Calin Georgescu, le candidat d'extrême droite prorusse qui ...

Il a provoqué une onde de choc en Roumanie. Calin Georgescu, candidat indépendant et prorusse, a remporté le premier tour de l'élection présidentielle avec 22,95 % des suffrages exprimés, devant Elena Lasconi (19,17 %), 52 ans, la maire centre-droit de la petite ville de Câmpulung, dans le centre du pays.

Crédité de 5 % des intentions de vote par les instituts de sondage, Calin Georgescu s'est montré particulièrement virulent à l'égard de l'Otan. "Ce soir, le peuple roumain a crié pour la paix. Et il a crié très fort, extrêmement fort", a-t-il déclaré dimanche en fin de journée.

Ce résultat est un séisme politique dans ce pays de 19 millions d'habitants, membre de l'Otan, qui a jusqu'à présent résisté aux appels nationalistes et s'est démarqué de ses voisins hongrois et slovaque. "L'extrême droite est de loin le grand vainqueur de cette élection", a estimé à l'AFP le politologue Cristian Pirvulescu.

Pour Cristian Andrei, consultant politique basé à Bucarest, la performance inattendue de Calin Georgescu est signe d'une "grande protestation ou une révolte contre l'establishment". "Les principaux partis politiques ont perdu le contact avec les Roumains ordinaires", analyse le chercheur, interrogé par l'Associated Press. "Il n'y a pas de candidats ou de leaders forts... Il y a des candidats faibles, des leaders faibles, et les partis en général sont plutôt déconnectés."

"Il inspire le sérieux"

Dépourvu de programme, selon lui, le manifeste "vague et populiste" de Calin Georgescu va "au-delà du discours normal" : soutien aux agriculteurs roumains, réduction de la dépendance aux importations et augmentation de la production d'énergie et de nourriture....

Au-delà du discours et des idées, c'est l'homme qui semblé avoir séduit. "Il semble être un homme intègre, sérieux et patriote. Il inspire le sérieux. Je pense que seul quelqu'un comme lui peut apporter le changement", a déclaré Maria Chis, une retraité de 70 ans qui avait boudé le scrutin, mais prévoyait de voter pour Calin Georgescu au second tour.

Calin Georgescu, 62 ans, est un ancien membre éminent du parti Alliance pour l'unification des Roumains (AUR), un parti d'opposition de droite dure. Présenté comme son candidat au poste de Premier ministre, il est contraint de quitter le parti en 2022, après des propos pro-russes et anti-OTAN jugés nuisibles à l'image du parti.

Dans une interview accordée en 2021, il a ainsi qualifié le bouclier balistique de l'Otan installé dans la ville roumaine de Deveselu de "honte de la diplomatie" et a déclaré que l'Alliance de l'Atlantique Nord ne protégerait aucun de ses membres en cas d'attaque de la part de la Russie.

Calin Georgescu, a également déclaré que Ion Antonescu, dirigeant de facto de la Roumanie durant la Seconde Guerre mondiale, qui a été condamné à mort pour son rôle dans l'Holocauste, et Corneliu Zelea Codreanu, le dirigeant de la Garde de fer – l'un des mouvements antisémites les plus violents d'Europe – étaient des "héros nationaux".

Star de TikTok

Selon son site web, il est titulaire d'un doctorat en pédologie, une branche de la science des sols, et a occupé différents postes au sein du ministère roumain de l'environnement dans les années 1990. Entre 1999 et 2012, il a représenté la Roumanie au comité national du Programme des Nations unies pour l'environnement. 

Cet illustre inconnu s'est fait remarquer pendant la campagne en postant des vidéos sur TikTok qui sont devenues virales. Plus de 1,6 million de likes pour des publications le montrant en train d'aller à l'église, de faire du judo, de courir sur une piste ovale et de s'exprimer dans des podcasts. 

Le candidat prorusse a également déclaré que la Roumanie n'était "pas prête à gérer quoi que ce soit" sur le plan diplomatique et stratégique et que sa meilleure chance résidait dans la "sagesse russe", sans toutefois dire explicitement s'il soutenait la Russie.

Le Kremlin ne s'est d'ailleurs pas particulièrement réjoui à l'annonce de cette victoire surprise dans un pays dont elle juge la politique "pas amicale". "On ne peut pas dire que nous connaissions bien les points de vue de ce candidat en ce qui concerne les relations avec notre pays", a dit à la presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov en précisant attendre de "voir" le résultat du second tour de l'élection présidentielle, le 8 décembre.

Avec AFP, AP et Reuters