Vendée Globe : «Nous n'avons jamais triché», assurent Clarisse ...
Avis de tempête
Le Vendée Globe, course de l’absolu du monde de la voile, a-t-elle été corrompue par de la triche ? L’histoire commence par une missive anonyme. Dimanche 11 février, un mail est adressé à la Fédération Française de Voile (FFVoile) pour accuser le couple de navigateurs Clarisse Crémer et Tanguy Le Turquais d’avoir enfreint les règles de l’assistance aux skippers lors de la dernière édition de la course, en 2020. Plus exactement, que Le Turquais, resté à terre lors de l’épreuve, a fait bénéficier à Crémer d’un routage (conseils sur les choix de trajectoire). Un stratagème évidemment strictement interdit par le règlement de la course, une aventure en solitaire. Dans la foulée, un jury international se constitue pour instruire l’affaire.
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Ce jeudi 15 février, le couple de marins prend la parole. Et nie en bloc. «Nous n’avons jamais triché, se défendent-ils sur leurs réseaux sociaux, ni jamais eu une quelconque volonté d’enfreindre une règle au fil de ce tour du monde de 87 jours. […] Nous sommes outrés de l’écho que peuvent avoir des dénonciations anonymes […] qui nous portent déjà préjudices.»
«Intimité d’un couple»
«Durant nos échanges qui relèvent essentiellement de l’intimité d’un couple, Tanguy ne me donne jamais la moindre information que je n’ai déjà», insiste Crémer qui, sur le voilier «Banque Populaire», avait terminé douzième d’une course remportée par Yannick Bestaven (Maître CoQ). Aucune conversation avec [Tanguy Le Turquais] n’a contribué à ce que je change de trajectoire ou que je fasse un choix stratégique qui aurait eu un impact sur ma course. J’ai toujours fait tous mes choix de performance seule et sans assistance, conformément aux règles.»
L’accusation se fonde sur des captures d’écran de conversations WhatsApp pendant la course. «Ces échanges, précise le couple, ont eu lieu sur le téléphone de bord de Clarisse, propriété de son ancienne équipe, qu’elle a laissé accessible à tous dès son arrivée à terre, conformément aux règles.» Les marins poursuivent : «Trois ans après la fin du Vendée Globe, on ne peut que s’interroger sur les motivations et le timing de cette divulgation anonyme et nous nous réservons le droit de porter plainte le cas échéant.»
Quatre éliminés
Les deux skippers sont actuellement candidats au départ pour le prochain Vendée Globe, qui s’élancera en novembre des Sables d’Olonne. Si 44 bateaux sont pré-inscrits, seuls 40 seront admis au départ. Quatre éliminés donc, sur la base de leurs performances. Et Clarisse Crémer ne figure, pour l’instant, pas dans la liste. Elle pouvait toutefois espérer bénéficier d’une invitation des organisateurs.
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Clarisse Crémer avait fait l’actualité début 2023, lorsque son sponsor de l’époque «Banque Populaire» l’avait écartée du projet Vendée Globe, estimant qu’elle ne pourrait pas naviguer suffisamment pour satisfaire aux conditions de qualifications, en raison de la naissance de sa petite fille en novembre 2022. Crémer avait accusé Banque Populaire de la «laisser à quai», et son histoire avait provoqué un vif embarras dans le monde de la voile, soucieux de promouvoir l’égalité entre hommes et femmes. La ministre des Sports Amélie Oudéa-Castera était même intervenue pour dire que l’affaire lui «tenait à cœur». Devant l’ampleur de la polémique, Banque Populaire, sponsor historique de la voile, avait choisi de ne pas nommer un autre skipper, et avait même vendu le bateau. La navigatrice de 34 ans a finalement rejoint l’équipe du Britannique Alex Thomson, et espère être au départ de la prochaine édition de «l’Everest des mers» en novembre sous les couleurs de son nouveau sponsor l’Occitane en Provence.