Six pays invités à rejoindre le groupe des BRICS
L’Arabie saoudite, l’Argentine, l’Égypte, les Émirats arabes unis, l’Éthiopie et l’Iran ont été invités ce jeudi (24 août) à rejoindre le groupe des pays en développement des BRICS, qui cherche à accroître son influence mondiale en procédant à son premier élargissement depuis plus d’une décennie.
« L’adhésion prendra effet à compter du 1er janvier 2024 », a déclaré le président sud-africain Cyril Ramaphosa jeudi, alors qu’il clôturait le sommet annuel de trois jours des BRICS à Johannesburg.
Le groupe comprend actuellement le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud, dont les économies représentent un quart du produit intérieur brut mondial.
« Nous apprécions l’intérêt d’autres pays à construire un partenariat avec les BRICS », a déclaré M. Ramaphosa. « Nous avons chargé nos ministres des Affaires étrangères de développer davantage le modèle de pays partenaires des BRICS, [de dresser] une liste de pays partenaires potentiels et d’en faire rapport d’ici le prochain sommet », a-t-il poursuivi.
Cet élargissement intervient à un moment où deux des plus grands pays des BRICS, la Russie et la Chine, sont en proie à des tensions croissantes avec l’Occident.
Dans un message vidéo, le président russe Vladimir Poutine a félicité les nouveaux membres, précisant que l’influence mondiale du groupe continuerait de croître.
Vladimir Poutine n’a pas assisté en personne à la réunion, car il risque d’être arrêté en vertu d’un acte d’accusation pour crimes de guerre émis par la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye à la suite de l’invasion de l’Ukraine.
« Je voudrais assurer à tous nos collègues que nous poursuivrons les travaux que nous avons entamés aujourd’hui pour accroître l’influence des BRICS dans le monde », a déclaré le président russe.
« J’entends [par là] la mise en place de travaux pratiques avec les nouveaux membres et avec ceux qui travailleront dans le cadre des BRICS avec nos partenaires et qui souhaiteraient travailler avec nous », a-t-il poursuivi.
L’élargissement du bloc a déjà soulevé la possibilité d’une dédollarisation, c’est-à-dire d’un passage progressif à l’utilisation de monnaies autres que le dollar américain pour les échanges commerciaux.
À ce sujet, M. Poutine a déclaré qu’une monnaie commune pour les pays des BRICS constituait un « sujet difficile », mais il a ajouté que le groupe « s’efforcerait de résoudre ces problèmes ».
Le président chinois Xi Jinping a pour sa part qualifié l’élargissement du bloc d’« historique », reflétant la détermination du groupe à « s’unir et à coopérer avec les pays en développement ».
L’adhésion de ces nouveaux membres « donnera un nouvel élan au mécanisme de coopération des BRICS et renforcera davantage le pouvoir de la paix et du développement dans le monde », a déclaré le président chinois.
Le Premier ministre indien, Narendra Modi, a également salué l’élargissement, réitérant la position de New Delhi selon laquelle les nouveaux membres renforceraient le bloc.
Cet élargissement place l’Arabie saoudite, premier exportateur mondial de pétrole brut, dans le même camp économique que la Chine, premier importateur mondial de pétrole.
La Russie et l’Arabie saoudite sont toutes deux membres de l’OPEP+, une alliance de grands producteurs de pétrole, et coordonnent souvent leur production de pétrole, ce qui, par le passé, a mis Riyad en porte-à-faux avec son principal allié occidental, les États-Unis.
En outre, les relations entre certains des nouveaux membres, comme l’Arabie saoudite et l’Iran, réduisent les chances que le groupe adopte des positions cohérentes en ce qui concerne la représentation du Moyen-Orient et de l’Afrique.
Des experts économiques ont prévenu que l’adhésion de pays ouvertement antagonistes à l’égard de l’Occident, tels que l’Iran, risquait de faire évoluer le groupe vers un bloc anti-occidental.
« D’un point de vue économique, peu de pays candidats à l’adhésion sont particulièrement importants », a expliqué à Bloomberg en début de semaine Jim O’Neill, ancien économiste chez Goldman Sachs, qui a inventé le terme BRICS.
Les cinq membres actuels ayant déjà « éprouvé suffisamment de difficultés à se mettre d’accord entre eux », a déclaré M. O’Neill.
« Au-delà de la symbolique extrêmement puissante, je ne vois pas très bien ce que la présence d’un plus grand nombre de pays va apporter », a-t-il conclu.
[Édité par Anne-Sophie Gayet]