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Une enquête pour corruption provoque une onde de choc au Parlement européen

Une enquête pour corruption provoque une onde de choc au Parlement européen
Une des vice-présidentes de l'assemblée a été interpellée vendredi avec plusieurs autres personnes sur des soupçons de corruption de la part du Qatar. Le pays organisateur du Mondial de football aurait cherché à redresser sa mauvaise image et infl

Publié le 10 déc. 2022 à 13:51Mis à jour le 11 déc. 2022 à 2:03

C'est une affaire qui tombe particulièrement mal pour le Parlement européen, institution de l'UE qui aime à se présenter en pointe sur les questions d'éthique et d'Etat de droit.

Eva Kaili, une vice-présidente grecque de l'assemblée (du groupe S&D des socialistes et démocrates), a été interpellée vendredi pour être auditionnée, sur des soupçons de corruption impliquant le Qatar qui ont conduit la police belge à mener une vaste opération de perquisitions à Bruxelles.

Enquête de quatre mois

Quatre hommes avaient été interpellés dans la matinée : le compagnon d'Eva Kaili, Francesco Giorgi, assistant parlementaire ; un directeur d'ONG ; le dirigeant syndical italien Luca Visentini et l'ancien eurodéputé Pier-Antonio Panzeri, membre du Parlement de 2004 à 2019. L'enquête, pilotée depuis quatre mois par un juge financier bruxellois, vise des faits de corruption et de blanchiment d'argent en bande organisée.

600.000 euros en liquide

Le Qatar est soupçonné d'« influencer les décisions économiques et politiques du Parlement européen, en versant des sommes d'argent conséquentes ou en offrant des cadeaux importants », souligne le parquet fédéral.

Au cours de la quinzaine de perquisitions opérées, la police a mis la main sur quelque 600.000 euros en liquide ainsi que sur du matériel informatique et des téléphones portables dont les contenus seront analysés. Les cadeaux ou avantages offerts pourraient être liés à la volonté du Qatar d'améliorer sa très mauvaise réputation en matière de droits humains et de traitement des travailleurs étrangers.

Onde de choc

L'affaire a envoyé une onde choc au Parlement. Les eurodéputés se repassent désormais le film du débat et du vote, le 24 novembre dernier, d'une résolution condamnant les violations des droits humains au Qatar. Des eurodéputés S&D et d'autres groupes avaient voté contre. Dans l'hémicycle, Eva Kaili avait estimé que l'émirat était « un pionnier en matière de droits du travail » et jugé que les Européens « n'avaient aucun droit moral de lui faire la leçon ». Des déclarations qui avaient suscité des remous.

« Il y a toujours eu des eurodéputés aux votes étonnants, qui refusent par exemple de s'associer à des résolutions contre des dictatures, mais c'est pour des raisons personnelles ou idéologiques, relève un expert du Parlement. Si jamais on découvre ici des achats de vote organisés, ce sera un énorme choc ». Certains membres de l'administration du Parlement se disaient inquiets, samedi, redoutant que l'enquête ne révèle un « système ».

Plénière tendue

L'ONG Transparency International, qui analyse traditionnellement très finement les activités des eurodéputés, a déjà estimé qu' « il ne s'agit pas d'un incident isolé. […] Depuis plusieurs décennies, le Parlement a laissé se développer une culture de l'impunité ». La présidente du Parlement, la Maltaise Roberta Metsola, a garanti sur Twitter que « [nous] ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour coopérer avec la justice ». Elle a décidé de suspendre avec effet immédiat tous les pouvoirs, devoirs et tâches délégués à Eva Kaili en sa qualité de vice-présidente du Parlement européen.

Le parti socialiste grec souhaite désormais qu'Eva Kaili cède son siège au sein du Parlement, selon l'AFP. « Pour le moment, elle ne souhaite pas céder son siège car elle sait que cela induirait une levée de son immunité parlementaire », a indiqué un élu grec à l'agence de presse. Le parti a annoncé dès vendredi qu'Eva Kaili en était « écartée ». Le groupe S&D du Parlement européen a annoncé sa suspension « avec effet immédiat ».

Le Parlement, qui se réunit la semaine du 12 décembre en plénière à Strasbourg, va évidemment débattre de ces révélations. Les eurodéputés verts et sociaux-démocrates ont annoncé dès samedi qu'ils s'opposeront lundi au démarrage de négociations sur une libéralisation des visas pour les Qataris dans l'UE. L'agenda initial de la plénière prévoyait de finaliser un texte facilitant le régime de visas pour les voyageurs du Qatar et du Koweït.

Conditions de travail

Eva Kaili, ancienne présentatrice télé de 44 ans, a rencontré au Qatar, peu avant le début du Mondial de football, le ministre qatari du Travail Ali bin Samikh Al Marri. L'élue a alors salué, au nom de l'UE, l'engagement du Qatar à « poursuivre les réformes du travail ».

Le Qatar a été accusé par des ONG de gravement négliger les conditions de travail et de vie de ses centaines de milliers de travailleurs migrants venus d'Asie et d'Afrique. En réponse, Doha a fait valoir des réformes inédites du code de travail, saluées par des organisations syndicales, qui appellent néanmoins à une application plus rigoureuse.

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