Daniel Cohen, qui s’est éteint ce dimanche 20 août à l’âge de 70 ans à l’hôpital Necker, à Paris, d’une maladie du sang. Il laisse en héritage une génération exceptionnelle d’élèves, dont un Prix Nobel, et une pensée foisonnante et riche qui s’est épanouie dans plus d’une quinzaine de livres.

Il était pour cela le plus respecté des économistes français et le plus célèbre dans le grand public par la vertu pédagogique et éclairante de ses ouvrages. « Daniel Cohen était un professeur. Un homme d’idéal et de transmission. De débats et d’engagement. Nous perdons un grand intellectuel, un économiste qui fit rayonner notre recherche française, un humaniste sincère », a déclaré Emmanuel Macron sur X (anciennement Twitter).

Né le 16 juin 1953 à Tunis, il a passé son enfance à Paris, choyé par une mère pharmacienne et un père médecin. Il a 15 ans quand éclate la révolte étudiante de 1968, premier éveil politique. Crack en maths, papa rêvait d’en faire un polytechnicien. Il réussit le concours mais choisit l’Ecole normale supérieure et décroche l’agrégation de mathématiques en 1976. Mais la crise pétrolière de 1973, qui sonne la fin de la grande croissance de l’après-guerre, l’intrigue trop pour qu’il ne cherche à comprendre ce basculement fondamental qui apportera quelques années plus tard l’inflation, le chômage et la désindustrialisation. La fin d’un monde et le début d’un autre.

« Nous partagions la même passion pour les romans de Kundera, de Garcia Marquez ou de Vargas Llosa, où se mêlaient politique et littérature », raconte l’historien et philosophe Michel Marian, son copain de l’Ecole normale. Tout cela sur fond de décomposition lente du marxisme qui imprégnait tous les cours d’économie. Politique, culture, économie, le petit génie des maths ne pourra jamais se résoudre à abandonner une discipline car tout est utile pour comprendre et expliquer le monde.

Une écurie Cohen

La phrase d’introduction de son premier livre grand public, Les Infortunes de la prospérité (Julliard, 1994), s’ouvre ainsi sur une analogie entre la disparition de la croissance et celle de mademoiselle Albertine qui fait tant souffrir Proust dans A la recherche du temps perdu. « Mais la croissance n’est pas revenue, et la politique économique déçue a fini par décréter sa propre inutilité, reportant sur la croissance infidèle la responsabilité de ses malheurs », poursuit Daniel Cohen, qui pose ainsi, dès le début des années 1990, le diagnostic d’un monde en mutation dans un style lui aussi très littéraire.

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