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BULLET TRAIN : chronique

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BULLET TRAIN : chronique  Cinemateaser

BULLET TRAIN : chronique

BULLET TRAIN : chronique

Mis en scène avec soin, BULLET TRAIN peut compter sur son trio vedette (Brad Pitt / Aaron Taylor-Johnson / Brian Tyree Henry) pour pallier son manque de rigueur narrative.

De SUPER EXPRESS 109 à RUNAWAY TRAIN en passant par UNSTOPPABLE ou SNOWPIERCER, le cinéma a maintes fois prouvé l’avantage d’utiliser le train comme accélérateur de dramaturgie – plus globalement, les transports, qu’il s’agisse du bus (SPEED) ou de l’avion (AIRPORT), sont de formidables capsules de huis clos. BULLET TRAIN s’inscrit dans cette longue lignée de thrillers où l’action se retrouve circonscrite à un véhicule lancé à grande vitesse, terreau autant que symbole des tensions qui se jouent dans le récit. Avec une originalité, toutefois : ici, ce n’est pas le train qui est fou, mais ses passagers. En l’occurrence un rassemblement de tueurs à gages et autres malfrats assis dans le même shinkansen (TGV japonais) reliant Tokyo à Kyoto, chacun poursuivant son but. Ladybug (Brad Pitt), lui, central à ce sac de nœuds, doit récupérer une mallette dont il ignore le contenu. Mais les implacables Tangerine (Aaron Taylor-Johnson) et Lemon (Brian Tyree Henry) doivent l’en empêcher… Post-modernisme et faconde jusqu’au-boutiste d’un côté ; mélange entre action et burlesque de l’autre : BULLET TRAIN assume d’être visiblement influencé par Quentin Tarantino et Jackie Chan. S’il n’arrive pas à la limpidité cristalline, quasi poétique dans le dolorisme, des chorégraphies du second, l’action de BULLET TRAIN se révèle pourtant convaincante, le plus souvent lisible, alternant avec efficacité violence brute et images cool. Le tout dans des décors étroits dont David Leitch tire parti pour limiter l’action à des gestes secs et des surgissements brutaux. Raison de plus pour regretter que BULLET TRAIN ne parvienne à conserver cette idée dans son récit, qui aurait probablement gagné à être resserré – tant en termes de durée que de personnages, trop nombreux – et à ne jamais sortir du train. Car, bizarrement, à force de multiplier les protagonistes, les intrigues, les décors et les influences culturelles (japonaise, mexicaine, américaine…), BULLET TRAIN se perd, illustrant laborieusement chaque flashback, même les plus banals, en une sorte d’étalage de moyens qui nuit à son efficacité. Le film se dilue ainsi dans un trop-plein (notamment son final poussif et son excès de CGI) et devient une sous-tarantinade qui, bien que lorgnant constamment sur KILL BILL, n’en a ni l’ampleur ni la rigueur. Sorte d’adolescent hyper-actif, BULLET TRAIN perd de vue ce qu’il a de plus fort : son personnage principal, Ladybug, Gaston Lagaffe beau gosse, laid-back et poissard, incarné avec une élégance, un sens comique et une classe distante par un Brad Pitt des grands jours. Particulièrement à l’aise, l’acteur s’amuse, parfaitement aidé par la folie de Taylor-Johnson et la profondeur de Henry – tueur mélancolique touchant. Le cœur du film est là, dans ce trio vedette. Dommage qu’il soit maltraité par le désir quasi maladif du film d’en faire toujours plus – et trop.

De David Leitch. Avec Brad Pitt, Aaron Taylor-Johnson, Brian Tyree Henry, Joey King. États-Unis. 2h06. En salles le 3 août

3Etoiles

 
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