Corinne Masiero raconte avoir été victime d’inceste
Témoigner pour briser un tabou qui frappe encore trop souvent les familles… L'interprète du Capitaine Marleau a accepté de parler de l'inceste dont elle a été victime à 8 ans de la part d'un cousin dans un documentaire qui sera diffusé le 26 septembre sur France 3, Inceste, le dire et l'entendre, qui donne la parole à six personnes traumatisées par ces drames.
Dans le magazine Elle, l'actrice est revenue sur des faits qui sont soudain remontés à la surface en tombant sur une photo. « C'est ressorti lors du confinement, raconte Corinne Masiero. Comme tout le monde, pendant des jours, je fais le ménage, je range des papelards, des photos, dont l'une de moi en noir et blanc, prise sur la Côte d'Opale. J'ai 7 ou 8 ans et je suis sur le dos d'un cousin qui en a dix de plus et qui me tient par les poignets. Et là, c'est comme un grand beurk qui remonte. Des flashs, des sensations… »
« Dégueulasseries »Elle décide alors de consulter pour tenter de recoller ses souvenirs. « Après, chez le psy, je reconstitue le film, même s'il m'en manque encore des bouts. Je me vois à poil avec ce cousin dans le jardin de mes parents. Il se frotte contre moi, me touche l'entrejambe », se souvient-elle, en précisant que les attouchements ont duré « des années ». Pour elle, le plus troublant après coup est d'accepter de se voir sourire sur la photo en question, alors qu'elle vivait un profond mal-être. « Elle parle aussi de ça, du silence qui tue : tu es môme, tu sais que tu ne devrais pas subir ce qu'on t'inflige, mais tu ne dois pas casser l'ambiance. On te répète que les agressions sexuelles c'est dehors. On ne te dit pas tais-toi, mais tu sens que tu dois la fermer. La famille, s'est sacré. C'est là qu'ont lieu 80 % des violences sexuelles contre les mineurs. Mais omerta sur les dégueulasseries. »
Invitée lundi sur France Inter, Corinne Masiero a expliqué comment ces agressions ont laissé chez elle de profonds traumatismes. « Quand on subit ça, qu'est-ce qu'on représente après ? On n'est rien. On est un objet, un bout de viande, a-t-elle confié dans l'émission L'instant M. Et on le garde toute sa vie, on fait avec, on n'en guérit pas. Comme si on te coupait une jambe et qu'après, on apprenait à marcher, mais avec une jambe en moins… » Aujourd'hui encore, l'actrice reconnaît qu'elle a beaucoup de mal à accepter qu'on lui témoigne de l'amour ou de l'affection, qu'elle vit comme une agression. « Il n'y a pas d'amour dans ces cas-là, c'est sous le couvert de l'amour qu'on t'agresse : Je t'aime bien, regarde, on va se caresser… Pour moi, le mot amour, ça ne veut plus rien dire. Il y a deux mots que je déteste, c'est amour et famille. Volontairement, j'ai pas reproduit de famille, j'ai pas voulu de gosse, parce que, à un moment donné, la chaîne, il faut la casser… »
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D'où la nécessité de parler et de briser l'omerta qui règne encore dans les familles – près de 7 millions de Français ont été victimes d'inceste. « Ça touche tout le monde à égalité, partout, les bourges, les prolos, souligne Corinne Masiero. C'est important de prendre la parole, parce que la parole, c'est l'étincelle qui permet de faire bouger les choses… »