Qui est Claude Sinké, le tireur de la mosquée de Bayonne
BAYONNE - On en sait un peu plus sur le tireur de la mosquée de Bayonne. Ce lundi 28 octobre, un individu a ouvert le feu sur deux hommes âgés de 74 et 78 ans alors qu’il venait d’être surpris en train de mettre le feu à la porte de la mosquée de la ville. Les deux victimes, gravement blessées, ont été transportées à l’hôpital et le tireur a été interpellé peu après. Il s’agit de Claude Sinké, 84 ans, ancien candidat du Front national en 2015.
Claude Sinké a reconnu en garde à vue être l’auteur des tirs, a annoncé à l’AFP une source proche de l’enquête.Une équipe de déminage s’est rendue à son domicile, à Saint-Martin-de-Seignanx, une commune de 5000 habitants à 16 km de Bayonne, dans le département voisin des Landes.Selon la préfecture l’homme est détenteur de trois armes de catégorie B, qu’il avait déclarées.
Un homme “violent” et colériqueEn 2015, l’homme avait été candidat du Front national (aujourd’hui RN) aux élections départementales du canton de Seignanx, selon les listes officielles.Il avait obtenu 17% des voix.
“Nous n’avions plus de contact avec (le suspect) depuis des mois.Et avant, dans les réunions, il était mis dehors par nos DPS”, les services d’ordre du parti, a souligné un responsable du RN interrogé par l’AFP. “Le RN condamne avec la plus grande fermeté cet acte criminel”, a-t-il poursuivi.
Marine Le Pen a dénoncé pour sa partun “attentat”, un “acte inqualifiable absolument contraire à toutes les valeurs portées par notre mouvement”.
Auprès de Sud Ouest, Lionel Causse, député de la deuxième circonscription des Landes et ancien maire de Saint-Martin-de-Seignanx, entre 2014 et 2017, a témoigné: “Je connais bien la personne qui est suspectée d’avoir commis ces faits. Dernièrement, on n’entendait plus vraiment parler de lui, je pensais même qu’il avait déménagé. Par le passé, j’avais interdit l’accès de Claude Sinké à la mairie car il venait tout le temps me voir et se révélait violent verbalement avec moi et le personnel de la mairie.Il a déjà fait parler de lui aussi en tenant des propos xénophobes et homophobes”.
Témoignage @A2PRL - "Quelqu'un d’agressif, xénophobe et qui avait des sautes d'humeur. Il avait des thèses très racistes", confie le député @DeputeCausse, joint par téléphone. Il était l'un des adversaires de Claude S. pendant les élections départementales en 2015 dans les Landes
— Boris Kharlamoff (@BorisKharlamoff) October 28, 2019
Il y a quelques jours encore, Claude Sinké laissait libre cours à une de ses colères: il avait adressé un courrier rageur à l’ordre des avocats de Bayonne, adressé au procureur de Dax (dont dépend Saint-Martin-de-Seignanx). “Ce monsieur voulait porter plainte contre le président Macron, c’était assez confus, il y avait plein de motifs”, dont “non application des droits de l’homme”, a expliqué à l’AFP le bâtonnier de Bayonne, Me Teddy Vermote.
La lecture du courrier “laissait penser à quelque chose de pas très équilibré. On n’a pas perçu de menace, et sans ces faits-là (l’attaque de Bayonne), ce genre de courrier, c’est complètement anecdotique”, a souligné l’avocat.
Vendredi, l’auteur des coups de feu à la mosquée de Bayonne avait adressé une lettre rageuse à l’attention du bâtonnier de Bayonne dans laquelle il annonçait sa volonté de porter plainte contre… Macron. Il avait aussi envoyé une copie à «Sud Ouest».https://t.co/vSy790g4Udpic.twitter.com/mObr9tqks9
— David Perrotin (@davidperrotin) October 28, 2019
L’homme, actif sur les réseaux sociaux, n’a jamais caché ses prises de position xénophobes. Un reporter de Télérama a repéré sur Facebook un message de Claude Sinké qu’il avait écrit en 2014 dans un groupe de fans d’Eric Zemmour.
L’auteur présumé de l’attaque de la mosquée de Bayonne est bien connu des habitants du coin : Claude Sinké est auteur, sculpteur, président des Amis des arts Bayonnais et fut candidat FN aux municipales de 2015. En 2014, il écrivait ceci dans un groupe FB de fans de Zemmour. pic.twitter.com/rysAO0FjT8
— Romain Jeanticou (@romainjeanticou) October 28, 2019
Claude Sinké est aussi connu du monde associatif de Bayonne puisqu’il est toujours, entre autres, président de l’association des Amis des arts bayonnais.
En mars 2014, le journal @sudouest lui consacré un article à l'occasion d'une séance de dédicace de son roman @A2PRLpic.twitter.com/lITCpuwWZ6
— Boris Kharlamoff (@BorisKharlamoff) October 28, 2019
Ancien militaire, sculpteur à ses heures, il habitait àSaint-Martin-de-Seignanx depuis de nombreuses années. Il y était connu et certains conviennent qu’il était à tout le moins “atypique”, voire “donnait l’apparence de quelqu’un psychologiquement perturbé”.
“C’est quelqu’un qui avait des obsessions”, explique à l’AFP Francis Giraudie, 1er adjoint de la commune. “Il considérait qu’il n’était pas écouté. Il venait parfois à la mairie, ou appelait, pour se plaindre de diverses choses”. “Une fois, il avait agressé verbalement la maire, j’ai dû intervenir pour le calmer”, souvient Bertrand Lagarde, un autre élu.
“Moi ça ne m’étonne pas”, assurait une voisine qui ne souhaite pas donner son nom, “c’est quelqu’un qui avait des armes chez lui, il les montrait même aux gens. Ca fait plusieurs années qu’il perd la tête”. “Il a pété un plomb”, revenait dans la bouche de plus d’un.
Une voisine qui l’avait connu à Anglet, près de Bayonne, disait lui connaître un fils, qu’il voyait peu, et un petit-fils qui en revanche venait le voir. “Il avait l’air d’un monsieur très seul”, résume un couple, évacué du lotissement arboré où habitait le suspect. “Faire ça à son âge... D’autant qu’il marche mal, je l’ai déjà vu avec une canne. Et il voit mal”.
Auteur d’un livre sur “la Franceà cœur ouvert”Claude Sinké a écrit il y a cinq ans un livre sur “La France à cœur ouvert ou la misère humaine”, où il expliquait “traiter des rapports entre les dominants et les dominés”.
“C’est quelqu’un qui pouvait être sympathique si vous parliez art avec lui. Mais il ne fallait jamais parler politique, ça finissait toujours par des mots un peu hauts, mais ça n’allait jamais plus loin (...) il était fui pour ses excès verbaux”, se souvient Mike Bresson, un autre adjoint de Saint-Martin. En résumé, “il n’aimait pas les gens de gauche, du centre, et peu ceux de droite”.
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