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Le Qatar soupçonné de corruption au Parlement européen : tout comprendre à l'enquête qui agite Bruxelles

Le Qatar soupçonné de corruption au Parlement européen  tout comprendre à lenquête qui agite Bruxelles
Une enquête de la justice belge sur des soupçons de corruption en lien avec le Qatar a mené à l’arrestation de cinq personnes à Bruxelles vendredi. Parmi elles, une vice-présidente grecque, Eva Kaili, qui a immédiatement été sanctionnée.

L’affaire secoue le Parlement européen depuis vendredi. Après l’arrestation vendredi 9 décembre de plusieurs personnes dont une vice-présidente grecque et un ex-eurodéputé italien dans le cadre d’une opération anticorruption de la police belge au Parlement européen, en lien avec le Qatar, quatre d’entre elles ont été placées en détention provisoire. Elus et ONG appellent à débattre en urgence d’une amélioration des règles d’éthique dans cette grande institution de l’UE. « L’Obs » fait le point.

• Cinq arrestations vendredi à Bruxelles

Cinq personnes ont été arrêtées vendredi à Bruxelles à l’issue d’au moins 16 perquisitions dans une enquête sur des soupçons de versements d’argent « conséquents » par un pays du Golfe pour influencer les décisions des eurodéputés. Le parquet fédéral n’a pas nommé le pays, mais une source judiciaire proche du dossier a confirmé à l’AFP qu’il s’agissait du Qatar, comme le révélaient les médias « le Soir » et Knack.

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Selon des informations confirmées à l’AFP, au moins trois suspects interpellés vendredi sont des Italiens ou d’origine italienne : l’ancien eurodéputé socialiste Pier-Antonio Panzeri (qui a siégé de 2004 à 2019), le secrétaire général de la Confédération syndicale internationale (CSI) Luca Visentini, ainsi que Francesco Giorgi, un assistant parlementaire du groupe S&D, compagnon d’Eva Kaili.

Coupe du Monde au Qatar : voyage dans l’envers du décor

Samedi, les auditions de cinq suspects se sont poursuivies à Bruxelles, selon un porte-parole du parquet fédéral. Un éventuel placement en détention provisoire par le juge d’instruction doit être décidé dans un délai de 48 heures après l’interpellation, soit dimanche au plus tard.

Outre les cinq en Belgique, il y a eu deux interpellations en Italie, a confirmé samedi une source gouvernementale italienne à l’AFP à Rome. Il s’agit de l’épouse et la fille de Pier-Antonio Panzeri.

• Une vice-présidente du Parlement parmi les interpellés

Le dossier a pris une dimension supplémentaire quand a été confirmée l’identité de la cinquième personne interpellée vendredi soir. L’eurodéputée grecque Eva Kaili est une ex-présentatrice télé de 44 ans devenue une figure de la social-démocratie dans son pays. Elle a aussi le titre de vice-président du Parlement européen comme 13 autres élus.

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Elle a immédiatement été écartée du Parti socialiste grec (Pasok-Kinal), qui souhaiterait aussi la voir céder son siège au Parlement européen. Le groupe Socialistes et Démocrates (S&D) de l’assemblée européenne a annoncé sa suspension « avec effet immédiat ». Samedi soir, elle s’est également vue retirer provisoirement les tâches que lui avait déléguées la présidente Roberta Metsola, comme celle de la représenter dans la région Moyen-Orient.

Eva Kaili s’était rendue début novembre au Qatar où elle avait salué en présence du ministre qatari du Travail les réformes de l’émirat dans ce secteur. « Le Qatar est un chef de file en matière de droits du travail », avait aussi affirmé la Grecque le 22 novembre à la tribune du Parlement européen. Des propos qui avaient suscité des remous à gauche et sont revenus à l’esprit de nombreux eurodéputés à l’annonce de son interpellation.

Quatre personnes inculpées et placées en détention

Le parquet fédéral a annoncé dimanche le placement en détention provisoire de quatre des personnes interpellées ces dernières 48 heures. S’il n’a pas donné de nom, une source judiciaire affirme qu’Eva Kaili en fait partie. Elle n’a pas pu bénéficier de son immunité parlementaire car l’infraction qui lui est reprochée a été constatée « en flagrant délit » vendredi, a expliqué cette même source.

Ces quatre personnes ont été écrouées après leur inculpation par un juge d’instruction bruxellois pour « appartenance à une organisation criminelle, blanchiment d’argent et corruption », a indiqué le parquet fédéral dans un communiqué. Deux autres personnes ont été libérées par le juge.

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• Une enquête pour « corruption » et « blanchiment d’argent »

L’enquête du juge belge Michel Claise vise des faits de « corruption » et de « blanchiment d’argent » en bande organisée, selon le parquet.

Samedi le journal belge « L’Echo » affirmait que « plusieurs sacs remplis de billets » avaient été découverts au domicile bruxellois d’Eva Kaili, que la police a perquisitionné après avoir surpris le père de l’élue lui-même en possession d’une grosse quantité d’argent liquide dans « une valise ».

• Le Qatar réfute toute implication

L’affaire éclate en plein Mondial-2022 de football, alors que le pays organisateur doit déployer des efforts pour défendre sa réputation décriée en matière de respect des droits humains, notamment ceux des travailleurs. « Toute allégation de mauvaise conduite de la part de l’Etat du Qatar témoigne d’une grave désinformation », a réagi samedi un responsable du gouvernement qatari sollicité par l’AFP.

« L’argent sale est partout » : le cri d’alarme de trois juges européens

Face à l’enquête, les eurodéputés Verts et socio-démocrates s’opposeront lundi au démarrage de négociations sur une libéralisation des visas pour les Qataris dans l’UE. Réunis à partir de lundi à Strasbourg, les eurodéputés devaient valider l’ouverture de pourparlers entre le Parlement européen et les Etats membres de l’UE en vue de finaliser un texte facilitant le régime de visas pour les voyageurs du Qatar et du Koweït. Ce texte avait reçu le feu vert des Etats membres fin juin, mais ces soupçons de corruption pourraient bien le stopper net.

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• « Pas un incident isolé »

L’affaire a déclenché une onde de choc à Bruxelles. Des socialistes français ont dénoncé « un scandale gravissime », tandis que les écologistes Michèle Rivasi et David Cormand ont pointé du doigt « une complaisance coupable » de certains socio-démocrates (S&D) lors du débat sur le Qatar à la dernière session plénière. La prochaine session, qui démarre lundi à Strasbourg, s’annonce agitée. L’eurodéputée française Manon Aubry (gauche radicale) a exigé un nouveau débat sur le même sujet, en fustigeant samedi « le lobbying agressif du Qatar ».

« Il ne s’agit pas d’un incident isolé », a réagi l’organisation Transparency International au lendemain de l’opération de police. « Depuis plusieurs décennies, le Parlement a laissé se développer une culture de l’impunité […] et une absence totale de contrôle éthique indépendant ». Ce contrôle dans l’institution est « défectueux », a renchéri sur Twitter Alberto Alemanno, professeur de droit au Collège d’Europe à Bruges.

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